Prison - Saint-Gilles - Rénovation - Durée - Coût
établissement pénitentiaire
16/5/2012 | Envoi question |
16/8/2012 | Réponse |
Aussi posée à : question écrite 5-6267
Après huit ans de transformations, la prison de Saint-Gilles compte une centaine de cellules rénovées. Inutile de revenir sur le caractère urgent de ces travaux. Il y a cependant de quoi se poser des questions sur ces transformations, sur la durée des travaux et leur coût, à savoir 75 millions d'euros. Au moment de cette annonce, les médias publiaient les calculs du bureau d'architecture NAV qui évalue le coût moyen de la rénovation complète d'une habitation à 135 000 euros.
Bien que l'on ne puisse pas comparer la rénovation de cellules de prison et celle d'une habitation, la disproportion entre ces chiffres est très curieuse. Bien entendu, la sécurisation implique beaucoup de coûts supplémentaires mais par ailleurs, les cellules sont très spartiates, il s'agit d'une infrastructure rudimentaire et une grosse part de la rénovation est fondée sur du travail en série.
1) Comment la ministre/le secrétaire d'État explique-t-elle qu'un délai si étonnamment long soit nécessaire à la rénovation d'une centaine de cellules ? Quels facteurs ou acteurs sont-ils responsables d'un délai de chantier si long qu'il est inacceptable ?
2) Que pense la ministre/le secrétaire d'État du coût, en moyenne 75 000 euros par cellule à faire en série, comparé au coût moyen de 135 000 euros nécessaire à la rénovation complète d'une habitation aux confort et installations contemporains ? Quels sont les travaux spécifiques qui justifient le coût relativement élevé de la rénovation de cellules de prison ? Quel est le coût moyen de la construction d'une nouvelle cellule de prison ?
1. (A – B)
D’une part, la complexité des études inhérentes au contexte carcéral avec un programme des besoins évolutif, qui plus est dans le cas d’une prison occupée, et d’autre part, les délais règlementaires imposés par les marchés publics de niveau européen, ont nécessité près de deux années d’études préalables au chantier.
Le chantier s’est ensuite étendu sur une période de trois ans, dont le retard relatif au terme initial est justifié par de nombreux facteurs dont les principaux sont :
Les délais pour obtenir des permis d’urbanisme en Région Bruxelloise,
Un retard dans le dossier courant faible en début de travaux suite à des problèmes de personnel du service technique concerné.
La modification de l’avis des pompiers en cours de chantier nécessitant une refonte complète des études. Ceci comprend le remplacement des rideaux d’eau (compartimentage des ailes de la prison) par un système inédit de désenfumage par extracteurs d’air en toiture.
Les grèves du personnel pénitentiaire impliquant l’interruption des travaux avec des conséquences néfastes sur la reprise et l’avancement des travaux.
Les plages horaires de travail plus sévères (par rapport à ce qui était prévu initialement au cahier des charges) imposées par la prison aux entreprises en charge des travaux.
Certaines modifications du programme des besoins.
D’autres aléas de chantier que l’on rencontre dans des bâtiments plus anciens.
et enfin, les intempéries ont aussi influencé le cours des travaux.
2. (A)
Afin d’établir le ratio exact se rapportant au coût par cellule, nous devons préalablement distinguer les différents types de travaux réalisés lors de ce chantier de rénovation et d’extension de l’aile B à la prison de St-Gilles. Il a en effet été profité de l’occasion pour exécuter d’autres travaux.
Les dépenses totales ne peuvent donc être attribuées exclusivement au seul profit de l’aile B, et ainsi le chiffre de 75 000 euros établi sur base du rapport entre l’investissement total tvac et le nombre de cellules est inexact.
Outre la mise à disposition d’une centaine de cellules rénovées, ce chantier a aussi permis :
de créer une nouvelle zone de détention hautement sécurisée (inexistante jusqu’alors) utilisable et donc profitable pour l’ensemble de la prison.
de créer un accès aux véhicules des services incendies, d’assainir et de sécuriser le préau.
de créer des amenées d’air dans chacune des ailes de la prison indispensables au système de désenfumage.
Le coût des travaux de l’aile B, qui pour rappel s’étendent de la cave au grenier sur plus de 5000 m² et sont qualifiés de rénovation lourde, s’élève donc plus justement à environ 4,9 millions d’euros tva compris, soit moins de 1000 euros/m², avec un ratio ne dépassant plus les 49 000 euros tva compris.
(B)
Les postes liés à la sécurité carcérale active sont évidemment onéreux et ne peuvent faire l’objet d’aucun compromis, il s’agit plus spécifiquement de :
les clôtures sécurisées et filets aux abords du chantier,
les menuiseries extérieures et intérieures renforcées,
les grillages aux fenêtres et serrures de sécurité aux portes,
les vitrages de sécurité et pare-balles,
les nouveaux garde-corps intérieurs rehaussés à chaque étage.
Les postes liés à la sécurité carcérale passive (courant faible) sont spécifiques aux prisons. Ces postes incluent :
la programmation, la gestion automatique de l’ensemble des serrures, et constituent donc l’élément essentiel du contrôle d’accès au sein de la prison.
la surveillance vidéo tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des bâtiments.
la parlophonie pour chacune des cellules.
Les postes liés à la sécurité incendie sont eux aussi onéreux et ne peuvent également faire l’objet d’aucun compromis, citons notamment :
le système du désenfumage de l’aile B et les travaux annexes nécessaires dans les autres ailes.
la transmission de l’information nécessaire au bon fonctionnement des détections de fumées et de gaz.
(C)
Lors d’une nouvelle construction le coût par m² construit, toutes fonctions confondues, n’incluant ni les abords, ni l’achat des terrains s’élève à minimum 2 700 euros tva compris.