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Question écrite n° 5-7487

de Karl Vanlouwe (N-VA) du 7 décembre 2012

au vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, du Commerce extérieur et des Affaires européennes

La Somalie et la milice Al-Shabaab

Somalie
piraterie
Union africaine
Tribunal pénal international
guerre civile

Chronologie

7/12/2012Envoi question
27/3/2013Réponse

Requalification de : demande d'explications 5-2612

Question n° 5-7487 du 7 décembre 2012 : (Question posée en néerlandais)

En septembre, les troupes de l'Union africaine (AMISOM) ont délogé la milice Al-Shabaab de son dernier bastion dans le pays. Dans la nuit du vendredi 28 au samedi 29 septembre, le porte-parole de la milice a déclaré que celle-ci avait quitté la ville portuaire de Kismayo après d'âpres batailles contre des unités kényanes et somaliennes combattant au nom de l'Union africaine (AMISOM).

On se demande encore où sont passés les autres rebelles. Ils ont annoncé leur intention de passer à une guérilla qui frapperait dans la région de Kismayo.

Bien qu'Al-Shabaab en ait été chassée, des myriades d'habitants ont fui Kismayo, craignant d'être pris dans les hostilités en cas de contre-attaque.

Alors que, voici quelques années, l'Union africaine parvenait à peine à protéger l'aéroport de Mogadiscio, toute la capitale a été maintenant reconquise. D'autres villes, proches de Mogadiscio ou de la côte, seraient à présent sous le contrôle total de l'Union africaine.

Depuis lors, on se demande en Somalie quel sort réserver aux seigneurs de la guerre qui ont combattu aux côtés d'Al-Shabaab et sont maintenant prisonniers. Les autorités kényanes ont développé un programme permettant d'amnistier leurs ressortissants qui ont combattu avec Al-Shabaab : on les encourage à fournir des informations sur Al-Shabaab, moyennant quoi ils seront accueillis dans des centres de réhabilitation avant d'êtres réinsérés dans la société.

Quant aux combattants détenus en Somalie, la date de leur procès demeure incertaine, et ils s'entassent dans les prisons somaliennes. Comme la Somalie ne dispose pas d'un système judiciaire opérationnel, il sera difficile de tous les juger. Certains évoquent la création d'un tribunal international, éventuellement dans un pays tiers, qui jugerait les dirigeants d'Al-Shabaab.

Voici mes questions au ministre :

1) Pouvez-vous confirmer qu'Al-Shabaab a été chassée des principales villes somaliennes ? Quelles portions du territoire somalien Al-Shabaab contrôle-t-elle encore ?

2) Comment voyez-vous évoluer la mission AMISOM de l'Union africaine ?

3) Êtes-vous partisan de la création d'un tribunal international pour la Somalie ?

4) En a-t-on déjà parlé à l'échelon européen ? L'Union européenne et le SEAE prévoient-ils de d'agir pour que les militants d'Al-Shabaab soient traduits en justice  ? Quelles sont les options possibles ?

5) Quels effets les défaites d'Al-Shabaab ont-elles sur la lutte contre la piraterie au large des côtes somaliennes ?

Réponse reçue le 27 mars 2013 :

1. Les troupes de sécurité somaliennes et AMISOM ont repris Kismayo (le dernier fief de Al Shabaab dans l’extrême sud de la Somalie, près de la frontière avec le Kenya) ainsi que WalnaWeynen (à l’ouest de Mogadiscio) en octobre dernier.

La milice islamiste contrôle encore toujours de grandes parties de la campagne dans le sud et quelques villes moins importantes. Une partie d’Al-Shabaab aurait trouvé refuge dans les montagnes de Galgala, situées dans la région Puntland (au nord de la Somalie).

2. Le 7 novembre 2012, le mandat d’AMISOM a été prolongé de quatre mois par le Conseil de sécurité de l’ONU (résolution 2073). La composante civile de la mission a été renforcée afin d’accélérer la transition vers une gestion civile des territoires Alshabaab reconquis. Le pays est donc encore dépendant des forces armées étrangères pour assurer l’ordre interne. Il faut remarquer que cette présence étrangère est parfois difficilement acceptable pour la population locale. Le nouveau gouvernement devra démontrer qu’il peut, au moins, garantir le même niveau de sécurité et la Somalie doit laisser derrière elle ses vieux démons, notamment les rivalités claniques.

3. La création d’un tribunal international pour la Somalie n’est actuellement pas à l’ordre du jour. L’initiative visant à rendre possible la justice et la réconciliation, ainsi que la réalisation d’une plus grande responsabilité, reviennent en premier lieu au nouveau gouvernement du Président Hassan Sheikh Mohamud.

4. Les défaites de Al Shabaab et la reconquête de la bande côtière au sud affaiblit les bandes de pirates dans la mesure où leurs refuges sur la terre ferme leur sont pris. La majorité des bases se trouvent au nord, et la piraterie somalienne reste donc un phénomène mobile.