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Question écrite n° 5-8702

de Yoeri Vastersavendts (Open Vld) du 12 avril 2013

à la vice-première ministre et ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, chargée de Beliris et des Institutions culturelles fédérales

Drogue festive Gamma-hydroxybutyrate (GHB) - Consommation - Dangerosité - Analyse d'échantillons

Institut scientifique de la santé publique Louis Pasteur
stupéfiant
toxicomanie
statistique officielle

Chronologie

12/4/2013Envoi question
18/12/2013Rappel
5/2/2014Réponse

Question similaire aussi posée à : question écrite 5-7766

Question n° 5-8702 du 12 avril 2013 : (Question posée en néerlandais)

Je fais référence à ma précédente question écrite (n° 5-7766) et à la réponse de la ministre concernée qui me renvoie à vous pour les aspects relatifs à la santé publique. Le nombre de personnes admises aux services des urgences après avoir consommé la drogue festive GHB (Gamma-hydroxybutyrate) a augmenté de façon alarmante ces dernières années aux Pays-Bas. Selon l'institut néerlandais Stichting Consument en Veiligheid, le nombre d'hospitalisations a même quadruplé entre 2003 et 2008. L'année dernière, environ 980 consommateurs de GHB ont été admis à l'hôpital, toujours selon cet institut.

Le GHB est à l'origine un anesthésiant, mais, à faible dose, il peut également agir comme relaxant et comme stimulant sexuel. Une dose trop importante peut toutefois mettre le consommateur dans un état comateux. Le GHB est surtout utilisé comme drogue festive : aux Pays-Bas, on enregistre 65 % des admissions le week-end. De nombreuses personnes combinent le GHB à l'alcool ou à d'autres drogues.

Selon l'institut, la dépendance au GHB augmente rapidement chez les consommateurs. Après une consommation importante et prolongée, les symptômes de sevrage peuvent être violents, comparables à ceux d'une dépendance alcoolique.

Le contexte ayant été défini, je souhaiterais obtenir une réponse aux questions suivantes.

1) La ministre a-t-elle une idée de l'évolution de la consommation de GHB en Belgique ? Peut-elle fournir des statistiques concrètes pour 2010, 2011 et 2012 ? A-t-elle déjà vérifié s'il existait des personnes dépendantes au GHB en Belgique ? Et si oui, a-t-elle une idée du nombre ?

2) Quel est le degré de dangerosité du GHB ? Quelles sont les doses vendues dans les lieux de sortie ?

3) L'Institut scientifique belge de la Santé publique a-t-il déjà analysé des échantillons de GHB ? Quels étaient les résultats ?

Réponse reçue le 5 février 2014 :

1. Ces dernières années, le nombre de récits de dépendance au GHB et de demandes de traitement est en hausse. On observe une forte augmentation du nombre d’intoxications au GHB rapportées au Belgian Early Warning System Drugs (BEWSD).

En Belgique, pour évaluer la consommation de GHB et les troubles associés, nous prenons en considération, d’une part, les chiffres mis en évidence dans des enquêtes et, d’autre part, les données du registre des demandes de traitement de la toxicomanie (Treatment Demand Indicator; TDI).

En ce qui concerne les enquêtes, celles-ci sont réalisées dans les milieux de sortie. Les chiffres obtenus ne peuvent donc pas être généralisés à la population globale. L’Association flamande pour les problèmes d’alcool et autres drogues (VAD) mène notamment ce genre d’études (VAD Partywise, uitgaansonderzoek). Il en ressort qu’entre 2 et 5 % des personnes interrogées dans les milieux de sortie déclarent avoir consommé du GHB au cours de l’année précédant l’enquête. À titre de comparaison, ce chiffre s’élève à 15 à 20 % pour l’ecstasy.

La base de données reprenant des informations sur les personnes en traitement pour des problèmes de drogue (TDI) ne livre qu’un aperçu limité de la problématique impliquant le GHB en tant que substance principale, car elle comprend seulement des données provenant de Flandre (11 centres spécialisés). Les centres en Wallonie et à Bruxelles n’ont pour l’instant livré aucune donnée spécifique au sujet du GHB.

Nous ne disposons pas de chiffres concrets du TDI pour 2010. En 2011, les centres flamands ont rapporté 5 113 périodes de traitement au total, dont 77 liées à la consommation de GHB (1,5 %). En 2012, 5 088 épisodes de traitement ont été enregistrés, dont 68 pour la consommation de GHB (1,3 %).

2. La consommation de GHB est dangereuse en raison de la courbe dose-effet abrupte de la substance. En d’autres termes, la différence entre une dose produisant l’effet recherché par le consommateur et une overdose est extrêmement ténue. En outre, le GHB est une drogue que le consommateur peut aisément fabriquer lui-même dans des laboratoires « artisanaux ». Il est en effet facile de se procurer le gamma-butyrolactone (GBL), produit précurseur du GHB, sous la forme de produits de nettoyage chimiques, et des guides de fabrication sont disponibles sur internet.

Le grand danger du GHB réside dans le risque d’overdose (accidentelle ou intentionnelle), essentiellement imputable aux grandes variations individuelles entre les consommateurs : une dose procurant un sentiment d’euphorie à un consommateur peut ainsi entraîner un état comateux et une perte de connaissance chez un autre consommateur. Dans la grande majorité des cas d’overdose, le consommateur se réveille spontanément après quelques heures, sans conséquence médicale. Toutefois, dans les lieux de sortie, la consommation de GHB peut s’avérer extrêmement dangereuse, voire mortelle, en particulier en combinaison avec de l’alcool et/ou d’autres drogues. Dans ces lieux, le GHB se présente habituellement en doses de 2 à 5 grammes, généralement vendues à l’unité dans de petites bouteilles.

3. L’ISP analyse régulièrement des échantillons de GHB et suit également de manière systématique les résultats d’analyses toxicologiques d’échantillons de drogue réalisées dans les laboratoires belges spécialisés (réseau BEWSD). Ces résultats montrent que le GHB vendu en Belgique est relativement pur et ne comprend, dans la plupart des cas, aucun autre produit (de coupage), contrairement à des drogues comme la cocaïne, l’héroïne et la MDMA.