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Belgische Senaat

Handelingen

DONDERDAG 6 MAART 2008 - NAMIDDAGVERGADERING

(Vervolg)

Mondelinge vraag van de heer Josy Dubié aan de minister van Buitenlandse Zaken over «de toenemende militaire spanning tussen Colombia en de buurlanden» (nr. 4-188)

Mondelinge vraag van mevrouw Marie-Hélène Crombé-Berton aan de minister van Buitenlandse Zaken over «de situatie aan de grens van Colombia met Ecuador en de gevolgen hiervan voor het lot van Ingrid Betancourt» (nr. 4-176)

De voorzitter. - Ik stel voor deze mondelinge vragen samen te voegen. (Instemming)

M. Josy Dubié (Ecolo). - L'intervention militaire de forces colombiennes, samedi dernier, en territoire équatorien et la mort du numéro deux des FARC entraînent une montée inquiétante de la tension aux frontières de la Colombie. On observe des mouvements de troupes en sens divers, des Colombiens vers la frontière vénézuélienne, des Vénézuéliens vers la frontière colombienne. Apparemment, les Équatoriens mobilisent aussi leurs forces spéciales.

L'Équateur dénonce la violation de son intégrité territoriale et le Venezuela mobilise des troupes envoyées à la frontière.

La mort de Raul Reyes, le numéro deux des FARC et le principal interlocuteur dans les négociations visant à la libération des otages aux mains de l'organisation rebelle, représente un coup dur pour ceux qui tentent de faire libérer ces derniers.

J'ai appris récemment que le ministère français des Affaires étrangères avait confirmé que des pourparlers étaient en cours avec M. Reyes dans le cadre d'une libération éventuelle et apparemment imminente de quelques otages, y compris Mme Betancourt.

Comment analysez-vous la situation dans cette région du monde ? Quelles mesures comptez-vous éventuellement prendre pour contribuer à une diminution de la tension dans la région et relancer les négociations en vue de la libération des otages ? L'Europe pourrait-elle être appelée à jouer les médiateurs dans ce conflit ?

Mme Marie Hélène Crombé-Berton (MR). - La situation militaire à la frontière entre la Colombie et l'Équateur est inquiétante. Les gesticulations militaires du président colombien Uribe et sa lutte acharnée contre les FARC pourraient saboter les tentatives menées pour obtenir la libération des otages colombiens détenus par les FARC, dont Ingrid Betancourt.

Quelles sont les conséquences de la mort de Raul Reyes ? Ne pensez-vous pas que sa disparition va ralentir la dynamique qui a conduit à la libération unilatérale de plusieurs otages ? Quel est désormais l'interlocuteur privilégié qui permette de dialoguer avec les FARC ?

Sur le plan juridique, les FARC figurent sur la liste de l'Union européenne reprenant les organisations terroristes. Ces contacts ne sont-ils pas interdits ? Ne faut-il pas voir dans ce cas de figure une remise en cause de la pertinence des principes qui régissent ce système ?

Cette situation ne montre-t-elle pas à quel point il est urgent de trouver une solution négociée passant nécessairement par le règlement de la douloureuse question des otages détenus par les FARC ?

Les principaux acteurs de ce dossier - je pense notamment à la France et aux États-Unis - ne doivent-ils pas mieux concerter leurs efforts pour obtenir des résultats probants et rapides ?

La Belgique soutient-elle l'initiative visant à créer un groupe de contact entre les pays les plus concernés par ce dossier - groupe auquel pourrait s'associer l'Organisation des États américains - afin d'exercer une pression continue et décisive sur les acteurs colombiens ?

Dans ce climat, comment analysez-vous les opportunités d'une réconciliation nationale en Colombie ? Le président Uribe a-t-il encore une quelconque crédibilité pour mener à bien ce dialogue et cette réconciliation ?

M. Karel De Gucht, ministre des Affaires étrangères. - Les tensions existant entre la Colombie et l'Équateur constituent une menace pour la stabilité régionale. Elles justifient de ce fait la mobilisation de la communauté internationale, en premier lieu des pays latino-américains.

La priorité doit cependant être donnée à l'apaisement. La Belgique est favorable à l'idée de demander aux pays de la région de faire preuve de retenue et de les inciter au dialogue, à l'esprit de coopération et au respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale.

Les récents développements ont montré que l'absence de règlement de la question des otages est une des causes de la tension actuelle et de la déstabilisation de la Colombie et de toute la région. La Belgique soutiendra toute initiative visant à instaurer des mesures de confiance favorisant l'engagement d'un processus de règlement politique. L'organisation des États américains a déjà été saisie de la question et plusieurs pays - le Brésil, le Mexique, l'Argentine et le Chili - ont déjà proposé de jouer un rôle de médiateur. La Belgique appuie ces démarches.

Les FARC qui détiennent encore environ 750 otages, dont 40 politiques, figurent effectivement sur la liste des organisations terroristes de l'Union européenne. C'est à elle seule qu'il appartient d'en remettre en cause les principes. Si la désignation d'un interlocuteur parmi les preneurs d'otages s'avère nécessaire, il ne m'appartient nullement d'intervenir à ce niveau.

Je tiens également à rappeler que le président colombien Uribe a été élu à deux reprises à la tête de son pays lors d'élections qui se sont déroulées conformément aux principes démocratiques et qui n'ont fait l'objet d'aucune contestation. Il bénéficie donc, à ce titre, de toute sa légitimité.

M. Josy Dubié (Ecolo). - Vous avez raison de souligner que le président Uribe a été élu deux fois démocratiquement. Le problème, c'est que la violation de la frontière d'un pays souverain proche de la Colombie a des répercussions sur la sécurité de la région, mais aussi sur le sort des otages.

Je répète ce que j'ai lu, à savoir que le ministère des Affaires étrangères français a affirmé qu'il était en contact avec Raul Reyes en vue d'obtenir la prochaine libération d'une série d'otages, dont Mme Betancourt.

Tous les pays, dont les États-Unis, ont condamné cette violation de la frontière d'un pays voisin. Je voulais savoir de quel côté se place notre pays. La Belgique condamne-t-elle cette intrusion dans un pays voisin ou considère-t-elle qu'il est tout à fait normal d'agir de la sorte ?

M. Karel De Gucht, ministre des Affaires étrangères. - Je condamne avant tout la politique et le comportement des FARC qui ne sont pas des libérateurs, mais bien des terroristes et des assassins.