Questions et Réponses

SÉNAT DE BELGIQUE


Bulletin 3-74

SESSION DE 2005-2006

Questions posées par les Sénateurs et réponses données par les Ministres (Art. 70 du règlement du Sénat)

(Fr.): Question posée en français - (N.): Question posée en néerlandais


Ministre de la Coopération au développement

Question nº 3-5548 de M. Destexhe du 27 juin 2006 (Fr.) :
Microbicides. — Recherche.

Ces dernières années, de plus en plus de femmes sont touchées par le VIH/SIDA.

Nombre de femmes ne peuvent pas toujours décider à quel moment, avec qui et avec quelle protection, le cas échéant, elles ont des rapports sexuels.

Cette impuissance en matière de décision se fait particulièrement sentir dans les pays en voie de développement où la prévalence du VIH est la plus forte et où l'épidémie est en augmentation rapide.

Ce dont les femmes ont le plus besoin par rapport au VIH/SIDA, c'est une technique de prévention dont elles aient la maîtrise.

Le microbicide idéal est donc une crème, un gel ou un suppositoire qui peut être inséré discrètement dans le vagin avant les rapports sexuels. Dans l'idéal, il tuerait ou inhiberait non seulement le VIH, mais aussi les agents responsables d'autres infections sexuellement transmissibles.

Le microbicide semble être prometteur dans le cadre de la lutte contre le SIDA.

On constate toutefois que la recherche sur ce thème au plan international n'est pas suffisante.

Pouvez-vous me dire si la Belgique finance des projets de recherche sur les microbicides ? Pour quel montant ?

Pouvez-vous me dire quels sont les projets du gouvernement en la matière ?

Comptez-vous soutenir les projets sur les « new preventive technologies  »?

Réponse : L'importance de la prévention dans la lutte contre le VIH/SIDA est essentielle. C'est la raison pour laquelle la coopération au développement attache une importance particulière au développement de nouvelles méthodes.

Dans le domaine bio-médical, les vaccins et les microbicides font l'objet de recherches qui n'ont malheureusement pas encore abouti. Selon les informations recueillies auprès des experts scientifiques mais aussi auprès du partenariat privé/public IAVI (International Aids Vaccine Initiative), il est peu probable, compte-tenu de la complexité du virus, qu'un vaccin soit disponible dans les prochaines années.

La question est tout autre en ce qui concerne les microbicides puisque, après des années de recherches et d'échecs, il semble que la communauté scientifique soit assez confiante de pouvoir développer un microbicide dont l'efficacité serait prouvée d'ici 5 à 6 ans.

Comme vous le savez, la Belgique s'est associée, dès le départ, aux recherches menées par l'Institut de médecine tropicale d'Anvers (ITG) dans le domaine des microbicides. De 1996 à 1998, nous avons soutenu un vaste projet multi-pays de recherche en faveur de la mise au point d'un microbicide, et ceci, par une contribution volontaire à l'ONUSIDA de 750 000 euros par an. En 2002, nous avons accordé une enveloppe de plus de 3,7 millions d'euros à l'ITG pour développer son programme d'appui à la recherche concernant le VIH/SIDA en Afrique dont évidemment une partie a été consacrée aux tests cliniques d'un ou de plusieurs microbicides. Ces tests cliniques n'ont malheureusement pas abouti.

Les informations scientifiques actuelles semblent indiquer que de nouveaux espoirs de développement d'un microbicide sont réels.

C'est dans cette perspective de progrès que j'ai décidé de reprendre notre soutien financier par le biais du partenariat international pour les microbicides (International Partnership for Microbicides ou IPM). Fondé en 2002, l'IPM est un partenariat privé/public sans but lucratif pour le développement de microbicides. L'IPM dispose d'un bureau à Bruxelles depuis 2004. L'IPM a pour mission d'accélérer le développement de microbicides sûrs, efficaces, accessibles et abordables destinés aux femmes des pays en développement afin de prévenir la transmission du VIH. L'IPM est dirigé par un conseil d'administration international composé d'éminents experts des secteurs publics et privés et financé par plusieurs gouvernements (Canada, Danemark, États-Unis, Irlande, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni ainsi que la Commission européenne), la Banque mondiale, le Fonds des Nations unies pour la population (UNPFA) et la Fondation Rockefeller.

Dans le cadre de la préparation du budget de 2007, j'ai inscrit un crédit d'un million d'euros à l'IPM, par le biais de l'UNPFA.

Par ailleurs, nous poursuivons des discussions avec la Banque mondiale en vue de financer des programmes d'adaptation des systèmes de santé publique à ce nouveau mode de prévention.

La décision de soutenir les activités de l'IPM a été prise compte tenu des chances réelles de voir les tests cliniques aboutir assez rapidement (avec une efficacité espérée de 60 %), compte tenu de la charte éthique qui encadre les tests cliniques effectués par IPM et ses partenaires en Afrique, charte éthique qui implique la prise en charge complète des femmes testées, notamment par le biais d'une information et de consultations avec les communautés locales, de tests de dépistage des infections sexuellement transmissibles, de la distribution de préservatifs, de dépistages gratuits du traitement et des soins des femmes atteintes et de leur famille.