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Question écrite n° 5-4890

de Bert Anciaux (sp.a) du 28 décembre 2011

à la ministre de l'Emploi

Nombre relativement élevé de travailleurs belges souffrant de stress au travail

tension mentale
condition de travail

Chronologie

28/12/2011Envoi question
23/2/2012Réponse

Réintroduction de : question écrite 5-3597

Question n° 5-4890 du 28 décembre 2011 : (Question posée en néerlandais)

Le site StepStone, qui publie des offres d'emploi, a communiqué les résultats d'une étude sur le stress chez les travailleurs salariés. Les chiffres obtenus pour la Belgique sont nettement supérieurs à la moyenne européenne, avec 54 % contre 44 %. Et ces résultats divergent encore plus sensiblement des valeurs mesurées aux Pays-Bas où le pourcentage de travailleurs stressés est de 32 %.

Ce score situé 10 % au-dessus de la moyenne de l'UE peut être considéré comme significatif. Et l'aspect qualitatif de ce résultat quantitatif est particulièrement inquiétant : 19 % des personnes interrogées déclarent être stressées en permanence, ce qui entraîne des conséquences physiques et mentales permanentes.

Comment la ministre évalue-t-elle ces chiffres ? Les juge-t-elle réalistes et reconnaît-elle que le stress au travail est un problème sérieux qui, de toute évidence, affecte davantage la Belgique que la moyenne de l'Union européenne ? Quelles conséquences la ministre tire-t-elle de la constatation selon laquelle plus de la moitié de tous les travailleurs belges souffrent de stress, entre autres causé par le travail ? Que pense la ministre du fait qu'un cinquième de tous les travailleurs endurent une souffrance physique et mentale permanente en raison du stress au travail ?

Quelles sont, selon la ministre, les causes de ce nombre relativement élevé ? Comment explique-t-elle ce score significativement élevé ?

Quelles sont, selon la ministre, les conséquences de ce résultat élevé ? Cela se répercute-t-il entre autres sur la productivité globale dans notre pays ?

Comment la ministre fera-t-elle face à ce problème fondamental et comment le réduira-t-elle ? A-t-elle déjà pris contact à ce sujet avec (1) les partenaires sociaux ; (2) sa collègue de la Santé publique ; (3) ses collègues des communautés en charge du Bien-Être ? Dispose-t-elle d'un plan global et intégré de lutte contre ce problème ? Si oui, peut-elle me le transmettre ? Si non, comment explique-t-elle ce vide et prévoit-elle une action structurée à court terme ?

Réponse reçue le 23 février 2012 :

Le stress est un problème grave qui mérite toute notre attention. Ceci dit les résultats publiés sur le Jobsite Stepstone sont en contradiction avec ceux des enquêtes scientifiquement étayées auxquelles je me réfère pour mettre en œuvre ma politique – à savoir, pour ne citer que les principales : les surveys de l’European Foundation for the improvment of Living and Working Conditions de Dublin et le Werkbaarheidsbarometer du SERV.

Ces recherches montrent d’une part que la Belgique se situe dans la moyenne européenne en la matière et d’autre part que le taux de stress ressenti est relativement stable en Belgique. Pour plus de détails sur les chiffres, je vous renvoie à la réponse que mon prédécesseur a donnée à la question n° 121 de monsieur le député Peter Logghe en date du 16 décembre 2010.

Le stress est cependant un véritable problème de santé publique et de santé au travail, un problème complexe, multifactoriel et qui cause de l’absentéisme associé à des maladies cardiovasculaires à des troubles musculosquelettiques, à des dépressions ou du burn-out.

En ce qui concerne les questions plus particulières je tiens à faire savoir :

1) que les partenaires sociaux sont associés étroitement à toutes les facettes de ma politique qu’il s’agisse de recherche, d’élaboration d’outils ou de réglementation;

2) que je collabore étroitement avec ma collègue de la Santé publique notamment dans le cadre du Pacte européen pour la santé mentale, pour tout ce qui concerne les aspects travail. Ne perdons pas de vue que les problèmes de santé mentale (dépression, burn-out,…) sont la première cause d’invalidité relevée par l’INAMI (33 % en 2008);

3) que je collabore également avec mes collègues des Communautés car nos actions sont complémentaires : nous nous préoccupons des causes organisationnelles du stress dans l’entreprise tandis qu’ils sont en charge des causes plus individuelles;

4) que ma politique en matière de risques psychosociaux parmi lesquels se situe le stress est extrêmement structurée et intégrée, il s’agit :

a. de définir et d’objectiver les problèmes ;

b. d’identifier leurs causes et de disposer d’outils de diagnostic et d’évaluation ; nos projets « stress », « harcèlement moral » et « risques psychosociaux » menés avec le soutien du Fonds social européen ont permis de soutenir ou d’initier des recherches pour explorer le champ des risques psychosociaux, avec des méthodes scientifiquement éprouvées;

c. de mettre en place une réglementation et un système de contrôle efficaces et efficients et de leur permettre d’évoluer en fonction de l’évolution des connaissances, notamment par l’évaluation périodique de la réglementation sur les risques psychosociaux, dont la dernière, par la Chambre des représentants est très récente et donne lieu actuellement à l’exécution d’un plan d’action sur base de leurs recommandations;

d. de mettre à la disposition des entreprises des instruments de diagnostic précoce et d’intervention pour leur permettre de mener une véritable politique de prévention intégrée, notamment par le projet « Risques psychosociaux » soutenu par le Fonds social européen qui a déjà produit de nombreux outils que vous pouvez trouver sur le site « www.respectautravail.be »;

e. d’évaluer périodiquement la situation ainsi que l’efficacité et l’efficience des mesures mises en place pour élaborer des actions correctives et je pense plus particulièrement ici à notre collaboration avec EUROFOUND pour l’analyse des données de leur survey ainsi qu’aux analyses des données du VOW/QFT développé par la DIRACT et mis en œuvre avec le concours des médecins du travail.