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Sénat de Belgique

Annales

JEUDI 7 MARS 2013 - SÉANCE DE L'APRÈS-MIDI

(Suite)

Question orale de Mme Helga Stevens à la ministre de la Justice sur «la politique défaillante en matière de médecine légale» (no 5-884)

Question orale de M. Jacques Brotchi à la ministre de la Justice sur «la médecine légale» (no 5-889)

M. le président. - Je vous propose de joindre ces questions orales. (Assentiment)

Mevrouw Helga Stevens (N-VA). - Niet enkel in de forensische psychiatrie schiet de overheid tekort, ook in de forensische geneeskunde is de situatie ronduit dramatisch.

Op woensdag 6 maart 2013 verscheen er in de media een schokkend bericht over het falend beleid. De wetsdokters slaan alarm. Universiteiten moeten bijspringen om de kosten te betalen in plaats van Justitie, dat dan nog eens drie jaar wacht om terug te betalen, zonder verwijlinteresten. De dienst Gerechtskosten van Justitie beknibbelt daarenboven systematisch op het aantal gepresteerde uren, de kilometervergoeding, de nachtvergoeding enzovoort. De toestand is zo erg dat de wetsdokters onomwonden over een volledige uitroeiing van hun beroep spreken. Met nog amper een twintigtal actieve wetsdokters in België en een verwachte halvering door pensionering de komende vijf tot tien jaar dreigt een snelle leegloop, vooral als ook jong afgestudeerde specialisten ontmoedigd raken en afhaken, zoals nu gebeurt.

Het college van procureurs-generaal wees in een brief aan Justitie op de zeer problematische toestand, maar blijkbaar viel deze boodschap in dovemansoren. De problemen werden immers niet aangepakt, integendeel. België dreigt een crimineel paradijs te worden. Het aantal gerechtelijke autopsieën ligt in België bedroevend laag: maximaal één procent, tegenover vijftien procent in Engeland vijftien procent en zelfs zeventien procent in Finland. Het aantal ontdekte dodingen ligt in Finland dubbel zo hoog als in België. Hoe meer autopsieën worden uitgevoerd, hoe meer dodingen worden ontdekt. Justitie beveelt echter aan om minder deskundigen aan te stellen. Ook in verkrachtingsdossiers wordt bespaard. Ik kan me alleen samen met de klokkenluiders afvragen waar we in godsnaam mee bezig zijn. Wil de overheid nog wel forensische geneeskunde?

Wat zal de minister doen om op korte en op lange termijn de dramatische situatie aan te pakken? Wordt er in een budget voorzien? Zo ja, hoeveel zal dat budget bedragen? Zo neen, waarom niet?

M. Jacques Brotchi (MR). - Selon certains experts, un meurtre sur deux ne serait jamais découvert en Belgique. Cela signifie que dans notre pays, 150 meurtres par an passeraient complètement inaperçus.

Permettez-moi à ce sujet de reprendre les propos de mon collègue, Wim Van de Voorde, professeur de médecine légale à la KU Leuven et vice-président néerlandophone de la Société royale belge de médecine légale. Il déclare, à l'instar d'autres, qu'à cause d'une gestion calamiteuse du secteur de la médecine légale, plusieurs dizaines de corps sont enterrés ou incinérés chaque année sans qu'on n'ait réussi à déterminer s'il s'agissait ou non de meurtres. Ce collègue, qui a sa propre unité de police scientifique à Leuven, tire franchement la sonnette d'alarme : l'université prend la moitié des coûts de fonctionnement de son unité à sa charge. L'université sponsorise donc, de facto, la Justice. La facture s'élève à plusieurs millions d'euros par an. Or, si l'on connaît bien le problème du coût des expertises judiciaires, on ne sera pas étonné d'apprendre que l'État met parfois trois ans à régler ses factures, et ce, sans payer d'indemnités de retard, sans compter que le département des frais de justice chicane systématiquement sur le nombre d'heures prestées, les kilomètres parcourus par le personnel médico-légal, les indemnités liées aux horaires de nuit, etc.

La situation est à ce point déplorable que les médecins légistes redoutent une probable disparition de leur métier.

Au mois de janvier, il en a été largement question lors d'un symposium organisé à l'Académie royale de médecine par la Société belge de médecine légale. Notre pays compte à peine une vingtaine de médecins légistes actifs. Une moitié d'entre eux partira à la pension d'ici dix à vingt ans. Sans oublier la jeune génération qui, ne voyant pas son avenir sous les meilleurs auspices, se décourage et jette l'éponge. Il y a donc urgence à revaloriser la médecine légale.

Madame la ministre, vous ne pouvez ignorer le problème plus longtemps. Même le collège des procureurs généraux vous a adressé une lettre, le 5 décembre dernier, pour signaler l'ampleur du désastre.

Le professeur Wim Van de Voorde est clair : « Il ressort des études qu'un meurtre sur deux ne serait jamais découvert. Cela est dû au fait que l'on n'ordonne pratiquement jamais d'autopsie en Belgique, à peine sur un pour cent des morts. Or ce n'est qu'en pratiquant davantage d'autopsies que l'on peut se permettre d'éclaircir les causes de la mort ». Que fait cependant la Justice ? Elle décourage le recours aux experts médico-légaux. Même dans les dossiers de viols, le mot d'ordre est « économies ».

Madame la ministre, vous connaissez mon intérêt et ma préoccupation pour cette question. J'ai d'ailleurs déposé de longue date une proposition de loi en la matière. Au vu de l'état catastrophique de notre médecine légale, quelle en est votre approche et quelles sont vos solutions pour remédier à cette situation ?

Dans un État de droit comme le nôtre, il est pour nous inadmissible qu'autant de meurtres restent impunis. Il faut réagir ! Je compte sur vous, madame la ministre.

Mevrouw Annemie Turtelboom, minister van Justitie. - Dat er een tekort dreigt aan wetsdokters die gerechtelijke opdrachten wensen te aanvaarden, is mij uiteraard bekend. Wetsartsen spelen een cruciale rol in de behandeling van moordzaken. Ze leveren op het gebied van bewijsgaring en waarheidsvinding buitengewone bijdragen in de oplossing van vele zaken die de maatschappij en ons allemaal beroeren.

Wetenschappelijke bevindingen spelen vaak een cruciale rol. Het belang van materiële bewijsvoering wordt onderstreept in meerdere omzendbrieven van het College van procureurs-generaal en blijkt eveneens uit het Nationaal Veiligheidsplan. Ook op internationaal vlak is er sprake van een duidelijke ontwikkeling naar uitwisseling van forensische informatie en uniformering van bewijsgaring, bijvoorbeeld met het Verdrag van Prüm.

La problématique des médecins légistes s'inscrit dans un débat plus vaste sur la gestion des frais de justice, débat qui est en cours. Ces frais ont considérablement augmenté ces dernières années. En 2000, ils s'élevaient à 47 millions d'euros. En 2011, ils atteignaient 110 millions d'euros.

Mon département étudie les possibilités de mieux maîtriser les frais de justice à l'avenir. Cet examen n'est pas mené à la légère. Nous nous appuyons sur une foule d'études intéressantes et sur de nombreuses analyses pertinentes. Nous travaillons en équipe pluridisciplinaire sur tous les aspects de la question : la réglementation, la procédure, le monitoring, les technologies de l'information, la formation, etc.

Dans le même temps, la réforme de la justice a officiellement pris son envol. Les axes de cette réforme sont davantage d'autonomie pour chaque juridiction et une affectation raisonnée des ressources disponibles. Cette réforme implique le développement d'un nouveau système de gestion et de contrôle des frais de justice. Il devra être plus moderne, plus efficace et, surtout, plus concret.

Onlangs heb ik een aantal personen ontvangen die bezig zijn met de forensische geneeskunde en die voorstellen doen om het statuut en de opleiding te verbeteren, zodat we op termijn een kwalitatieve versterking krijgen van iedereen die met forensische geneeskunde bezig is. We zijn immers allen overtuigd van de cruciale rol van de forensische geneeskunde voor Justitie en voor de behandeling van bepaalde zaken.

Die discussie is volop bezig, ook op het niveau van mijn beleidscel. We hopen daar de komende weken en maanden vooruitgang in te boeken.

Mevrouw Helga Stevens (N-VA). - Het antwoord van de minister voldoet mij niet. Ik hoorde geen concrete engagementen. Wel heb ik begrepen dat zij de problematiek aan het bestuderen is. Binnen enkele weken, maanden of jaren, zoals in zoveel andere dossiers, komt er resultaat. Ik vrees dat ik daarover pas in 2015 iets zal vernemen.

Het is nu al vijf over twaalf. Er zijn immers amper twintig wetsdokters en een deel ervan gaat binnen vijf of tien jaar met pensioen. Als men die expertise wil behouden, dan moet er nu gehandeld worden en geld worden vrijgemaakt. Iedereen weet dat het statuut moet worden verbeterd, dat er IT nodig is, dat er een betere opleiding nodig is.

Doe er iets aan en doe het nu.

M. Jacques Brotchi (MR). - Madame la ministre, je reste, moi aussi, un peu sur ma faim. Je prends bonne note du fait que vous avez établi des contacts et que la situation des médecins légistes ne vous est pas inconnue. Mais vous devez être bien consciente qu'à l'heure actuelle - et ce n'est pas nouveau, je le dénonce depuis longtemps déjà -, nous vivons une situation inacceptable. La police fait appel pour constater un décès à des médecins qui n'ont pas reçu la formation adéquate pour déterminer s'il s'agit d'une mort naturelle ou pas. Par conséquent, un certain nombre de morts par suite de violences nous échappent.

Quand le dossier vient sur la table de la Justice et qu'elle se rend compte a posteriori qu'il y a un problème, que faut-il faire ? Quand le corps a été enterré, il faut l'exhumer, exhumation qui coûte plus cher que les frais de médecin légiste. Mais quand le corps a été incinéré, ce qui est de plus en plus fréquent, je vous souhaite bonne chance pour trouver une piste !

Je voudrais aussi porter un autre point important à votre connaissance.

Le professeur Van de Voorde, chef du service de médecine légale de la Katholieke Universiteit Leuven, déclare que le nombre de cas à traiter ne cesse de croître et que, par exemple, pour 75% des échantillons contenant des traces de sperme utilisables, on n'effectue pas d'analyses ADN.

La situation est déplorable et je souhaiterais vraiment que nous ne soyons pas en ligne de mire. Savoir qu'en Belgique, un meurtre sur deux ne serait pas découvert m'interpelle, me tracasse et m'angoisse.