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Question écrite n° 5-9778

de Elke Sleurs (N-VA) du 26 aôut 2013

à la vice-première ministre et ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, chargée de Beliris et des Institutions culturelles fédérales

Maladie de Lyme - Données chiffrées - Enregistrement et surveillance - Évaluation du système de surveillance actuel - Sensibilisation de la population et des médecins

maladie infectieuse
statistique de la santé
répartition géographique

Chronologie

26/8/2013Envoi question
28/2/2014Réponse

Question n° 5-9778 du 26 aôut 2013 : (Question posée en néerlandais)

La maladie de Lyme est une maladie dont le principal vecteur est la tique. Les symptômes sont très divers et vont de problèmes de peau et de syndromes grippaux jusqu'à des problèmes neurologiques et des plaintes chroniques. Il ressort de données chiffrées que les tiques qui sont porteuses de cette bactérie (spirochète) sont présentes dans tout le pays. Il y a également des zones spécifiques où abondent de nombreuses tiques porteuses de différents germes pathogènes.

Une chercheuse de l'UCL, Valérie Obsomer, a met en garde : il y a bien plus d'infections cet été que les données ne le rapportent actuellement. Elle estimait le nombre annuel de cas de contamination en Belgique à 15 000 et soulignait que le système actuel de surveillance est insuffisant.

J'aimerais une réponse aux questions que voici :

1) Pouvez-vous me donner le nombre de cas de contamination de la maladie de Lyme observés ces dix dernières années ?J'aimerais les données ventilées par année et par région.

2) Comment se font l'enregistrement et la surveillance de cette maladie actuellement ?

3) Que pensez-vous de l'actuel système de surveillance ? Pense-t-on à le modifier ? Si oui, selon quels plans ?

4) Quand et de quelle façon a-t-on sensibilisé à cette maladie la population et les médecins ?

Réponse reçue le 28 février 2014 :

1) En Belgique, la maladie de Lyme est suivie par deux systèmes de surveillance: le réseau des laboratoires sentinelles et le réseau des médecins sentinelles. Nous utilisons également d'autres sources telles que les diagnostics établis par le centre national de référence, les tests remboursés par l'Institut national d’assurance maladie-invalidité (INAMI) et le nombre de patients hospitalisés.

Sur base de ces différentes sources, nous pouvons suivre l'évolution de la maladie dans notre pays et l’interpréter. 

2)   Le diagnostic de la maladie de Lyme est principalement basé sur les symptômes cliniques, à savoir un signe cutané appelé érythème migrant. Dans le cas d’un tableau clinique évident, il n'est pas nécessaire de demander une sérologie pour initier un traitement antibiotique.

Pour capter cette information, il a été demandé aux médecins participant au réseau des médecins sentinelles du WIV-ISP, de recenser, pendant deux périodes, le nombre de patients se présentant avec une morsure de tiques ou un érythème migrant, de même décrire l’attitude thérapeutique adoptée pour leurs patients. Cette étude prospective a été menée au cours des années 2003-2004 et 2008-2009.

Sur base de ces chiffres, il peut être évalué qu’il y a eu en Belgique, en 2003-2004, entre 7360 à 9270 cas d’érythème migrant et, en 2008-2009, entre 8080 et 10.003 cas. L’analyse statistique confirme que la différence entre les deux périodes n’est statistiquement significative.

Quand une image clinique est douteuse ou en cas de forme sévère, il est recommandé d’effectuer un test de laboratoire. Depuis 1991, une quarantaine de laboratoires répartis sur tout le territoire, transmettent, chaque semaine, le nombre de résultat sérologique positif au WIV-ISP. Le réseau nous permet de suivre une tendance. Le nombre de cas positif s’élève à environ 1200 par an et est stable au cours des dernières années.

Nombre de cas de maladie de Lyme par région, 2002-2012

(Réseau des Laboratoires Vigies-WIV-ISP)

 

Bruxelles / Brussel

Flandre / Vlaanderen

Wallonie / Wallonië

Belgique / België

2002

28

841

333

1202

2003

29

813

239

1081

2004

56

1213

276

1545

2005

46

1272

324

1642

2006

66

962

373

1401

2007

28

675

322

1025

2008

90

1214

367

1671

2009

68

732

406

1206

2010

68

694

330

1092

2011

82

639

269

990

2012

72

686

423

1181

 

Ces chiffres ne représentent qu’une partie du nombre de cas de la maladie de Lyme mais la représentativité et la stabilité des réseaux permettent de suivre une tendance. S’il peut y avoir des variations d’une année à l’autre, il n’y a pas de recrudescence de la maladie.  

3) Nous recueillons des données sur les questions de santé afin de les évaluer et ainsi prendre des décisions pour protéger la population

La méthode utilisée pour réaliser cette tâche dépend de la problématique. Parfois, il est essentiel d’être exhaustif c.-à-d. de recenser tous les nouveaux cas confirmés en créant par exemple un registre. Parfois, les réseaux sentinelles sont la méthode la plus efficace. Par définition, un réseau sentinelle ne comptabilise pas tous les nouveaux cas et ce n'est pas nécessaire de le faire pour protéger la population. Nous savons que la maladie de Lyme est répandue dans notre pays et ce que nous voulons détecter, c’est un changement de tendance. Ceci est vrai pour de nombreuses maladies et, en particulier, pour les maladies à transmission vectorielle qui sont liées à l'écologie des tiques et elles-mêmes au changement de l'environnement.

Nous ne sous-estimons pas la maladie de Lyme, les systèmes de surveillance continuent à fonctionner. 

4) De différentes façons et en raison de l’impact de la mise en garde inappropriée de l’été 2013, j'ai demandé au WIV-ISP de faire un état scientifique de la situation afin de pouvoir retransmettre une information correcte au grand public et aux médecins.