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Question écrite n° 5-3551

de Bert Anciaux (sp.a) du 21 octobre 2011

au secrétaire d'État à la Mobilité, adjoint au Premier Ministre

Poids lourds - Accidents - Angle mort - Institut belge pour la sécurité routière - Équipement complémentaire - Recherche - Sensibilisation

sécurité routière
accident de transport
équipement de véhicule
véhicule utilitaire

Chronologie

21/10/2011Envoi question
21/11/2011Réponse

Question n° 5-3551 du 21 octobre 2011 : (Question posée en néerlandais)

L'Institut belge pour la sécurité routière (IBSR) a testé deux nouveaux systèmes destinés à prévenir les accidents dus à l'angle mort des camions. L'attention pour cette question se justifie par les soixante usagers faibles annuellement victimes de l'angle mort.

Comme ces deux systèmes se révèlent inadéquats, l'IBSR recommande de ne pas les régulariser ni d'introduire de nouvelles règles ou mesures en cette matière. Il semble que le secrétaire d'État veuille suivre ces recommandations. Plutôt fataliste, il déclare dans la presse que l'angle mort reste hélas un angle mort. Il considère que la meilleure prévention consiste en une sensibilisation et conclut qu'un équipement complémentaire sur les poids lourds ne s'impose pas.

Voici mes questions à ce sujet :

1) Le secrétaire d'État a-t-il décidé d'arrêter toutes les recherches visant à résoudre par un équipement complémentaire le problème de l'angle mort des camions ? Pour quelles raisons récuse-t-il la solution proposée ? Que deux systèmes aient été jugés insuffisants justifie-t-il le rejet en bloc de cette solution ? L'IBSR est-il l'instance appropriée pour mener ce type de recherches ?

2) Le secrétaire d'État peut-il fournir un aperçu de la législation à ce propos dans d'autres pays ? Y en a-t-il où on lutte contre le problème en équipant spécifiquement les camions ? Avec quels résultats ?

3) Ne trouve-t-il pas défaitiste de classer le problème réel et grave de l'angle mort sous la rubrique « sensibilisation », ce qui a pour effet de laisse pourrir ce grave problème de sécurité ?

4) Le lobby des firmes de transport a-t-il pressé le secrétaire d'État de ne prendre aucune mesure qui coûte de l'argent ?

Réponse reçue le 21 novembre 2011 :

1. Après avoir constaté que le nombre d'accidents dus à l'angle mort dans notre pays n’a presque pas diminué au fil des années, j'ai pris l'initiative de demander à l' Institut belge pour la sécurité routière (IBSR) d'étudier la problématique. L' IBSR a réalisé en 2009 une étude de littérature intitulée "Moyens techniques pour la prévention des accidents dus aux angles morts des camions" (voir www.ibsr.be, Statistiques et recherche). L'étude a examiné les systèmes de détection actifs et les systèmes d'alarme passifs qui pourraient, tout comme les rétroviseurs angle mort et les systèmes de caméra, éviter qu'un camion renverse un cycliste.

Ensuite, j'ai demandé à l' IBSR de procéder à une recherche expérimentale en équipant un certain nombre de camions avec les systèmes disponibles sur le marché afin de tester leur efficacité dans le trafic. Trois fédérations de transport ont été associées à cette expérience en recrutant les entreprises intéressées.

Deux systèmes ont été testés : un système de détection actif placé sur le flanc droit d'un camion, qui détecte la présence du cycliste et avertit immédiatement le conducteur du camion, et un système passif qui avertit le cycliste, au moyen d'un feu clignotant et d'un signal sonore, que le camion va tourner à droite. Il ressort de l'expérience que ces systèmes ne sont pas des solutions miracles dans l'état actuel des choses et qu'ils n'offrent pas de valeur ajoutée notable.

La technologie doit indubitablement encore progresser avant que nous puissions disposer de systèmes de détection plus performants, qui ne pourront être rendus obligatoires qu'en vertu d'une réglementation européenne. La même règle vaut pour l'équipement obligatoire des camions avec un feu clignotant spécial et un signal sonore pour les cyclistes.

Depuis le 1er janvier 2007, les camions de plus de 7,5 tonnes doivent être équipés de quatre rétroviseurs : le rétroviseur normal, le rétroviseur grand angle, le rétroviseur d'accostage et l'antéviseur. Des systèmes de caméra qui couvrent le même champ de vision peuvent également être utilisés.

Un bon ajustement de ces rétroviseurs, combiné à une extrême vigilance du conducteur de camion, peut réduire sensiblement le nombre d'accidents dus à l'angle mort. Il est donc nécessaire d'informer et de sensibiliser les conducteurs de camion et les entreprises de transport. L'information et la sensibilisation font également partie de la formation continue des conducteurs de camion dans le cadre de l'aptitude professionnelle requise pour la prolongation du permis de conduire.

Mais les cyclistes doivent également être plus conscients des dangers de l'angle mort, par exemple lorsqu'ils se trouvent dans un carrefour à la droite d'un camion, même sur une piste cyclable. À cet effet, les fédérations de transport se rendent auprès des écoles avec un camion pour expliquer le danger de l'angle mort.

Un aménagement spécifique de la route peut également offrir une solution: des zones avancées pour les cyclistes, la séparation des cyclistes du transport lourd, un réglage séparé des feux, etc.

2. Les réglementations nationales dans les différents pays de l'Union européenne doivent s'aligner sur la directive européenne 2003/97/CE concernant le rapprochement des législations des États membres relatives à la réception ou l'homologation des dispositifs de vision indirecte et des véhicules équipés de ces dispositifs.

3. Voir la réponse à la question 1.

4. Les fédérations de transport ne ménagent pas leurs efforts pour mieux sensibiliser tant les conducteurs de camion que les cyclistes aux dangers de l'angle mort. Elles ont d'ailleurs coopéré à l'enquête menée par l IBSR. L'aspect du coût n'a jamais été évoqué.