SÉNAT DE BELGIQUE
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Session 2021-2022
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27 octobre 2021
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SÉNAT Question écrite n° 7-1392

de Rik Daems (Open Vld)

à la ministre de l'Intérieur, des Réformes institutionnelles et du Renouveau démocratique
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Cryptographie - Ordinateurs quantiques - Vie privée - Espionnage - Chiffres et tendances
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cryptographie
protection des données
protection de la vie privée
ordinateur
sécurité des systèmes d'information
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27/10/2021Envoi question
25/11/2021Réponse
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Aussi posée à : question écrite 7-1391
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SÉNAT Question écrite n° 7-1392 du 27 octobre 2021 : (Question posée en néerlandais)

Il ressort d'une brochure récente de l'AIVD, le service néerlandais des renseignements généraux et de la sécurité, que l'arrivée des ordinateurs quantiques représente une menace pour notre vie privée (https://www.aivd.nl/documenten/publicaties/2021/09/23/bereid je voor op de dreiging van quantumcomputers).

Depuis des décennies déjà, on sait qu'il sera possible d'exploiter les connaissances issues de la mécanique quantique pour attaquer, au moyen d'un ordinateur quantique, la cryptographie asymétrique qui est la plus couramment utilisée. Les ordinateurs quantiques seraient capables de déchiffrer tous les fichiers cryptés possibles et imaginables.

Selon les experts, il y a un risque, certes faible mais réel, qu'en 2030, les ordinateurs quantiques seront suffisamment puissants pour craquer les normes cryptographiques actuelles. Mais le danger est déjà bien présent. En effet, les données que l'on crypte, que l'on transmet ou que l'on stocke aujourd'hui peuvent être interceptées et pourront être déchiffrées demain par un ordinateur quantique. Il faut donc commencer dès maintenant à crypter les données qui seront toujours sensibles et confidentielles en 2030 afin de protéger celles-ci contre les attaques d'un ordinateur quantique.

Le Bureau national néerlandais pour la protection des connexions (NBV) recommande dès lors l'utilisation de la cryptographie post-quantique (PQC) en combinaison avec un algorithme asymétrique existant (construction hybride). Il y voit un moyen de protection efficace contre les attaques des ordinateurs quantiques. Aux États-Unis, l'Institut national des normes et de la technologie (NIST) a lancé dès 2016 une procédure ouverte en vue de l'élaboration de normes internationales. Ces normes sont attendues aux alentours de 2024.

Outre la technologie PQC, le NBV recommande d'autres méthodes de cryptage : la cryptographie symétrique et la distribution quantique de clé (QKD).

La cryptographie symétrique (comme AES) permet de rendre les informations moins vulnérables face aux attaques d'un ordinateur quantique. La distribution quantique de clé (QKD) échange des clés numériques au moyen de techniques issues de la mécanique quantique. Cette méthode d'échange de clés permet de détecter systématiquement toute écoute par un tiers.

Si l'on veut migrer vers un dispositif offrant une protection contre les ordinateurs quantiques, on ne doit pas le faire trop tôt car cela risque de coûter beaucoup de temps et d'argent. Mais il ne faut pas trop tarder non plus au vu du risque auquel les données sensibles sont exposées. C'est pourquoi le NBV recommande d'élaborer dès maintenant une stratégie de migration.

En ce qui concerne le caractère transversal de la présente question : les différents gouvernements et maillons de la chaîne de sécurité se sont accordés sur les phénomènes qui devront être traités en priorité au cours des quatre prochaines années. Ceux-ci sont définis dans la note-cadre de sécurité intégrale et dans le plan national de sécurité 2016-2019 et ont été discutés lors d'une conférence interministérielle à laquelle les acteurs de la police et de la justice ont également participé. Il s'agit donc d'une matière transversale qui relève également des Régions, le rôle de ces dernières se situant surtout dans le domaine de la prévention.

Je souhaiterais dès lors poser les questions suivantes au ministre :

1) Dans quelle mesure les données sensibles cryptées des services publics sont-elles protégées pour le futur? A-t-on conscience du danger que représentent les ordinateurs quantiques à moyen terme ? Si oui, quelles mesures ont déjà été prises ? Si non, pourquoi ?

2) A-t-on déjà une idée de la menace que l'informatique quantique pourrait faire peser sur notre sécurité ? Des mesures ont-elles déjà été prises pour renforcer le cryptage des données sensibles ?

3) D'après les estimations, combien de documents et de fichiers des pouvoirs publics seraient vulnérables en l'absence de migration vers un dispositif de cryptage qui soit à l'épreuve des ordinateurs quantiques ?

4) La sécurisation des canaux de communication sensibles par des niveaux de protection supplémentaires est-elle une priorité? Pourquoi oui/non ? Pensez-vous que le système de protection actuel sera encore opérationnel après cinq ans ? Et qu'en sera-t-il après dix ans ?

5) Est-il prévu de renforcer la sécurité TIC pour des cibles stratégiquement sensibles (centrales nucléaires, hôpitaux, universités, trains, etc.) dans le cadre des évolutions à venir ?

6) Comment peut-on informer les citoyens à ce sujet ? Que peuvent-ils faire eux-mêmes pour mieux se protéger dans ce domaine ?

7) Les services compétents ont-ils élaboré une stratégie de migration pour les fichiers, comme c'est le cas aux Pays-Bas ? Si oui, quelle est cette stratégie ? Quelles directives seront appliquées à cet égard ? Comment procédera-t-on ? Des budgets ont-ils été prévus? Quels sont les documents et les services qui bénéficieront de la priorité en termes de cryptage au sein des pouvoirs publics et des services de sécurité? Si ce n'est pas le cas, pourquoi ?

Réponse reçue le 25 novembre 2021 :

Cette question parlementaire ne relève pas de mes compétences mais de la compétence du premier ministre de qui dépend le Centre for Cyber Security Belgium.

J’informe également l’honorable membre, qu’en réponse à cette question, je me réfère aussi à la réponse à la question no 7-1391 adressée au vice-premier ministre et ministre de la Justice et de la Mer du Nord.