Version à imprimer bilingue Version à imprimer unilingue

Question écrite n° 5-6562

de Jurgen Ceder (Indépendant) du 22 juin 2012

au ministre de la Défense

Les débats à l'assemblée parlementaire de l'OTAN concernant le désarmement en Europe

OTAN
désarmement
budget de la défense
dépense de défense

Chronologie

22/6/2012Envoi question
10/7/2012Réponse

Requalification de : demande d'explications 5-2359

Question n° 5-6562 du 22 juin 2012 : (Question posée en néerlandais)

La session de printemps de l'assemblée parlementaire de l'OTAN s'est tenue du 26 au 28 mai à Tallinn. On y a surtout discuté du retrait de l'Afghanistan, du bouclier antimissile et des relations avec la Russie, mais également de défense intelligente (Smart Defence) et des restrictions budgétaires en matière de défense mises en œuvre par plusieurs pays de l'OTAN.

Un rapport du Danois Paulsen a comparé les dépenses militaires des pays de l'OTAN avec l'évolution des budgets dans des pays tels que l'Inde, la Chine, le Brésil et la Russie. Il est ainsi apparu que l'Europe se désarme à un rythme très rapide tandis que ces autres pays sont en train d'accroître considérablement leur capacité militaire. Des écarts considérables s'observent pourtant aussi au sein de l'OTAN. Des pays moins riches tels que l'Estonie et la Grèce arrivent à la norme de 2% (part des dépenses de défense dans le PIB), tandis que des pays plus riches tels que la Belgique atteignent difficilement 0,7 %. Nous sommes ainsi parmi les plus mauvais élèves de la classe : seul le Luxembourg fait encore moins bien.

Quelques participants aux réunions de l'assemblée parlementaire de l'OTAN se sont dès lors irrités que « certains pays ne consacrent que 0,7 % ou 0,8 % de leur PIB à la défense », tout en se montrant suffisamment diplomates pour ne pas citer nommément la Belgique.

Les pays européens invoquent la crise économique pour restreindre leurs dépenses de défense. Ce n'est qu'une piètre excuse. La stagnation économique, voire la récession ne peuvent servir d'excuse pour réduire la part des dépenses militaires dans le PIB. Qui plus est, on n'a pas observé par le passé qu'un redressement économique ou une forte croissance donnaient lieu à un accroissement important des budgets militaires.

Nous arrivons pourtant tout doucement à un moment critique, non seulement parce que le comportement parasite de pays tels que la Belgique est, en soi, scandaleux et indéfendable, non seulement parce que l'Europe est en train de démanteler une grande partie de sa capacité et de son savoir-faire militaire, qui ne pourront être reconstitués que très lentement et non seulement parce que la capacité de l'OTAN est de plus en plus vidée de sa substance dans un monde imprévisible et peu sûr, mais surtout parce que l'existence de l'OTAN, l'alliance militaire la plus efficace qui ait jamais existé, et la solidarité militaire transatlantique sont ainsi mises en péril.

Son successeur, Leon Panetta, s'est montré un tant soit peu plus diplomate lors de la conférence de Munich sur la sécurité qui s'est tenue en février de cette année, mais son message était identique : la frustration américaine vis-à-vis de la position parasite de l'Europe dans le domaine des dépenses militaires atteint un point critique. L'Europe doit se reprendre. Et il a prévenu que la défense intelligente ne pouvait être une excuse pour comprimer encore davantage les dépenses militaires. La « smart defence », défense intelligente, ne peut devenir une « cheap defence », comme l'a dit un congressiste américain à une réunion de la commission politique à Tallinn.

Au Congrès américain également, les tentatives visant à réduire le soutien que les États-Unis apportent à l'Europe sous la forme d'une présence militaire en Europe se multiplient. Selon les déclarations faites à Tallinn par le Républicain Shimkus, les pro-atlantistes du Congrès américain ont de plus en plus de mal à contrecarrer ces tentatives.

Lors du sommet de l'OTAN de Chicago, le président Obama a d'ailleurs déjà lancé un avertissement clair à l'Europe, épinglant le fait que les États-Unis assument 77 % des dépenses militaires de l'Alliance atlantique. Si, le 6 novembre, les Américains élisent un républicain, l'OTAN se verra confrontée à des tensions supplémentaires.

1) Le gouvernement belge est-il conscient du fait que l'opinion publique américaine risque de se détourner de l'OTAN ?

2) Vous attelez-vous avec le gouvernement belge à des projets visant à porter les dépenses militaires à un niveau acceptable à long ou moyen terme ? Quand ces projets seront-ils communiqués au parlement ?

Réponse reçue le 10 juillet 2012 :

L'honorable membre est prié de trouver ci-après la réponse à ses questions.

L’examen que fait le président Obama de la stratégie militaire américaine, appelé « US Defence Review », démontre clairement l'importance que les États-Unis accordent non seulement à une Europe où règnent paix et prospérité mais également à une puissante Alliance de l'Atlantique Nord qui est essentielle pour la sécurité de notre continent. A l’occasion du Sommet de Chicago, il a rappelé que l'Organisation du Traité de l'Atlantique nord (OTAN) était l'alliance la plus forte et la plus réussie qu’ait jamais connue le monde.

Cependant, il est indéniable que le climat économique actuel, combiné à la nouvelle vision stratégique des États-Unis, avec un déplacement de l'attention vers l'Asie du Sud et le Moyen-Orient, a et aura des implications pour l'OTAN. Le Président Obama a fait part à Chicago de sa préoccupation au sujet du fossé transatlantique de plus en plus profond en matière de capacités militaires et a plaidé pour une répartition plus équitable des charges.

Le « Defence Package » accepté à Chicago et dont fait partie la « Smart Defence », répond à la demande des États-Unis et doit permettre en premier lieu aux pays européens membres de l'OTAN d'assumer leur responsabilité en matière de sécurité. Une coopération multinationale accrue, la spécialisation et la hiérarchisation des capacités permettront à l'OTAN de rester efficace jusqu’en 2020 et même au-delà.

En ce qui concerne l'investissement dans de nouveaux équipements, je tiens à souligner que le conseil des ministres du 11 mai 2012 a approuvé le plan d’investissement pour un montant de 242 millions d'euros pour cette année.