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Question écrite n° 6-1223

de Philippe Mahoux (PS) du 22 décembre 2016

à la ministre des Affaires sociales et de la Santé publique

Maladie de Lyme - Prévention - Détection - Test fiable - Plan d'action national - Mise en œuvre - Collaboration avec les entités fédérées - Maladie professionnelle - Reconnaissance

prévention des maladies
maladie infectieuse
maladie professionnelle

Chronologie

22/12/2016Envoi question (Fin du délai de réponse: 26/1/2017)
1/2/2017Rappel
15/2/2017Réponse

Question n° 6-1223 du 22 décembre 2016 : (Question posée en français)

En France, un plan national a été lancé en septembre 2016 par rapport à une maladie transmise par les tiques : la maladie de Lyme. Certains parlent d'un réel scandale sanitaire français autour de cette maladie en dénonçant des tests déficients, une maladie sous-estimée et également un silence des autorités.

Selon l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), les activités en forêt et en plein air multiplieraient considérablement les risques. On pense évidemment aux promeneurs mais également aux travailleurs exerçant dans diverses activités en forêt.

Si officiellement la maladie est décelée par le test Elisa (enzyme-linked immunosorbent assay, méthode immuno-enzymatique), elle se soignerait vite et bien par antibiotiques.

De plus en plus de médecins et associations de malades remettent cependant en cause cette thérapie et estiment que les antibiotiques ne suffisent pas toujours à éradiquer la maladie.

Celle-ci pourrait en effet ne se déclarer que des années après la piqûre à la faveur d'une baisse des défenses immunitaires, et devenir chronique.

En outre, le Haut conseil pour la santé publique (HCSP) aurait émis des doutes sur le test ELISA pratiqué. Il aurait recommandé que celui-ci soit amélioré car, en plus de la borrélie – responsable de la maladie de Lyme –, il existe une vingtaine d'autres espèces de borrelia.

Le test Elisa n'en détecterait que trois, avec de plus une proportion élevée de cas où ce test reste négatif malgré la maladie. Existe-t-il d'autres tests, qui permettraient de déceler cette maladie de manière fiable à 100 % ?

Outre la complexité du diagnostic et du traitement, le volet prévention des maladies vectorielles à tiques en général, et de la maladie de Lyme en particulier, représente une priorité sanitaire.

Ce dossier est transversal et je souhaiterais savoir s'il a déjà été abordé, via notamment des collaborations avec les entités fédérées, je pense ici à la Conférence interministérielle de la Santé. Quel est l'état de cette question qui suscite la mise en place d'un plan d'action national en France ?

Qu'en est-il également de la reconnaissance de la maladie comme maladie professionnelle pour les secteurs d'activités concernés ?

Réponse reçue le 15 février 2017 :

1)

Les recommandations actuelles du EUCALB (European Concerted Action on Lyme Borreliosis) préconisent toujours l’utilisation de la sérologie (détection d’anticorps par ELISA et confirmation par Western Blot) comme premier choix pour le diagnostic de la maladie de Lyme. Puisque les anticorps peuvent persister des années dans le corps, leur présence ne signifie pas nécessairement que la personne souffre d’une infection aiguë, d’où la difficulté de l’interprétation du résultat en absence de symptômes typiques de la maladie. De façon générale, la méthode de diagnostic la plus sûre est de montrer directement la présence du pathogène (et non des anticorps). Pour la maladie de Lyme, ces techniques (examen direct, PCR, histologie) sont toutefois peu sensibles (résultats faux négatifs) à cause de la charge faible des bactéries dans les tissus et dans les liquides. La PCR peut toutefois être une aide au diagnostic en cas de manifestations cutanées et articulaires de Lyme, même si la sensibilité du test est également inférieure à 100% (68 à 85%). Dans les atteintes neurologiques, la PCR a peu de place (sensibilité entre 10 et 50%) et elle n’est pas recommandée pour des analyses sur le sérum/sang.  L’utilisation du marqueur immunologique CXL13 peut apporter une aide au diagnostic d’une neuroborréliose précoce, mais ce marqueur n’est pas spécifique pour la maladie de Lyme.

Actuellement, aucun test ne permet donc de confirmer ou infirmer le diagnostic de la maladie de Lyme avec 100% de fiabilité. Le diagnostic se base sur l’anamnèse, les signes cliniques et sur base des tests disponibles (délai de plus de 4 à 6 semaines après une morsure de tique pour la sérologie). Ceci est le cas pour d’autres maladies infectieuses.

Il faut noter que beaucoup de problèmes rapportés par rapport aux tests sérologiques sont le résultat de leur mauvaise utilisation, comme notamment un test effectué trop tôt après une morsure de tique (avant l’apparition des anticorps dans le sang), une prise de sang réalisée après un traitement avec antibiotiques (qui peuvent perturber le développement d’anticorps) ou encore une prescription du test en présence de signes aspécifiques (fatigue, douleurs musculaires, troubles de concentration, etc.) et donc difficilement interprétable.

Le Centre National de Référence Borrelia (UCL) précise également qu’aujourd’hui, on en est à la quatrième génération de tests, qui sont beaucoup plus sensibles et spécifiques que les premiers tests mis sur le marché, que les laboratoires sont tenus de participer à des contrôles de qualité externe pour évaluer la performance du kit utilisé et que les tests sérologiques utilisés en Belgique utilisent des antigènes des espèces de Borrelia burgdorferi s.l. pathogènes les plus fréquentes en Europe. D’autres bactéries pathogènes du complexe Borrelia ne sont effectivement pas détectées, notamment Borrelia miyamotoi. Cet espèce ne cause toutefois pas la maladie de Lyme (mais une fièvre récurrente), deux études en Belgique ont montré un taux d’infection des tiques faible d’environ 1% (Cochez et al., 2015 et Heylen et al., 2016) et pour cet espèce, le diagnostic peut être posé par d’autres techniques que la sérologie (PCR). Il existe beaucoup d’autres espèces de Borrelia, mais pour lesquels la pathogénicité n’a pas été démontrée.

Différentes équipes internationales continuent à réaliser des études pour mettre au point des nouvelles approches diagnostiques, mais celles-ci sont encore au stade de recherche.  

2) Le 24 mars 2016 la conférence interministerielle mixte envirronement et santé donne son accord pour des actions de sensibilisation & communication concernant la sensibilisation de la population et des professionnels de la santé. Les objectifs sont d’éviter les morsures, en cas de morsure enlever les tiques correctement aussi vite possible, et avoir une meilleure connaissance de la maladie de Lyme par les recommandations BAPCOC. En outre le CIMES prend des mesures la réduction des populations de tiques dans les jardins, crèches, écoles et zones récréatives. Une preimère étape 1 est l'évaluation scientifique de l’efficacité des méthodes ecofriendly alternatives aux acaricides.

Un groupe de travail interdisciplinaire au sein du NEHAP (National Environment and Health Action Plan) prépare un plan pour la prévention et le contrôle des maladies transmises par les tiques en Belgique.

3)  

La maladie de Lyme est une maladie professionnelle reconnue en Belgique, sur base de la documentation du diagnostic et d’un dossier bien élaboré. Selon l’arrêté royal du 4 août 1996 concernant la protection des travailleurs contre les risques liés à l'exposition à des agents biologiques au travail (Moniteur belge 1.10.1996), le pathogène Borrelia burgdorferi appartient au groupe de danger numéro 2, soit un agent qui peut provoquer une maladie chez l'homme et constituer un danger pour les travailleurs, pour lequel la propagation dans la collectivité est improbable et pour lequel il existe généralement une prophylaxie ou un traitement efficace.