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Question écrite n° 5-11265

de Dominique Tilmans (MR) du 20 mars 2014

à la ministre des Classes moyennes, des PME, des Indépendants et de l'Agriculture

les recommandations relatives à la consommation du poisson en Belgique

sécurité des aliments
poisson de mer
pollution des aliments
pollution par les métaux
substance toxique

Chronologie

20/3/2014Envoi question
27/3/2014Réponse

Requalification de : demande d'explications 5-4674

Question n° 5-11265 du 20 mars 2014 : (Question posée en français)

En Norvège, premier pays producteur de saumon, les recommandations alimentaires sont contradictoires. En juin 2013, dans une communication du Ministère de la Santé norvégien, un texte publié sur son site internet informe que "les jeunes femmes et les femmes enceintes devraient éviter de manger plus de deux fois par semaine du poisson gras, saumon, truite, maquereau et hareng compris". Malgré ces recommandations du gouvernement, l'Institut national norvégien de recherche sur la nutrition et les produits de la mer (Nifes), qui produit l'essentiel de la recherche consacrée au poisson, continue de défendre bec et ongles le saumon. Il faut savoir qu'en Norvège l'élevage de poissons représente la 2ème ressource du pays après le pétrole, soit 4 milliards d'euros par an. Un enjeu économique gigantesque ! Nous consommerions 3,5 kg de saumon par seconde en Europe ! Et il n'est pas anodin de noter que la Norvège, qui n'est pas membre de l'Union Européenne, en est le plus grand fournisseur de produits de la mer… !

Mais encore :

- Dernièrement, deux reportages sur France 2 sèment la confusion la plus totale pour le consommateur : faut-il plébisciter le saumon, ses nutriments et ses bons oméga-3, ou le bannir de son assiette ? Les deux reportages informent de manière opposée les consommateurs de saumon puisque l'un (JT du 16/12/13) relève des doses hebdomadaires tolérables (DHT) correctes de contaminants tandis que l'autre (Envoyé Spécial du 07/11/13) révèle l'utilisation excessive de produits chimiques et d'antibiotiques qui peut affecter le poisson et par-là la santé du consommateur.

- En décembre 2012, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a établi des doses hebdomadaires tolérables (DHT) ou "niveaux sûrs", censés protéger les consommateurs des effets nocifs pour la santé dus à une présence éventuelle des principales formes de mercure dans les denrées alimentaires : le méthylmercure et le mercure inorganique. Le thon, l'espadon, le cabillaud, le merlan, les moules, le marlin et le brochet ont été identifiés comme principaux facteurs contribuant à l'exposition au méthylmercure en Europe, pour tous les groupes d'âge, avec en plus le colin pour les enfants.

- En juillet 2013, l'ANSES - Agence française de sécurité sanitaire de l'alimentation - publiait un avis concernant la consommation de poissons. Recommandation principale : ne pas manger plus de deux portions de poisson par semaine. Il s'agit de limiter les risques de contamination au mercure ou aux PCB tout en bénéficiant des apports nutritifs du poisson.

- En juin 2013, l'étude Democophes relevait qu'en Belgique une concentration de mercure " sensiblement supérieure à la moyenne de tous les pays étudiés ". Les valeurs moyennes sont 65 % plus élevées chez les mères et 33 % plus élevées chez les enfants. Cependant, aucune mère n'affiche un niveau de mercure supérieur à la valeur de référence pour la santé. Pour Dominique Aerts, bio-ingénieur au SPF Santé, ces niveaux élevés de mercure peuvent provenir du fait que les Belges mangent beaucoup de poisson…

En effet, on estime pour le saumon seul que nous en consommerions 7 000 tonnes par an soit une hausse de +/- 5 % sur les 3 dernières années.

Par contre les rapports de contrôle de l'AFSCA sur le taux de mercure sur les poissons, mollusques et crustacés sont quant à eux rassurants !

La Belgique serait-elle donc épargnée de ces contaminants particulièrement toxiques ou y a- t-il exagération de la part de la presse, du Gouvernement norvégien et de l'ANSES ?

Mes questions à Madame la ministre :

1) Plus de 50% des poissons consommés en Belgique proviennent d'élevages. Des analyses sur l'alimentation de ces élevages - sur les différents composants des farines de poissons de même que l'origine du poisson servant à fabriquer ces farines - ont elles déjà été effectuées en Europe et en Norvège et si oui, peut-on en connaître les résultats ?

2) Des analyses de taux de mercure (utilisé dans les incinérateurs, centrales électriques au charbon, il est un puissant neurotoxique surtout présent dans la chaîne alimentaire aquatique) et PCB, (perturbateur endocrinien et cancérogène probable, il est présent dans les produits d'origine animale : poisson, viande, œufs, produits laitiers. Il est utilisé dans le traitement du bois et du cuir ainsi que dans l'agriculture comme pesticide et herbicide) sont-elles effectuées sur les poissons dits sauvages qui entrent en Belgique, les poissons d'élevage, de même que sur les crustacés et coquillages ? Quel est le résultat de ces analyses ?

Réponse reçue le 27 mars 2014 :

Le contrôle des aliments pour animaux, y compris des aliments destinés aux poissons, est une obligation réglementaire européenne. Il appartient aux États membres de mettre en place des programmes de contrôles basés sur les risques.  L’Office alimentaire et vétérinaire de la Commission européenne vérifie l’efficacité des contrôles officiels. Dans son rapport 2013, la Commission  souligne que, même s’il existe des disparités et que des améliorations restent possibles, les États membres assurent un niveau satisfaisant de mise en œuvre des contrôles officiels tout au long de la chaîne alimentaire. 

En Belgique, l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA) recherche depuis plusieurs années les PCB, les dioxines, l’arsenic, le mercure et les protéines animales non-autorisées dans les aliments destinés aux poissons d’aquaculture. En 2013, 268 tests ont été réalisés. Les résultats actuellement disponibles confirment que les aliments destinés aux poissons d’aquaculture étaient conformes aux normes en vigueur. Près de 500 tests sont programmés en 2014 et ce afin de répondre à une recommandation du Comité scientifique de l’Agence qui préconise d’augmenter le nombre d’analyses des PCB de type dioxine dans les aliments pour poissons. 

Par ailleurs, la Norvège, en tant que membre de l’Association européenne de libre-échange (AELE), est soumise au contrôle de son Autorité de surveillance qui vérifie le respect des standards européens auxquels elle adhère, notamment ceux des aliments pour animaux. 

En 2012, 11.585 poissons y ont été analysés, dont 70% quant aux résidus de médicaments vétérinaires, de métaux lourds et de contaminants chimiques environnementaux. Tous les échantillons respectaient les normes européennes. 

Par ailleurs, je tiens à vous rassurer sur le fait que les PCB ne sont ni autorisés, ni utilisés en agriculture, comme pesticides ou herbicides.  

Les PCB sont persistants dans l'environnement et toxiques pour l'homme et l'animal. L'Europe a instauré depuis le milieu des années '80 une interdiction de mise sur le marché de PCB et d'appareils contenant des PCB.  

L'AFSCA recherche le mercure et les PCB entre autres dans les poissons, mollusques et crustacés. Ces contrôles sont réalisés à tous les niveaux de la chaîne alimentaire, avec une attention spécifique aux produits importés. Les résultats et les mesures associées sont publiés dans les rapports annuels de l'AFSCA. Il n'est cependant pas possible de donner des résultats spécifiques pour les poissons sauvages importés en Belgique étant donné que le caractère sauvage ou d’élevage des poissons n’est pas enregistré.

En 2013, les résultats provisoires des 375 analyses de mercure et PCB sur les poissons, crustacés et coquillages dont 114 sur ces mêmes aliments importés n’ait révélé aucune non-conformité.