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Question écrite n° 5-1174

de Bart Tommelein (Open Vld) du 3 février 2011

à la vice-première ministre et ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, chargée de l'Intégration sociale

Drogues - Ecstasy (XTC) - Augmentation de la dose moyenne de MDMA ( 3,4-méthylène-dioxy-méthylamphétamine) - Risques pour la santé

stupéfiant
toxicomanie

Chronologie

3/2/2011Envoi question
23/3/2011Réponse

Aussi posée à : question écrite 5-1175

Question n° 5-1174 du 3 février 2011 : (Question posée en néerlandais)

Aux Pays-Bas, les pilules d'ecstasy (XTC) contiennent de plus en plus d'ingrédients actifs. Elles contiennent une forte dose de MDMA ( 3,4-méthylène-dioxy-méthylamphétamine), substance active dans les drogues récréatives. Le Nederlands Trimbos-instituut attire l'attention sur le fait que de nombreuses pilules hautement dosées sont en circulation.

Durant de nombreuses années, la dose moyenne de MDMA dans les pilules d'ecstasy avoisinait 80 milligrammes. Bien que nous ne disposions toujours pas de chiffres précis, cette dose est actuellement bien plus élevée. Quoi qu'il en soit, un quart des pilules contient même une dose supérieure à 140 milligrammes. Selon M. Van Dijk, cette dose est largement supérieure à celle à laquelle ils étaient habitués.

Le Trimbos-instituut incite dès lors les consommateurs d'ecstasy à la prudence. La dose exacte qu'un consommateur peut prendre dépend entre autres de son poids, mais une grande partie des pilules aux Pays-Bas sont trop fortes, et donc, particulièrement dangereuses pour de nombreuses personnes. C'est pourquoi je suis particulièrement inquiet en ce qui concerne les éventuelles victimes que pourraient causer des overdoses d'ecstasy avec un taux de MDMA trop élevé.

Je souhaiterais dès lors soumettre les questions suivantes à la ministre:

1) Comment la ministre réagit-elle à l'annonce du Trimbos-instituut ? Existe-t-il des indications selon lesquelles dans notre pays également, les ingrédients actifs dans l'ecstasy sont de plus en plus nombreux ? Dans la négative, comment la ministre explique-t-elle cette différence ? Dans l'affirmative, peut-elle commenter les actions préventives qu'elle entreprend ?

2) Peut-elle indiquer quelle était la dose moyenne de MDMA dans les pilules d'ecstasy en 2008, 2009 et 2010 ? Qu'en est-il de la composition de ces pilules par rapport au chiffre néerlandais de 80 milligrammes ?

3) La ministre peut-elle indiquer si ces derniers mois, dans notre pays, le nombre de milligrammes de MDMA dans les pilules d'ecstasy a également augmenté et si un quart des pilules d'ecstasy contiennent également plus de 140 milligrammes ?

Réponse reçue le 23 mars 2011 :

1. Fin janvier 2011, sur base d’analyses de comprimés de MDMA, l’institut Trimbos a observé, au cours des derniers mois, une augmentation du nombre de comprimés fortement dosés en MDMA. Cette annonce est également parue dans la presse belge (Mediargus, 30 janier 2011).

Le suivi de la présence et de la composition de nouvelles substances psychoactives connues en Belgique est assuré par le Early Warning System on Drugs (EWS) de l’Observatoire belge des drogues et des toxicomanies (BMCDDA), un programme de l’Institut Scientifique de Santé Publique (WIV-ISP). Pour l’année d’enregistrement 2010 (du 1er janvier au 31 décembre 2010), les statistiques de dispersion des doses de 3,4-méthylène-dioxyméthylamphétamine (MDMA) pour le nombre total de comprimés d’ecstasy confisqués et analysés ne sont pas encore disponibles. Les données seront transmises à l’EWS par les laboratoires participants dans le courant de l’automne suivant l’année d’enregistrement. Cependant, pour ce qui est des comprimés hautement dosés, l’EWS est immédiatement averti par le laboratoire en question.

Aucun consensus général relatif à la valeur maximale des comprimés hautement dosés n’a été dégagé au sein de l’Union européenne. En Belgique, les comprimés comprenant une dose égale ou supérieure à 120 mg sont considérés comme hautement dosés (BMCDDA 2005). Il s’agit donc d’un seuil limite inférieur à celui en vigueur aux Pays-Bas (140mg). En 2010, l’EWS a reçu une notification relative à un dosage important de MDMA concernant des capsules (au lieu de comprimés) comportant +/-183 mg de MDMA, découvertes dans la Région d’Anvers.

Le 26 janvier 2011, l'Institut national de criminalistique et de criminologie (INCC) a informé l’EWS de la présence en Belgique de comprimés de MDMA hautement dosés (163-191 mg par comprimé). Suite à cette annonce, un avertissement a été envoyé le lundi 31 janvier 2011 aux services de police, aux services fédéraux, aux hôpitaux, aux laboratoires, aux centres d’aide aux toxicomanes et aux services de prévention, en concertation et en collaboration avec les points focaux régionaux (RFP : Vereniging voor Alcohol en andere Drugsproblemen (VAD) et Eurotox). Des informations relatives aux comprimés d’XTC fortement dosés sont diffusées chaque fois que tels comprimés sont en circulation.

La découverte de tels comprimés d’XTC (>120 mg par comprimé) a lieu quelques fois par an, à savoir 4 fois en 2008 (3,08 % du nombre total de comprimés dont le dosage est connu) et 5 fois en 2009 (11,36 % du nombre total de comprimés dont la dosage est connu). En termes d’évolutions, il convient d’interpréter ces données avec une certaine réserve.

L’une de possibilités qui permettrait d’expliquer les différences de dosage rapportées par rapport aux Pays-Bas, seraient que les comprimées d’XTC sont souvent produits dans des laboratoires locaux.

En matière de prévention, je vous invite à interroger les entités fédérées.

2. Tout d’abord, il convient de souligner que le Drug Information Monitoring Centre (DIMS, unité de l’Institut Trimbos qui est spécifiquement chargée des analyses d’échantillons de drogues) a recours à une autre stratégie et de ce fait, utilise également une autre méthode d’enquête. Le DIMS offre en effet aux consommateurs de drogues la possibilité de faire tester eux-mêmes leurs drogues. En Belgique, l’EWS se base presque exclusivement sur les résultats des échantillons de drogues saisis. Il n’est pas à exclure que les résultats soient influencés par la méthode de recherche. Il convient également de souligner que les échantillons dont le DIMS peut disposer sont bien plus importants que ceux de la Belgique. De ce fait, le DIMS offre vraisemblablement une vue plus complète du marché de l’XTC de son pays.

Pour les années 2008 et 2009 (cf. tableau 1 et figure 1 en annexe), sont illustrées les doses moyennes de MDMA par comprimé, de même que les divergences standards, les médianes, les 25e et 75e de percentiles, les minimas et les maximas. Pour l’année d’enregistrement 2010, aucun résultat final n’est encore disponible.

Comme mentionné ci-dessus, en 2010, l’EWS a reçu une notification relative à un dosage élevé de MDMA. Pour la période allant de 2008 à 2009, le poids total moyen des comprimés contenant de la MDMA en Belgique s’élevait à 262,72 mg (n = 176; déviation standard = 4,39 ; médiane = 266,5 mg ; minimum = 88 mg ; maximum = 520 mg).

Les doses moyennes de MDMA en 2008 et 2009 s’élevaient respectivement à 51,98 et 50,31 mg, soit des chiffres inférieurs aux moyennes de 81,2 et de 66 mg par comprimé respectivement rapportés par les Pays-Bas pour les années 2008 et 2009 (Trimbos, 2011). La figure 1 illustre la médiane (ligne centrale des cases bleues) des doses de MDMA par comprimé pour les années 2008 et 2009 en Belgique. Celles-ci s’élèvent respectivement à 50,76 et 43,90 mg. Les limites supérieures et inférieures des cases de la figure 1 indiquent les 25e et 75e de percentiles de la répartition des doses ; les bordures extérieures du graphique reprennent les limites, avec éventuellement quelques valeurs extrêmes mentionnées en tant que points sur le graphique. En 2008, aucun comprimé ne contenait plus de 140 mg de MDMA. Cependant, quelques doses supérieures à 120 mg ont été découvertes à quelques reprises (n = 4 ; 3,08 %).

En 2009, 6,81 % (n = 3) des comprimés rapportés contenaient plus de 140 mg de MDMA, et 11,36 % (n = 5) plus de 120 mg. Par conséquent, bien qu’en 2009, la moyenne et la médiane des doses de MDMA étaient inférieures à celles de 2008, on rencontrait plus fréquemment des comprimés hautement dosés en 2009 (et ce tant lors de l’utilisation de la limite de 120 mg que de celle de 140 mg).

Pour l’année d’enregistrement 2010, aux Pays-Bas, le DIMS rapportait une dose moyenne de MDMA de 89,5 mg (N = 1994, sd = 35), avec une dose maximale de 213 mg. Dans 7  % des comprimés, on a découvert une dose supérieure à 140 mg de MDMA (Trimbos, 2011). En Belgique, les résultats complets pour l’année 2010 sont prévus pour septembre 2011.

3. Pour l’année d’enregistrement 2010 et le mois de janvier 2011, aucun résultat ayant été validé n’est disponible pour la Belgique. Tel que susmentionné, en 2010, l’EWS a reçu une notification concernant de la MDMA fortement dosée. Sur la base de cette notification, il n’est pas possible de se prononcer quant à une quelconque évolution. Sur base des données des années d’enregistrement 2008 et 2009, on peut observer que la proportion relative des comprimés contenant plus de 140 mg de MDMA est limitée.

Références :

Deprez, N. ; Bollaerts, K. ; De Beer, J. ; van Bussel, J. Combinations and Dosages of Psychoactive Substances in Seized Tablets in Belgium: 2002 – 2009. Working paper.

Mediargus, consulté le 30 janvier 2011, disponible à : http://www.mediargus.be/.

BMCDDA (2005). Verslag van het interregionaal overleg Early Warning System, 5 April 2005.

Trimbos. 2011. Communication personnel.

Annexes : Tableau 1: Doses de base MDMA (mg par comprimé) en Belgique et aux Pays-Bas, 2008 – 2009.


2008

2009


N

n

sd

med

min*

max

N

n

sd

med

min*

max

Belgique

148

130

51,98

2,24

50,76

0,30

128,76

91

44

50,31

6,72

43,90

1,77

169,40

Pays-bas

1 766

1 766

81.2

41



207

1 561

1 561

66

34



218

Source : WIV-ISP : DISP ; Trimbos

N : Nombre total d’échantillons de MDMA rapportés ; n : nombre d’échantillons pour lequels la dose est connue : dose moyenne ; sd : déviation standard ; med : médiane ; min : minimum des doses de MDMA rapportées ; max : maximum des doses de MDMA rapportées

* Minimum rapporté sous réserve. Cette valeur dépend de la limite de détection du dispositif d’analyse.

MDMA dosage per Tablet, by Years : “Les données demandées par l'honorable membre lui ont été transmises directement. Étant donné leur nature, elles ne sont pas publiées, mais elles peuvent être consultées au greffe du Sénat.”

Figure 1 : Répartition des doses de MDMA en Belgique, 2008 – 2009.

Les valeurs illustrées sont les suivantes : la médiane, les 25e et 75e de percentile, les limites et les valeurs extrêmes. Les pourcentages indiquent la proportion relative de comprimées contenant plus de 140 mg de MDMA.