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Question écrite n° 4-241

de Geert Lambert (SP.A-SPIRIT) du 24 janvier 2008

au ministre des Affaires étrangères

OTAN - Installation d’un bouclier antimissile en Europe - Position de la Belgique

arme nucléaire
politique de l'armement
politique européenne de défense
sécurité européenne
OTAN
défense antimissile
non-prolifération des armements
États-Unis

Chronologie

24/1/2008Envoi question (Fin du délai de réponse: 28/2/2008)
19/3/2008Dossier clôturé

Aussi posée à : question écrite 4-242
Réintroduite comme : question écrite 4-639

Question n° 4-241 du 24 janvier 2008 : (Question posée en néerlandais)

Les États-Unis veulent installer des missiles sur le continent européen – en collaboration avec les alliés européens ou l’OTAN – pour protéger le territoire américain et le territoire européen contre des attaques de missiles depuis le Proche-Orient et l’Afrique du Nord. Après quatre ans de négociations discrètes, le gouvernement américain a officiellement adressé une demande aux gouvernements tchèque et polonais, laquelle a été accueillie favorablement, de construire une station radar à l’est de Prague et d’installer dix missiles en Pologne. Tout le système devrait être opérationnel en 2011.

Le Strategic Concept de l’OTAN vise aussi la protection du territoire, des troupes et des agglomérations contre des attaques de missiles balistiques à moyenne et longue portée (full spectrum protection). En novembre 2006, le sommet de l’OTAN à Riga a approuvé une étude de 10.000 pages sur la faisabilité technique, le calendrier et le coût d’un missile defence system global avec la mention « favorable ». La décision de mener cette étude a été prise à Prague quatre ans plus tôt, l’étude a été rédigée sous la responsabilité de la Conference of National Armaments Directors (CNAD) de l’OTAN mais exécutée par un consortium de toutes les entreprises qui travaillent à ces systèmes de missiles. Un résumé de cette étude n’a jamais été rendu public et il est systématiquement refusé aux parlementaires qui le demandent. Pourtant, on brandit constamment cette étude au sein de l’OTAN.

Quelques remarques critiques peuvent être formulées sur le bouclier antimissile. Premièrement, son coût reste très flou. L’installation du système en Pologne et en Tchéquie coûterait environ 1,6 milliard de dollars. L’extension du système à toute l’Europe de l’Ouest coûterait cinq milliards de dollars, mais des détails sur ce point font entièrement défaut.

Deuxièmement, un tel « bouclier » confirme la prédominance du « militaire » dans la politique de sécurité et conduit à une nouvelle course aux armements, y compris de l’espace. Et ce seront les Américains et non leurs alliés qui décideront de pousser sur le bouton de mise à feu. Troisièmement, le principe selon lequel des « États voyous » comme l’Iran menaceraient notre territoire ne repose pas sur des bases solides et l’opposition de la Russie a été sous-estimée. Dans le courant de l’année 2007, la Russie a, en réaction, gelé sa participation à l’ancien Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe (Traité FCE).

L’OTAN évoquera de nouveau la réalisation de ce missile defence system à Bucarest en avril 2008. À cette occasion, des décisions pourraient être prises sans qu’aucun parlement n’ait jamais pu dire quelque chose d’utile à ce sujet, faute d’avoir pu consulter l’étude. Cela n’est pas sans rappeler la décision subreptice prise antérieurement à propos des missiles de croisière.

Afin d’éviter que les citoyens belges ne soient de nouveau mis devant le fait accompli, j’aimerais que le ministre dise si, à cette réunion de l’OTAN, la Belgique s’opposera à la mise en service d’un bouclier antimissile ?