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Question écrite n° 5-9550

de Karl Vanlouwe (N-VA) du 12 juillet 2013

au vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, du Commerce extérieur et des Affaires européennes

les réfugiés syriens en Jordanie

réfugié
Syrie
Jordanie
guerre civile

Chronologie

12/7/2013Envoi question
15/10/2013Réponse

Requalification de : demande d'explications 5-3664

Question n° 5-9550 du 12 juillet 2013 : (Question posée en néerlandais)

Sur les quelque 1.500.000 réfugiés syriens qui ont fui la guerre civile, on estime que 420.000 se trouvaient en Jordanie en mars 2013. Ce pays est ainsi le principal pays d'accueil de réfugiés syriens, devant la Turquie et le Liban. Mais la Jordanie est soumise à des tensions internes car l'accueil d'un si grand nombre de réfugiés coûte très cher et cause une pression sociale et sociétale considérable.

On estime que de 3000 à 4000 réfugiés franchissent chaque jour la frontière jordanienne. Les deux camps de réfugiés de Jordanie comptent près de 200.000 personnes, devenant ainsi la quatrième ville de Jordanie. Les camps sont sous pression en raison d'une pénurie de nourriture, d'un mauvais équipement et d'une criminalité croissante. Les 200.000 autres réfugiés se répartissent dans les villes jordaniennes où ils font grimper les loyers et le prix des denrées alimentaires et héritent des emplois les moins bien rémunérés.

Un montant de 1,6 milliard d'euros a été promis aux réfugiés lors de diverses conférences de donateurs mais, jusqu'à présent, 75 % seulement de cette somme ont réellement été transférés. Personne ne s'attend à ce que l'afflux de réfugiés ralentisse prochainement. Le gouvernement jordanien, qui n'est plus capable de faire face à l'afflux de réfugiés sans aide supplémentaire de la communauté internationale, tire maintenant la sonnette d'alarme.

Les questions que j'adresse au ministre sont les suivantes.

1) Quelles sont les frontières syriennes qui sont encore ouvertes pour permettre le départ de réfugiés ? Quels sont les pays de la région qui ferment leurs frontières ?

2) Partagez-vous les préoccupations du gouvernement jordanien sur les conséquences de la présence de 400.000 réfugiés sur son territoire ? Quelle est la situation dans les pays voisins ?

3) Quelle a déjà été la contribution de la Belgique pour faire face à cette crise de l'accueil des réfugiés ?

4) Comment cette crise est-elle traitée au niveau européen ? Lui donne-t-on un degré élevé de priorité ? Quel rôle le Service européen d’action extérieure (SEAE) joue-t-il ?

5) Comment évaluez-vous les conséquences humanitaires de la crise de l'accueil des réfugiés syriens sur les pays voisins, comme la Jordanie ? Quels sont les risques éventuels et comment faut-il aborder cette crise ?

Réponse reçue le 15 octobre 2013 :

En principe, toutes les frontières avec les pays avoisinants la Syrie sont ouvertes. Il est important de savoir que la plupart des réfugiés n’utilisent pas les frontières officielles. La frontière avec l’Irak ferme à des horaires irréguliers.

A ce moment, il y a près de 500 000 réfugiés syriens en Jordanie qui sont sous la protection de l’ United Nations High Commissioner for refugees (UNHCR) ou qui ont un rendez-vous en vue d’être enregistrés. Selon le gouvernement jordanien, il y en aurait 50 000 de plus. Je partage donc l’intense inquiétude du gouvernement jordanien concernant l’impact des réfugiés syriens en Jordanie et c’est pourquoi j’ai, à de nombreuses occasions, appelé à plus d’efforts. Une escalade du problème des réfugiés pourrait déstabiliser la situation dans les pays avoisinants, surtout en Jordanie et au Liban. Afin d’illustrer cela, le camp de réfugiés Za’Atri est devenu, avec ses 202 000 habitants, la quatrième plus grande ville de Jordanie. Lorsque j’ai visité ce camp en février, il n’y avait « que » 80 000 réfugiés. Il va de soi que cela représente une lourde charge pour le pays. Entre autres le système de soins jordanien atteint doucement sa limite concernant la capacité d’accueil. De plus, il y a également beaucoup de réfugiés qui ne sont pas accueillis dans les camps et dont la situation est souvent encore pire. Dans certaines régions, il y a un manque de facilités de logement et les loyers augmentent suite à l’arrivée massive de réfugiés. La population de réfugiés met également la pression en matière d’accès à l’eau.

II est évident que la situation humanitaire des réfugiés syriens est une priorité pour le service d’action extérieur européen. La situation en Syrie est abordée lors de chaque conseil Affaires étrangères. La Commission européenne a, de son côté, annoncé une augmentation du soutien humanitaire à la crise syrienne de 400 millions d’euros, portant la somme totale à 1,2 milliard d’euros, faisant de l’Union européenne le plus grand donateur. Une partie de ces donations va vers la Jordanie.

En 2012, la Belgique a libéré 2,5 millions d’euros, dont 500 000 pour la construction d’écoles dans les camps de réfugiés en Turquie. A la conférence des donateurs au Koweït (janvier 2013), la Belgique a annoncé qu’elle débloquait 6,5 millions d’euros supplémentaires pour la crise humanitaire en Syrie et dans les pays avoisinants : 1 million pour le WFP, 1 million pour l’UNHCR (camp Za ‘atari en Jordanie) et 4,5 millions d’euros pour le Emergency Response Fund de l’OCHA. Ces promesses ont toutes été tenues. Concernant les efforts supplémentaires, je vous renvoie au ministre Labille.