Version à imprimer bilingue Version à imprimer unilingue

Question écrite n° 5-7333

de Richard Miller (MR) du 13 novembre 2012

au ministre de la Défense

Le retrait des soldats belges déployés à l'aéroport international de Kaboul

Afghanistan
force à l'étranger
force multinationale

Chronologie

13/11/2012Envoi question
13/12/2012Réponse

Requalification de : demande d'explications 5-2657

Question n° 5-7333 du 13 novembre 2012 : (Question posée en français)

Les soldats belges positionnés à l'aéroport international de Kaboul ont entamé le début du retrait prévu. Leur mission était d'assurer la protection de l'aéroport en le sécurisant et en surveillant le périmètre intérieur de l'aéroport. Ce rapatriement, qui s'est étalé à long du mois d'octobre 2012, concerne les deux cent septante militaires belges basés à Kaboul. Un premier peloton de vingt-quatre soldats avait par ailleurs définitivement quitté Kaboul en juillet 2012. Les militaires portugais et hongrois assureront la relève dans le cadre de la protection de cet aéroport.

Déployée en Afghanistan depuis février 2003, cette mission de protection de l'aéroport militaire de Kaboul (KAIA) s'est déroulée sans qu'aucune victime ne soit à déplorer dans nos rangs. En une décennie, cela représente vingt-neuf rotations de personnel. Nous ne pouvons que féliciter nos soldats pour leur professionnalisme ainsi que le ministère de la Défense pour le déroulement sans incident de cette mission, menée dans le cadre des efforts de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN).

Ce retrait ne signifie évidemment pas que notre engagement en Afghanistan s'arrête là : plusieurs soldats restent stationnés à Kaboul en assurant une participation dans l'état-major de l'ISAF et aux différents quartiers généraux de Kaboul, et les missions à Kunduz (Provincial Reconstruction Teams et Military Advisory Teams), à Kandahar (Operation Guardian Falcon et Air Advisory Team) ainsi qu'à Mazar-e-Charif et Douchanbe au Tadjikistan continueront comme prévu jusqu'en fin 2014.

Je voudrais toutefois vous interroger sur le bilan que vous tirez de cette mission. Je voudrais également vous questionner sur les difficultés, d'ordre logistique et financière, rencontrées lors de ce retrait. Certaines sources parlent de 4 millions d'euros afin d'assurer ce retrait ; certaines montaient jusqu'à 9 millions lors de la crise au Pakistan voisin ; le général Gérard Van Caelenberge parle de 2 à 3 millions d'euros.

1) Quel coût exact représente ce retrait ? L'armée a-t-elle pu conclure des accords logistiques avantageux afin de baisser le coût à 2-3 millions d'euros, comme l'a indiqué le général Van Carlenberge ?

2) Pouvez-vous nous donner des détails sur la manière dont le matériel sera rapatrié ? Pouvez-vous également nous indiquer la durée de la mission du détachement logistique envoyé à Kaboul qui procèdera au conditionnement et à l'expédition du matériel en question vers la Belgique ?

3) Quel bilan pouvez-vous tirer de cette mission ? Certains estiment que cette mission à permis à notre armée de se professionnaliser. Le politologue de la Défense, André Dumoulin, attaché à l'École royale militaire, parle à présent d'expérience acquise de " situations instables, de conflits asymétriques ", de la réputation pragmatique du soldat belge, qui donne à la Défense belge à présent un " droit de regard, de la visibilité ainsi que, éventuellement, du prestige ". Quel en est votre avis ?

4) Avec cette expérience supplémentaire acquise lors de la mission de protection de l'aéroport de Kaboul, estimez-vous que nos militaires soient prêts à être redéployés dans d'autres théâtres d'opérations, ailleurs dans le monde ? Je pense notamment à des interventions militaires dans des pays, tels que la Syrie ou le Mali, étant donné l'urgence et la gravité qui constituent ces crises. Estimez-vous que nous ayons les moyens et l'expérience nécessaire afin d'intervenir directement dans ces pays ?

Réponse reçue le 13 décembre 2012 :

L'honorable membre est prié de trouver ci-après la réponse à ses questions.

Dans le cadre du redéploiement, les 244 militaires belges du détachement Force Protection de l'aéroport international de Kaboul sont revenus en Belgique le 17 octobre 2012. Leurs tâches ont été reprises par les Hongrois et les Portugais.

De septembre à novembre, une Task Force d’une quarantaine de personnes a travaillé à partir de Kaboul afin d’organiser le retour du matériel en Belgique.

Au total, 1 600 tonnes ont dû être rapatriées. En volume, cela représente un terrain de football rempli de véhicules, containers et palettes.

Le matériel sensible tel que les munitions, l’armement et le matériel cryptographique a été ramené directement en Belgique par C130. Un total de 200 tonnes de matériel plus général a été palettisé et chargé à bord de C130 ou A330 revenus également directement au pays.

L’altitude élevée de Kaboul limite la capacité de chargement des avions. C’est pour cette raison que la majorité du matériel a été ramené par des avions belges et français de type C130 et C160 vers Mazar-I-Sharif. À partir de là, les capacités des Antonov-124 ont été optimalisées en regroupant 60 véhicules et 40 containers belges. Neuf rotations d’Antonov-124 ont permis de transférer ce matériel vers la Turquie. Le 1er décembre, ce matériel a été embarqué à bord d’un navire danois au port de Trabzon. Les frais d’utilisation du transport maritime ont été partagés avec la Norvège qui a également profité de la traversée. Le navire est parti le jour-même et est attendu en Belgique le 14 décembre. Il continuera ensuite sa route vers la Norvège pour accoster à Fredrikstad le 17 décembre.

La Défense belge profite au maximum de vols Intra Theatre Airlift System (ITAS) pour rapatrier le matériel déployé en Afghanistan. ITAS est un système de pooling entre des pays de la FIAS qui permet de mettre en commun des moyens aériens.

De façon à réduire le futur ravitaillement en provenance de Belgique, 300 tonnes de matériel a été redistribué aux autres détachements belges à Kandahar, Mazar-I-Sharif et Kunduz. Enfin, une partie du matériel ou des installations dont le rapatriement n’a pas été jugé rentable, a été laissé sur place et cédé aux Afghans ou à d’autres partenaires sur base d’accords win-win.

Le redéploiement aura nécessité plus de 300 heures de vol C130, A330 et Antonov-124. Tenant compte du prix du navire et des frais annexes, le coût global est estimé à environ 5,8 millions d'euros bruts et 3,4 millions d'euros nets.

Le professionnalisme des militaires belges affectés à la mission de protection de KAIA a été unanimement reconnu par les partenaires internationaux. Durant cette mission, un grand nombre de procédures techniques et tactiques auxquelles les militaires belges s’étaient entraînés pendant leur préparation ont pu être réellement mises en œuvre, ce qui a rehaussé le niveau de professionnalisme.

Incontestablement, la Défense belge dispose de capacités et présente les qualités pour participer à des opérations et y apporter une valeur ajoutée appréciable. De telles missions doivent bien sûr cadrer dans les visions stratégiques de la Communauté internationale, faire l’objet de demandes officielles et être définies par des mandats clairs.