5‑121COM

Sénat de Belgique

Session ordinaire 2011‑2012

Justice

Mercredi 8 février 2012

Séance du matin

5‑121COM

Belgische Senaat

Gewone Zitting 2011‑2012

Justitie

Woensdag 8 februari 2012

Ochtendvergadering

Compte rendu provisoire

 

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Voorlopig verslag

 

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Sommaire

Inhoudsopgave

Demande d’explications de Mme Zakia Khattabi à la ministre de la Justice sur «l’arrêté royal relatif à la subvention d’organismes offrant un encadrement spécialisé aux citoyens impliqués dans une procédure judiciaire» (no 5‑1676) 2

Demande d’explications de Mme Zakia Khattabi à la ministre de la Justice sur «l’incarcération des mineurs d’âge» (no 5‑1677) 3

Demande d’explications de Mme Zakia Khattabi à la ministre de la Justice sur «l’accord entre la Belgique et les États-Unis pour la prévention et la lutte contre les crimes graves» (no 5‑1678) 6

Demande d’explications de Mme Zakia Khattabi à la ministre de la Justice sur «la lutte contre le trafic des êtres humains» (no 5‑1679) 9

Demande d’explications de M. Karl Vanlouwe à la ministre de la Justice sur «la lettre ouverte et la position des magistrats du Parquet de Bruxelles» (no 5‑1723) 12

Demande d’explications de M. Bert Anciaux à la ministre de la Justice sur «les perquisitions au parquet d’Anvers» (no 5‑1760) 14

Demande d’explications de M. Patrick De Groote à la ministre de la Justice sur «les détenteurs d’une arme défensive ou d’une arme de guerre selon le Registre central des armes» (no 5‑1770) 17

 

Vraag om uitleg van mevrouw Zakia Khattabi aan de minister van Justitie over «het koninklijk besluit betreffende de subsidiëring van instellingen die voorzien in een gespecialiseerde begeleiding voor burgers die verwikkeld zijn in een gerechtelijke procedure» (nr. 5‑1676) 2

Vraag om uitleg van mevrouw Zakia Khattabi aan de minister van Justitie over «de opsluiting van minderjarigen» (nr. 5‑1677) 3

Vraag om uitleg van mevrouw Zakia Khattabi aan de minister van Justitie over «het akkoord tussen België en de Verenigde Staten over het voorkomen en bestrijden van ernstige misdrijven» (nr. 5‑1678) 6

Vraag om uitleg van mevrouw Zakia Khattabi aan de minister van Justitie over «de strijd tegen mensenhandel» (nr. 5‑1679) 9

Vraag om uitleg van de heer Karl Vanlouwe aan de minister van Justitie over «de open brief en het standpunt van de Brusselse Parketmagistraten» (nr. 5‑1723) 12

Vraag om uitleg van de heer Bert Anciaux aan de minister van Justitie over «de huiszoekingen bij het Antwerpse parket» (nr. 5‑1760) 14

Vraag om uitleg van de heer Patrick De Groote aan de minister van Justitie over «de houders van een verweer- of oorlogswapen in het Centraal Wapenregister» (nr. 5‑1770) 17

 

Présidence de M. Alain Courtois

(La séance est ouverte à 11 h 45.)

Voorzitter: de heer Alain Courtois

(De vergadering wordt geopend om 11.45 uur.)

Demande d’explications de Mme Zakia Khattabi à la ministre de la Justice sur «l’arrêté royal relatif à la subvention d’organismes offrant un encadrement spécialisé aux citoyens impliqués dans une procédure judiciaire» (no 5‑1676)

Vraag om uitleg van mevrouw Zakia Khattabi aan de minister van Justitie over «het koninklijk besluit betreffende de subsidiëring van instellingen die voorzien in een gespecialiseerde begeleiding voor burgers die verwikkeld zijn in een gerechtelijke procedure» (nr. 5‑1676)

Mme Zakia Khattabi (Ecolo). – L’arrêté royal du 17 décembre 2003 relatif à la subvention d’organismes offrant un encadrement spécialisé aux citoyens impliqués dans une procédure judiciaire fixe notamment, sur base annuelle, le nombre de membres du personnel équivalents temps plein subventionnés selon l’activité. C’est donc, en principe, sur base de cet arrêté que sont conclues les conventions en matière de personnel avec les associations concernées.

Votre prédécesseur, madame la ministre, avait affirmé que cet arrêté royal allait être modifié. Mais actuellement, ce n’est toujours pas le cas, l’arrêté de remplacement étant toujours « en cours de rédaction ».

Or, depuis 2008, la manière d’évaluer le personnel nécessaire au travail des associations concernées a été modifiée, au moins pour certaines associations. En effet, le nombre d’équivalents temps plein ne dépend plus du nombre de dossiers traités, comme le prévoit l’arrêté royal de 2003, mais du nombre d’heures de travail en groupe. C’est un véritable cercle vicieux car avec le personnel actuel, il est impossible d’augmenter le nombre d’heures de travail, condition pour pouvoir bénéficier de personnel supplémentaire.

Madame la ministre, pouvez-vous me dire sur quelle base légale reposent ces attributions de moyens et ce qui a motivé le changement de méthode de calcul des besoins en personnel ? Envisagez-vous toujours de modifier l’arrêté royal du 17 décembre 2003 et, le cas échéant, dans quel délai ?

Mevrouw Zakia Khattabi (Ecolo). –

Mme Annemie Turtelboom, ministre de la Justice. – L’arrêté royal du 17 décembre 2003 relatif à la subvention d’organismes offrant un encadrement spécialisé aux citoyens impliqués dans une procédure judiciaire régit les projets nationaux. Les activités pour lesquelles ces organismes peuvent recevoir des subsides sont les suivantes : les mesures de formation ordonnées en probation ou en médiation pénale, les travaux d’intérêt général dans le cadre de la médiation pénale, les peines de travail, les médiations. Tous les projets nationaux sont tenus, comme les projets issus du Plan global, par des critères quantitatifs ainsi que par certains autres critères tels que la collaboration avec l’administration, le fait de veiller à offrir au personnel une formation appropriée, etc.

En 2007, l’Inspection des Finances a demandé à l’administration d’établir de nouveaux critères d’attribution des subventions, estimant que ceux prévus par l’arrêté royal de 2003 ne reflétaient pas la réalité de travail du terrain. L’Inspection des Finances indique que les demandes d’élargissement ne seront acceptables que si des critères d’output quantitatifs, clairs, applicables et pertinents sont disponibles. L’administration a fait une proposition de nouveaux critères quantitatifs. Ma proposition tend à une harmonisation des pratiques en ce qui concerne le type d’encadrement des peines de travail (dispatching) et s’attelle à prendre en compte le type de formation offerte et le nombre d’heures proposées.

Consécutivement à la position de l’Inspection des Finances, notre administration se réfère depuis 2008 à ce projet d’arrêté pour accorder les extensions de personnel. Lors du Conseil des ministres du 3 février 2012, tous les projets concernés ont été approuvés et peuvent donc entrer en vigueur. Le montant total pour les projets de 2012 est de plus de six millions d’euros.

Mevrouw Annemie Turtelboom, minister van Justitie. –

Mme Zakia Khattabi (Ecolo). – Donc, madame la ministre, c’est un avis de l’Inspection des Finances qui a motivé la modification. Je serais curieuse de savoir sur quelle base l’Inspection des Finances se fonde pour dire que l’arrêté tel qu’il existait ne correspondait pas à la réalité. Je m’en informerai.

Il conviendrait peut-être, madame la ministre, que l’Inspection des Finances ainsi que vous-même entendiez les acteurs de terrain pour vous rendre compte de la difficulté qu’éprouvent certaines associations à répondre à ces nouveaux critères.

Par ailleurs, je n’ai pas entendu dans votre réponse si vous envisagiez toujours de modifier l’arrêté royal en tant que tel ou si vous comptiez poursuivre sur la base de ce qui se fait depuis 2008.

Mevrouw Zakia Khattabi (Ecolo). –

Demande d’explications de Mme Zakia Khattabi à la ministre de la Justice sur «l’incarcération des mineurs d’âge» (no 5‑1677)

Vraag om uitleg van mevrouw Zakia Khattabi aan de minister van Justitie over «de opsluiting van minderjarigen» (nr. 5‑1677)

Mme Zakia Khattabi (Ecolo). – En novembre, le Délégué général aux droits de l’enfant a rendu son avis et ses recommandations sur l’incarcération des mineurs. Comme il le souligne, l’enfermement des mineurs qualifiés de « délinquants » devrait être le dernier recours lorsque toutes les autres solutions ont été envisagées et jugées impossibles.

Or, dans les faits, on constate que c’est loin d’être le cas des mineurs incarcérés dans des établissements pénitentiaires. Ces mineurs sont soit des mineurs d’origine étrangère (des mineurs non accompagnés) dont l’âge est contesté, soit des mineurs ayant fait l’objet d’un dessaisissement en vertu de l’article 57bis de la loi du 8 avril 1965.

Le Délégué général, comme le Comité des droits de l’enfant des Nations unies, recommandent de revoir la législation dans le but de supprimer la possibilité de juger des enfants comme des adultes et de les enfermer avec des adultes. En effet, il n’a jamais été démontré que la justice des adultes était mieux outillée que la justice des mineurs face à ces jeunes, la seule garantie qu’elle offre étant que le jeune sera enfermé plus longtemps

Selon les directions des établissements pénitentiaires, les mineurs détenus sont soumis à un régime de détention normal. Mais il ressort du témoignage de ces jeunes que, dans les faits, ceux-ci n’ont que très peu voire pas du tout de contact avec leur famille, notamment en raison de l’éloignement, que la scolarité et la formation posent problème et que rien n’est fait en vue de leur réinsertion et de leur avenir. Le régime qu’ils doivent endurer s’apparente dès lors plus à un régime d’isolement qu’à un régime normal de détention.

Enfin, il semblerait qu’il n’existe pas de statistiques précises et fiables au sujet des mineurs incarcérés dans nos prisons, certains directeurs de prison ignorant même le nombre de jeunes enfermés dans leur établissement ! La Direction générale a néanmoins communiqué des chiffres d’écrou de mineurs pour les années 2006 à 2009.

Madame la ministre, considérez-vous comme normal de faire primer des considérations de sécurité publique sur la Convention internationale des droits de l’enfant en enfermant des mineurs dans des prisons pour adultes ? Que comptez‑vous faire concrètement pour mettre fin à cette situation indigne d’un pays ayant signé cette Convention et pour répondre aux recommandations du Délégué général quant à la révision de la législation dans le but de supprimer la possibilité de juger des enfants comme des adultes, au fait de retirer immédiatement les enfants des prisons pour adultes, au transfert des mineurs d’origine étrangère dont l’âge est contesté dans une institution publique de protection de la jeunesse, à la mise en œuvre de moyens garantissant que les enfants privés de liberté sont placés en détention dans des établissements proches de leur lieu de résidence et que tous ces centres sont desservis par les transports en commun, à la mise en œuvre de moyens garantissant que les enfants privés de liberté bénéficient d’un accès à l’enseignement, comme le requiert la loi pour tous les mineurs ?

Quels sont les chiffres des incarcérations de mineurs pour les années 2010 et 2011 ?

En ce qui concerne les mineurs placés en centre fédéral fermé, il semblait permis d’espérer, avec l’ouverture du centre fédéral fermé de Saint-Hubert, que le problème de la détention de mineurs dans des prisons pour adultes se réglerait de lui-même. Force est de constater qu’il n’en est rien.

Il était également permis d’espérer que la section des jeunes ayant fait l’objet d’un dessaisissement fournirait à ceux-ci un traitement plus favorable que dans les prisons pour adultes et ferait preuve d’un plus grand respect de leurs droits. Or cette section se situe en zone rurale et rien n’a été fait pour faciliter la visite des familles, notamment en termes de transport. Les mineurs sont encadrés par des agents fédéraux qui n’ont aucune formation liée à la jeunesse. Le règlement d’ordre intérieur de cette section qui n’est qu’un simple « copié-collé » du règlement d’une prison classique où quelques articles spécifiques ont été ajoutés, n’a toujours pas été approuvé par vous. Aucune commission de surveillance n’exerce un contrôle indépendant sur cette section, ce qui est contraire aux dispositions prévues par la loi de principe du 12 janvier 2005 concernant l’administration des établissements pénitentiaires ainsi que le statut juridique des détenus. Enfin, les mineurs sont toujours en contact avec les majeurs.

Madame la ministre, je viens de dresser une tableau relativement pessimiste de la situation de ces mineurs. Comptez-vous répondre à chacune de ces lacunes et dans quel délai ?

Mevrouw Zakia Khattabi (Ecolo). –

Mme Annemie Turtelboom, ministre de la Justice. – En vertu de l’article 606 du Code d’instruction criminelle, « les personnes qui, à la suite d’un dessaisissement prononcé sur base de l’article 57bis de la loi 8 avril 1965 relative à la protection de la jeunesse, à la prise en charge des mineurs ayant commis un fait qualifié infraction et à la réparation du dommage causé par ce fait, font l’objet d’un mandat d’arrêt, sont placées dans un centre fédéral fermé pour mineurs ayant commis un fait qualifié infraction. Ce centre est désigné par le Roi. Si les mêmes personnes font l’objet d’une condamnation à une peine d’emprisonnement principal ou accessoire, elles exécutent cette peine dans l’aile punitive d’un centre fédéral fermé pour mineurs ayant commis un fait qualifié infraction. »

La règle est donc claire : tous les dessaisis sont placés non pas dans un établissement pénitentiaire classique, mais dans un centre fédéral fermé –Tongres ou Saint-Hubert. Il peut arriver que le jeune soit incarcéré dans une prison pour adultes par les autorités judiciaires, mais dans ce cas, la procédure prévoit un transfèrement vers Tongres ou Saint-Hubert dans les plus brefs délais. Il existe une exception, toujours inscrite dans la loi, qui prévoit qu’un jeune dessaisi peut être envoyé en établissement pénitentiaire « classique » dans des circonstances particulières.

La problématique des « mineurs » dont l’âge est contesté est beaucoup plus complexe et tient surtout à la détermination de l’âge réel de la personne. En effet, les autorités judiciaires et l’administration pénitentiaire sont souvent confrontées à des détenus qui se prétendent mineurs d’âge, mais qui, en réalité, sont majeurs, et qui essayent ainsi de se soustraire à l’incarcération.

Il est dès lors intellectuellement inexact de considérer que toute personne qui se déclare mineure, l’est réellement et de l’enfermer dans une IPPJ. Il appartient dès lors aux autorités judiciaires de déterminer si la personne est effectivement mineure, et de la placer sous la compétence du juge de la jeunesse, ou majeure, auquel cas elle peut évidemment être incarcérée dans une prison. Il appartient à l’administration pénitentiaire d’agir en fonction de la décision judiciaire.

En dehors du cas des mineurs dessaisis dans des circonstances particulières, il n’y a donc juridiquement pas de mineurs incarcérés dans nos prisons.

S’il devait apparaître, au cours de la détention, qu’un jeune considéré comme majeur est en réalité mineur, son statut juridique serait immédiatement revu et son dossier serait envoyé au juge de la jeunesse. Si celui-ci décidait de ne pas se dessaisir, le jeune serait immédiatement remis en liberté à la disposition du juge de la jeunesse.

En ce qui concerne le fonctionnement du CFJ Saint-Hubert, celui-ci sera examiné conjointement avec les communautés, à la lumière du rapport d’évaluation dressé par les différentes parties, comme le prévoit le protocole de collaboration entre le fédéral et les communautés – la validation finale du Règlement d’ordre intérieur figurera également dans les points à envisager.

Le droit sanctionnel des jeunes fait également partie de ma note de politique générale et, en concertation avec les communautés, différents points seront analysés en ce qui concerne plus spécifiquement la nature des mesures pouvant être prises à l’égard des mineurs ayant commis une infraction, les règles de dessaisissement et les règles de placement en établissement fermé.

Mevrouw Annemie Turtelboom, minister van Justitie. –

Mme Zakia Khattabi (Ecolo). – Je vous remercie de votre réponse, madame la ministre, mais vous n’avez pas répondu à la question concernant le nombre de jeunes. Vous me dites que, juridiquement, les mineurs n’ont pas à se trouver dans un centre d’incarcération pour adultes. Néanmoins, certains s’y trouvent, alors que vous prétendez le contraire.

Il serait intéressant de disposer de chiffres pour que l’on puisse se mettre d’accord sur la réalité de nos prisons. J’aurais également aimé vous entendre reconnaître qu’il est inacceptable que des jeunes soient incarcérés dans nos prisons. Cela m’aurait donné un espoir quant à l’orientation de la politique que vous souhaitez mener en la matière. Or je n’ai rien entendu en ce sens, et je le regrette. La référence que vous faites aux textes est la même que la mienne, certes, mais le problème est que cette législation n’est pas respectée. Je ne manquerai pas de déposer une question écrite en vue d’obtenir des statistiques précises. Je reviendrai alors vers vous afin de vous demander des éclaircissements quant à la politique que vous comptez mener en cette matière.

Mevrouw Zakia Khattabi (Ecolo). –

Demande d’explications de Mme Zakia Khattabi à la ministre de la Justice sur «l’accord entre la Belgique et les États-Unis pour la prévention et la lutte contre les crimes graves» (no 5‑1678)

Vraag om uitleg van mevrouw Zakia Khattabi aan de minister van Justitie over «het akkoord tussen België en de Verenigde Staten over het voorkomen en bestrijden van ernstige misdrijven» (nr. 5‑1678)

Mme Zakia Khattabi (Ecolo). – Une dépêche Belga nous apprenait, en septembre dernier, la signature d’un accord bilatéral entre la Belgique et les États-Unis sur le renforcement de la coopération dans la prévention et la lutte contre les crimes graves. Cet accord vise, comme mentionné dans le communiqué, à « permettre aux enquêteurs belges et américains d’échanger, dans le cadre d’enquêtes judiciaires et policières, des données comme les empreintes digitales et génétiques afin d’accélérer et d’améliorer l’identification d’éventuels terroristes et suspects de crimes graves ».

Cet accord fait peser de lourdes inconnues quant au respect de certaines libertés fondamentales et la Commission de la protection de la vie privée, dans son avis du 24 novembre 2010, pointait d’ailleurs d’importantes lacunes en matière de respect de la vie privée ; ainsi, une définition imprécise des infractions visées dans la loi – qu’est-ce qu’un « crime grave » ? – laisse la porte ouverte à une application arbitraire. Par ailleurs, le citoyen ne jouit pas de garanties effectives en matière de transmission et d’utilisation de ses données personnelles et aucune autorité indépendante ne contrôle le mécanisme. Relevons, enfin, l’absence – inévitable mais préjudiciable – de garanties quant à l’utilisation que les autorités américaines feraient des données recueillies.

Il ne s’agit pas ici de remettre en question la légitimité du combat à mener contre la criminalité grave. Mais, comme la Ligue des droits de l’homme, je m’inquiète de la disproportion des moyens mis en œuvre par rapport à la poursuite de cet objectif et de l’impact de ces moyens sur la protection tout aussi légitime des droits les plus fondamentaux de nos citoyens.

Je m’interroge également sur la raison pour laquelle la simple suspicion de commettre un crime grave – qu’entend-on par « suspicion » et « crime grave » ? – justifie la collaboration des autorités fédérales à la mise sur liste noire de citoyens belges par les autorités américaines.

En outre, malgré ses demandes réitérées auprès du cabinet de votre prédécesseur, la Ligue des droits de l’homme n’a pas réussi à avoir accès au texte final de l’accord. Qu’un tel accord ne puisse être consulté par le public, pourtant directement visé, ne va pas sans poser de questions en matière de transparence démocratique.

Madame la ministre, je souhaiterais savoir s’il a été tenu compte de l’avis de la Commission de la vie privée et des lacunes pointées par celle-ci. Sinon pourquoi pas et que comptez-vous faire pour remédier à ces lacunes ? Pourquoi cet accord n’est-il pas rendu public ? Quand sera-t-il soumis au Parlement ?

Mevrouw Zakia Khattabi (Ecolo). –

Mme Annemie Turtelboom, ministre de la Justice. – Il a effectivement été tenu compte de l’avis de la Commission de la protection de la vie privée.

En ce qui concerne la définition des infractions, l’accord vise des crimes et des délits punissables par des peines de privation de liberté de plus d’un an. Ces infractions sont énumérées dans une annexe qui fait partie intégrante de l’accord.

L’article 11.1 de l’accord a été modifié pour tenir compte de la remarque relative à l’absence de garanties pour le citoyen. Ainsi, les parties reconnaissent l’importance capitale des mécanismes de recours et de la protection de la vie privée des personnes concernées.

L’accord ne crée pas de droits individuels. Chaque personne concernée se voit appliquer son droit national.

En Belgique, la personne concernée s’adresse, conformément à l’article 13 de la loi du 8 décembre 1992 relative à la protection de la vie privée à l’égard des traitements de données à caractère personnel, à la Commission de la protection de la vie privée afin d’exercer son droit d’accès indirect. Si cette Commission estime que les données doivent être corrigées ou effacées, elle s’adresse à son point de contact aux États-Unis, qui sera contraint d’effacer ou de corriger les données.

Par ailleurs, le memorandum of understanding, rédigé en concertation avec les représentants du Department of Homeland Security et du Department of Justice, explique que tout citoyen européen dispose d’un droit d’accès à ses propres données.

Le Freedom of Information Act (FIOA) oblige le gouvernement américain à permettre aux personnes concernées d’avoir accès aux données détenues par les différentes agences fédérales. Si ce droit est refusé, le FIOA prévoit un recours judiciaire.

La mise en œuvre du droit de correction s’effectue grâce à un ou plusieurs recours administratifs soumis à l’Administrative Procedure Act (APA) qui régit la façon dont les agences du gouvernement américain peuvent proposer et établir des règlements.

Mevrouw Annemie Turtelboom, minister van Justitie. –

Il établit également un recours devant les tribunaux fédéraux américains afin de réviser les décisions de ces agences ; ces décisions sont susceptibles d’annulation si elles s’avèrent arbitraires, fantasques, relèvent d’un abus de pouvoir ou sont contraires à la loi.

Le citoyen belge ou européen dispose donc d’une double voie de recours, soit devant la Commission belge de la vie privée qui imposera sa décision à son point de contact américain, soit conformément aux procédures américaines existantes.

Quant au contrôle par une autorité indépendante, un article 18 a été inséré dans le texte de l’accord afin de rencontrer cette condition. Cet article instaure un contrôle par une autorité indépendante de protection des données compétente pour chaque partie.

En Belgique les données sont soumises à la loi du 8 décembre 1992 et au contrôle de la Commission de la protection de la vie privée, organe indépendant institué auprès du Parlement.

Aux États-Unis, la structure des autorités responsables de la protection des données diffère de celle que l’on connaît en Belgique. On peut néanmoins conclure que ces mécanismes de contrôle peuvent se prévaloir d’une indépendance fonctionnelle.

Concernant les garanties quant à l’utilisation des données par les autorités américaines, l’accord prévoit que les parties s’engagent à s’assurer que les données transmises sont adéquates et pertinentes au regard de la finalité déterminée du transfert. Elles s’engagent également à ne conserver les données que le temps nécessaire à la réalisation de la finalité déterminée ainsi qu’à corriger les données qui se révèlent incorrectes.

En ce qui concerne la publicité de cet accord ainsi que sa présentation aux Chambres, je vous renvoie à mon collègue en charge des Affaires étrangères. C’est, en effet, à lui qu’il revient de soumettre cet accord au parlement.

 

Mme Zakia Khattabi (Ecolo). – Je prendrai contact avec votre collègue des Affaires étrangères pour obtenir le texte ainsi que son annexe.

La question de l’adéquation et de la pertinence de la conservation des informations continue à me préoccuper, car on peut croire que chacune des parties pourra l’évaluer à sa guise.

En ce qui concerne le contrôle par une instance indépendante, vous évoquez un organe institué auprès du parlement. Duquel s’agit-il ? Je ne suis pas sûre d’avoir bien saisi votre réponse.

Mevrouw Zakia Khattabi (Ecolo). –

Demande d’explications de Mme Zakia Khattabi à la ministre de la Justice sur «la lutte contre le trafic des êtres humains» (no 5‑1679)

Vraag om uitleg van mevrouw Zakia Khattabi aan de minister van Justitie over «de strijd tegen mensenhandel» (nr. 5‑1679)

Mme Zakia Khattabi (Ecolo). – À l’occasion de la journée de la lutte contre le trafic des êtres humains, le 18 octobre, le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme a présenté son rapport annuel sur la traite et le trafic des êtres humains. Dans ce rapport, la thématique est étudiée sous l’angle de la lutte contre la fraude sociale, et le centre formule l’hypothèse que la lutte contre cette fraude bénéficie aussi à la lutte contre la traite des êtres humains à des fins d’exploitation économique.

Ce rapport met également l’accent sur les responsabilités en chaîne, depuis les donneurs d’ordre jusqu’aux sous-traitants. À ce sujet, le centre réitère l’importance de l’adoption d’une loi instaurant une coresponsabilité des donneurs d’ordre, et ce d’autant plus que la législation européenne en impose l’adoption. Il estime louables mais insuffisantes les initiatives isolées prises par certains secteurs économiques exposés au risque de traite des êtres humains.

Le centre plaide donc pour que les projets actuellement en discussion se voient accorder une plus haute priorité dans l’agenda politique, afin que le travail législatif entamé en 2003 puisse enfin aboutir. Cette priorité se fait d’autant plus pressante que, selon les chiffres récemment avancés par la police, 23 000 personnes seraient encore victimes d’exploitation sexuelle en Belgique.

Madame la ministre, confirmez-vous ce chiffre ? Comment et selon quels critères a-t-il été établi ? Si vous confirmez ce chiffre, pouvez-vous me dire ce qui a été mis en œuvre pour aider ces personnes ?

Par ailleurs, l’article 12 de la loi du 13 avril 1995 contenant des dispositions en vue de la répression de la traite des êtres humains et de la pornographie enfantine dispose ce qui suit : « Le Gouvernement fait tous les deux ans » – depuis la loi du 12 août 2005 – « rapport au Parlement sur l’application de la présente loi et sur la lutte contre la traite et le trafic des êtres humains en général. »

Mevrouw Zakia Khattabi (Ecolo). –

Ce rapport contient notamment un exposé de la situation en ce qui concerne les poursuites judiciaires. Or, sur le site internet du service de la politique criminelle où sont publiés les rapports existants, le dernier rapport date de 2006.

Où sont les rapports suivants ? Ont-ils été rédigés ? Sinon, pour quelles raisons ne figurent-ils pas sur le site du service de la politique criminelle ? Que comptez-vous faire pour que les prochains rapports soient publiés dans les délais ?

Par ailleurs, le 15 avril dernier, la nouvelle directive 2011/36/UE du Parlement européen et du Conseil du 5 avril 2011 sur la traite des êtres humains a été publiée. Elle remplace la précédente décision-cadre sur la traite des êtres humains afin de répondre aux récentes évolutions dans ce domaine. L’article 19 de cette directive prévoit que « Les États membres prennent les mesures nécessaires pour mettre en place des rapporteurs nationaux ou des mécanismes équivalents. Ces mécanismes visent notamment à déterminer les tendances en matière de traite des êtres humains, à évaluer les résultats des actions engagées pour lutter contre ce phénomène, y compris la collecte de statistiques, en étroite collaboration avec les organisations pertinentes de la société civile qui sont actives dans ce domaine, et à établir des rapports ».

Pouvez-vous me dire, madame la ministre, où en sont les discussions à ce sujet et qui est pressenti comme rapporteur pour la Belgique ?

 

Mme Annemie Turtelboom, ministre de la Justice. – La Belgique est l’un des pays les plus actifs en matière de lutte contre la traite des êtres humains (TEH). L’arrêté royal du 16 mai 2004 a mis en place un mécanisme de coordination de la politique de lutte contre ce phénomène criminel ; il s’agit de la Cellule interdépartementale de coordination de la lutte contre le trafic et la traite des êtres humains. Cette cellule est présidée par le ministre de la Justice et est composée des différents départements et services compétents en la matière. Afin de veiller à la mise en œuvre des décisions de la Cellule, l’arrêté royal de 2004 a créé un Bureau qui est présidé par le Service de la Politique criminelle et dont le secrétariat est exercé par le Centre pour l’égalité des chances.

Dans le cadre de leurs travaux, le Bureau et la Cellule interdépartementale ont élaboré et mis en œuvre divers projets : élaboration du plan d’action national en matière de lutte contre le trafic des êtres humains, circulaire multidisciplinaire relative à la protection des victimes ou encore flyer d’informations à destination des demandeurs d’un visa de travail.

Le Bureau de la Cellule et un groupe de travail ad-hoc ont également travaillé sur des projets de texte portant sur la question de la responsabilité des donneurs d’ordre qui recourent à des intermédiaires se livrant à la traite des êtres humains. Ces propositions finalisées n’ont cependant pas pu être discutées en raison de la démission du gouvernement.

Le chiffre évoqué a bien été repris dans la presse. Cependant, il reprend des procès-verbaux qui ont été dressés dans le cadre de la prostitution mais qui ne portaient pas tous la qualification de « traite des êtres humains ». Il y a donc une nuance à apporter.

Je n’ai pas de détails sur le nombre de PV qui concernaient la traite des êtres humains sensu stricto. Cependant, il ressort des chiffres du Collège des procureurs généraux qu’en 2010, par exemple, 175 dossiers ont été ouverts dans les parquets belges en matière de traite des êtres humains pour exploitation sexuelle. La banque de données nationale générale de la police indique également qu’en 2010, 119 infractions en la matière ont été enregistrées.

La Belgique a été l’un des premiers pays à développer des mécanismes d’aide et d’assistance spécifiques aux victimes de traite des êtres humains. La délivrance de titres de séjour et l’aide apportée aux victimes sont détaillées dans la loi du 15 décembre 1980. La collaboration et les tâches des acteurs de terrain sont décrites dans la circulaire du 26 septembre 2008 relative à la mise en œuvre d’une coopération multidisciplinaire concernant les victimes de la traite des êtres humains et/ou de certaines formes aggravées de trafic des êtres humains. Cette circulaire a elle-même fait l’objet d’une évaluation.

De manière générale, et comme cela a aussi été souligné dans le rapport du Centre pour l’égalité des chances ou dans l’évaluation de la circulaire du 26 septembre 2008, il y a lieu de développer à l’avenir nos efforts de sensibilisation à destination de certains acteurs autres que les services d’inspection ou de ceux qui sont le plus directement confrontés à la traite des êtres humains.

Mevrouw Annemie Turtelboom, minister van Justitie. –

Il peut s’agir, par exemple, du milieu médical ou de certains services sociaux.

Le rapport 2007-2008 du gouvernement a été transmis aux assemblées parlementaires le 28 octobre 2011. II peut aussi être consulté sur le site du Service de la Politique criminelle. Le retard est dû au fait que les réponses ont été collectées en 2009 et que la rédaction du rapport a dû être interrompue pour se consacrer aux activités de la présidence belge de l’Union européenne dès le début 2010. Les travaux de préparation du prochain rapport sont en cours.

Quant à la mise en œuvre de la directive, des réflexions approfondies sont nécessaires. Cependant, j’attire votre attention sur plusieurs éléments à prendre en compte.

La directive européenne fait bien mention de « rapporteur national ou mécanisme équivalent ». La condition d’indépendance n’est pas reprise dans l’instrument européen. Les États ont donc le choix de désigner une entité/institution chargée de ces tâches ou plusieurs puisqu’il est question aussi de mécanisme équivalent.

Diverses situations se rencontrent dans les autres États européens. Il semblerait qu’environ six pays disent disposer d’un « rapporteur national ». Les autres pays parlent davantage de « mécanismes équivalents » dans la mesure où ces mécanismes sont souvent une instance de coordination.

Je peux vous fournir par écrit des informations sur les autres États membres.

Enfin, la Cellule interdépartementale peut occasionnellement produire des rapports d’évaluation. Cela a été dernièrement le cas dans le cadre de l’évaluation de la mise en œuvre de la circulaire relative à la coopération multidisciplinaire concernant les victimes de traite des êtres humains.

En conséquence, sur le plan strictement légal, il me semble que la Belgique se conforme déjà à la directive car elle remplit les conditions liées au mécanisme équivalent.

 

Mme Zakia Khattabi (Ecolo). –Il semble qu’en Belgique, un rapporteur ne sera pas non plus désigné en tant que tel. Dès lors, la cellule « traite des êtres humains » du centre serait-elle le rapporteur ? Ce n’est pas très clair.

Je relirai attentivement les nombreux éléments que contient la réponse de la ministre, et je l’interrogerai à nouveau par la suite.

Mevrouw Zakia Khattabi (Ecolo). –

Demande d’explications de M. Karl Vanlouwe à la ministre de la Justice sur «la lettre ouverte et la position des magistrats du Parquet de Bruxelles» (no 5‑1723)

Vraag om uitleg van de heer Karl Vanlouwe aan de minister van Justitie over «de open brief en het standpunt van de Brusselse Parketmagistraten» (nr. 5‑1723)

M. Karl Vanlouwe (N-VA). –

De heer Karl Vanlouwe (N-VA). – De bezorgdheid over de voorgestelde hervormingen inzake het gerechtelijk arrondissement Brussel wordt steeds groter. In het verleden werd reeds een standpunt ingenomen door de Nederlandstalige magistraten bij de rechtbank van eerste aanleg te Brussel, medeondertekend door de voorzitter, de heer Hennart.

Er verscheen ook een open brief van de voorzitter van de arbeidsrechtbank, Gaby Van den Bossche, in verschillende kranten. Verder nam de Orde van de Vlaamse balies en uiteraard ook de Nederlandstalige Orde van advocaten een standpunt in. Ze staan allemaal zeer negatief tegenover de voorgestelde hervormingen met betrekking tot het gerechtelijk arrondissement Brussel-Halle-Vilvoorde.

Begin december werd ook een open brief aan de minister van Justitie gericht, opgesteld door Brusselse parketmagistraten en ondertekend door de bijna alle Nederlandstalige parketmagistraten en zelfs enkele Franstalige parketmagistraten.

In die open brief werd de bezorgdheid en het ongenoegen over het taalstatuut van het gerechtelijk arrondissement Halle-Vilvoorde geuit. Enkele Franstalige parketmagistraten zouden worden gedetacheerd naar dat toekomstige parket. Daarnaast was er bezorgdheid over het personeelsbestand voor het op te richten parket Halle-Vilvoorde en over de parketmagistraten die in Brussel actief zullen zijn voor de behandeling van de Nederlandstalige zaken in Brussel. Verder is er de discussie over de ontdubbeling van de zetel. In de tekst van het regeerakkoord is immers sprake van een ontdubbeling van de zetel en niet van een splitsing van de zetel. Anderzijds is er wel een splitsing van het parket. Bijgevolg ontstaat een asymmetrische situatie waarbij de zetel dus wordt ontdubbeld en het parket wordt gesplitst.

Verder is er bezorgdheid over de detachering van Franstalige magistraten naar het parket Halle-Vilvoorde, over het geplande kader van de Nederlandstalige rechtbank van Brussel en over de concrete invulling van de locatie.

De inhoud van die brief werd besproken op meerdere vergaderingen van de Brusselse parketmagistraten, in aanwezigheid van de Brusselse procureur des Konings, de heer Bulthé.

Uiteindelijk is gebleken dat de procureur-generaal van het hof van beroep van Brussel via de Brusselse procureur des Konings een verbod heeft opgelegd om dergelijke open brief te verspreiden. De inhoud van de open brief is echter voldoende bekend. De brief bevat een uitvoerige opsomming van mogelijke problemen en tekortkomingen waarop wordt gewezen door de magistraten, die tenslotte de eerste uitvoerders zullen zijn van de wijzigingen die in het regeerakkoord zijn opgenomen.

De procureur-generaal heeft uitdrukkelijk gevraagd om geen initiatief te nemen. Hij stelt dat dit ingaat tegen de deontologie van de magistraat en maakt de opmerking dat magistraten ‘niet aan politiek mogen doen’. Hij stelde voor om de opmerkingen via hemzelf te laten verlopen.

Er zijn wel andere initiatieven genomen door de zittende magistratuur, door de voorzitter van de arbeidsrechtbank in Brussel. Daarvan is de minister op de hoogte.

Wie heeft opdracht gegeven om de open brief niet publiek bekend te maken?

Is de minister van mening dat magistraten, zowel zetelende als parketmagistraten, standpunten of initiatieven kunnen innemen over justitiële hervormingsplannen ? De commissie voor de Justitie nodigt geregeld magistraten uit voor hoorzittingen, waarop ze uitdrukkelijk een standpunt innemen. Dat gebeurde onlangs nog over het wetsvoorstel inzake tucht, en met betrekking tot de familierechtbanken. Gaat een open brief in tegen de deontologie van de magistraat? In welke mate hebben magistraten recht op vrije meningsuiting?

Mme Annemie Turtelboom, ministre de la Justice. –

Mevrouw Annemie Turtelboom, minister van Justitie. – Ik heb de open brief ontvangen. Het exemplaar was niet ondertekend, dus ik kan niet nagaan wie de auteurs van de brief zijn.

Met betrekking tot de deontologie van de zetelende en de staande magistratuur bestaat er in België geen gecodificeerde regeling. Het Gerechtelijk Wetboek voorziet slechts in een algemene deontologische regel. Met name voor degenen die hun ambtsverplichtingen verzuimen of door hun gedrag afbreuk doen aan de waardigheid van hun ambt kunnen de tuchtstraffen bepaald in bedoeld hoofdstuk van het Gerechtelijk Wetboek worden toegepast. Magistraten zijn dus gebonden aan verplichtingen. Onder de algemene aanvaarde regels is er de verplichting tot terughoudendheid en de discretie van de magistraat in het uiten van zijn opinie. Die regel kan echter niet zo geïnterpreteerd worden dat hij de vrijheid van meningsuiting van de magistraat uitsluit.

De Hoge Raad voor de Justitie heeft een werkgroep opgericht, zoals ik heb gevraagd, met als doel een leidraad voor positieve deontologie op te stellen, die de basiswaarde van de magistraten zou bevatten, en die zich zou uitspreken over verschillende gedragingen in het beroeps- en privéleven van de magistraten. De Hoge Raad voor de Justitie onderzoekt tevens de mogelijkheid om referentiemagistraten inzake deontologie aan te wijzen.

M. Karl Vanlouwe (N-VA). –

De heer Karl Vanlouwe (N-VA). – Volgens de regelgeving uit het Gerechtelijk Wetboek mag inderdaad geen afbreuk worden gedaan aan de waardigheid van het ambt van magistraat en wordt terughoudendheid en discretie gevraagd. Anderzijds zegt de minister dat de magistraten moeten kunnen beschikken over de vrijheid van meningsuiting.

Magistraten worden inderdaad geregeld uitgenodigd voor hoorzittingen en op geregelde basis nemen ze standpunten in. Ik hoop dat de minister daar rekening mee houdt en dat er geen afbreuk wordt gedaan aan de vrijheid van meningsuiting van de leden van de hogere magistratuur .

Ik hoop uiteraard ook dat de minister rekening zal houden met de bezorgdheid die bij de Brusselse magistratuur leeft, zowel bij de Nederlandstalige als bij de Franstalige. Ook bij de advocatuur leeft er heel wat twijfel en angst ten aanzien van de actuele voorstellen. Ik hoop dat de magistratuur op een ernstige wijze zal worden gehoord wanneer de voorstellen in het parlement worden besproken.

Demande d’explications de M. Bert Anciaux à la ministre de la Justice sur «les perquisitions au parquet d’Anvers» (no 5‑1760)

Vraag om uitleg van de heer Bert Anciaux aan de minister van Justitie over «de huiszoekingen bij het Antwerpse parket» (nr. 5‑1760)

M. Bert Anciaux (sp.a). –

De heer Bert Anciaux (sp.a). – In de eerste week van januari gelastte de procureur-generaal van Antwerpen een huiszoeking in het kantoor van een substituut, belast met het onderzoek naar fraude in de diamantsector en bij de gespecialiseerde speurders van de federale politie. Blijkbaar is de procureur-generaal niet opgezet met de doortastende wijze waarop de substituut zijn opdrachten invult, opdrachten die zich uiteraard grotendeels richten op de belangrijke maar blijkbaar ook erg invloedrijke diamantsector. De huiszoeking zou gebaseerd zijn op een vermoeden van schriftvervalsing door de betrokken substituut.

Een brief van de procureur-generaal van enkele maanden geleden aan de procureur van Antwerpen en daarmee ook de rechtstreekse chef van de betrokken substituut, zegt hierover letterlijk het volgende : “Mijn ambt is werkelijk verontrust nopens de wijze waarop uw parket - in casu uw fiscaal substituut - de problematiek van de diamantsector meent te moeten aanpakken en behandelen. Dit getuigt niet van een doordachte aanpak, noch van enige realiteitszin en is blijkbaar het resultaat van een onverantwoorde hardleersheid van uw substituut “.

Deze gang van zaken betekent, zelfs voor de Belgische justitie die al oneindig veel smeuïge en onverkwikkelijke verhalen heeft verteerd, een ongekende blamage. In het volle licht van de mediaspotlights rollen enkele hoofdrolspelers in het drama van onze justitie elkaar ruig bevechtend over de straat.

 

Daarmee illustreren en bevestigen zij op schrijnende wijze het al zo afgebladderde beeld van onze rechtspraak en van de rechtsstaat. Het klinkt cynisch dat de rechterlijke macht die de politieke wereld vaak zo kritisch op de korrel neemt, zichzelf niet tegen dit soort uitschuivers kan beschermen. Daarmee pleit ik zeker niet voor doofpot- en andere operaties, integendeel, ik verwacht ook over dit soort wrevels alle openheid. In deze fase gaat het echter niet over openbaarheid van bestuur, wel over onfrisse en ongrijpbare intriges. Deze feiten verwekken dan ook allerlei hypotheses, waarbij de diamantsector – die al decennialang geconfronteerd wordt met aantijgingen van gesjoemel en uitbuiting, denken we maar aan de bloeddiamanten – nog meer argwaan oogst.

Hoe apprecieert en evalueert de minister deze gebeurtenissen, waarbij interne afrekeningen bij het Antwerpse parket publiekelijk worden uitgevochten en daardoor tal van argwanende hypotheses opwekken? Over welke instrumenten en mogelijkheden beschikt ze om zulke feiten te voorkomen of om ze bij acute spanningen op een meer tactvolle en beheerste wijze te laten ontwikkelen? Wie is hier verantwoordelijk voor het feit dat onze justitie – toch een hoeksteen van onze democratie en rechtsstaat – alweer in diskrediet wordt gebracht?

Zal de minister kordaat, streng en doelgericht optreden en de actoren die in dit verhaal blijk gaven van een onbeheerst gedrag bestraffen?

Vindt ze het niet hoogdringend om met het college van procureurs-generaal een dwingende gedragscode af te spreken, zodat vergelijkbare debacles in de toekomst worden voorkomen?

Wat is er sinds begin januari gedaan om dergelijke zaken te voorkomen? Hebt u de betrokkenen in dat verband op het matje geroepen?

Mme Annemie Turtelboom, ministre de la Justice. –

Mevrouw Annemie Turtelboom, minister van Justitie. – De Procureur-generaal van Antwerpen heeft met betrekking tot dit dossier een gerechtelijk onderzoek gevorderd omdat hij vermoedde dat het dossier van het opsporingsonderzoek meerdere onregelmatigheden zou kunnen bevatten, die nadien aanleiding zouden kunnen geven tot problemen wegens procedurefouten.

Omdat het hier om een opsporingsonderzoek gaat, is er maar één mogelijkheid om de juridische onduidelijkheid uit te klaren, namelijk het vorderen van een gerechtelijk onderzoek van het opsporingsonderzoek. Wanneer men al in een gerechtelijk onderzoek zit, kan de Kamer van Inbeschuldigingstelling (KI) bepaalde fasen van het onderzoek uitklaren, maar bij een opsporingsonderzoek is dat niet het geval. Vandaar deze toch wel uiterst ongebruikelijke manier van werken, die evenwel de enige manier was om dit belangrijk dossier, waarin men mogelijks een grote fraudezaak op het spoor is, tot een goed einde te brengen.

De opening van een gerechtelijk onderzoek door een raadsheer- onderzoeksrechter à charge en à décharge kadert niet in de sfeer van interne afrekeningen, maar wel in het duiden van onregelmatigheden en het herstellen van volledige transparantie in het belang van de rechten van alle betrokkenen en uiteraard van de Staat.

Nu dient het resultaat van het gerechtelijk onderzoek te worden afgewacht. Ik heb de Hoge Raad voor de Justitie tevens gevraagd zich te buigen over de interne relaties tussen het parket en het parket-generaal om op elk vlak openheid en sereniteit te garanderen, zeker als het om zulke grote dossiers gaat. In de toekomst moeten situaties als deze zoveel mogelijk voorkomen worden.

Ik heb onmiddellijk na de in de media ontstane commotie samengezeten met de procureur-generaal en de procureur. Uit dat gesprek bleek dat zowel het parket-generaal als het parket in Antwerpen steeds dezelfde visie hebben gehad omtrent financiële fraude. Grootscheepse fraude is onder geen enkel beding aanvaardbaar wegens de grote maatschappelijke en economische schade die dit teweegbrengt. Mocht in een gerechtelijk onderzoek blijken dat bepaalde documenten op een andere manier verkregen moesten worden, dan kan dat alsnog hersteld worden, zonder dat het dossier op zich in het gedrang komt.

M. Bert Anciaux (sp.a). –

De heer Bert Anciaux (sp.a). – Ik waardeer uw antwoord en ik begrijp dat u olie op de golven wilt gooien en geen olie op het vuur. Uw antwoord komt evenwel een beetje ongeloofwaardig over. Het is juist dat dit een ongebruikelijke procedure is en het zal wel zo zijn dat de KI hier niet rechtstreeks kan ingrijpen omdat het over een opsporingsonderzoek gaat. Maar doen alsof de procureur-generaal met zijn poging om erger te voorkomen of om straffeloosheid te voorkomen, enkel dit instrument voorhanden zou hebben gehad om de substituut of de procureur des Konings te wijzen op mogelijke onregelmatigheden, is niet geloofwaardig. Hij had bijvoorbeeld ook telefonisch contact kunnen opnemen, maar een huiszoeking organiseren is wel ongezien en is een vorm van intimidatie. Het feit dat dit bovendien gepaard gaat met een mediashow – die in justitie jammer genoeg steeds vaker voorkomt – versterkt alleen het beeld dat het hier gaat om een poging tot het monddood maken van een parketmagistraat. Dat lijkt me bijzonder gevaarlijk en zeer ernstig. Ik begrijp dat hier een sussende taal spreekt, maar ik hoop dat u er eigenlijk even verontwaardigd over bent als ik en dat u achter de schermen deze vorm van intimidatie krachtdadig wilt aanpakken. Ik ga ervan uit dat u dat ook effectief doet.

U wekt hier de indruk dat er geen probleem is, maar dat is wel het geval want onze justitie heeft hier ernstige averij door opgelopen en ik hoop dat alles in het werk wordt gesteld om over te gaan tot een diepgaand onderzoek, want nu heeft iedereen de indruk dat machtige mensen de hand boven het hoofd wordt gehouden. Dat is nefast voor de geloofwaardigheid van ons allen.

Demande d’explications de M. Patrick De Groote à la ministre de la Justice sur «les détenteurs d’une arme défensive ou d’une arme de guerre selon le Registre central des armes» (no 5‑1770)

Vraag om uitleg van de heer Patrick De Groote aan de minister van Justitie over «de houders van een verweer- of oorlogswapen in het Centraal Wapenregister» (nr. 5‑1770)

M. Patrick De Groote (N-VA). –

De heer Patrick De Groote (N-VA). – De huidige wapenwet dateert van 8 juni 2006 en bevat geen definitie meer van verweer- of oorlogswapen en toch behoudt het centraal wapenregister de term verweer- en oorlogswapen in de lijst van de actieve wapens, waarbij het eerste woord ‘effectief in bezit’ betekent. Volgens het centraal wapenregister zouden er in maart 2010 nog altijd 362.400 verweer- en oorlogswapens zijn ingeschreven, tegenover 580.243 in oktober 2006. Voor de oude categorie jacht- en sportwapens zouden er in oktober 2006 eveneens 580.243 wapens ingeschreven zijn, tegenover 95.274 in maart 2010.

Vanwaar die frappante cijfers? Administratieve achterstand is een eerste reden, een al dan niet geveinsde onwetendheid van de houder over de nieuwe wetgeving kan een tweede reden zijn. Maar aangezien de houders van een verweer- of oorlogswapen tot 31 oktober 2008 de tijd hadden voor een regularisatie, lijkt een administratieve achterstand van meer dan twee jaar me dan ook niet erg aanvaardbaar als reden.

De houders moeten volgens de nieuwe wetgeving een wettige reden opgeven om hun wapen te kunnen houden. Wie dat niet kan, houdt de overheid meestal liever in het ongewisse dan zijn wapens in te leveren.

Daarnaast houdt het centraal wapenregister ook de registratie bij van passieve wapens. Dat zijn ingeleverde, gestolen of verloren wapens, wat niet mag worden verward met passief wapenbezit. Zo werden volgens het centraal wapenregister, tussen oktober 2006 en maart 2010, 1.898 verweer- en oorlogswapens gestolen en zijn 10.858 van die wapens verloren. Dat is een enorme toename in vergelijking met de periode 1991-2006. Harde verklaringen voor het grote aantal verloren en gestolen wapens zijn er niet. Alles wijst erop dat de bezitters van verweer- en oorlogswapens met het verstrengen van de wapenwet bij gebrek aan een wettige reden, geen afstand willen doen van hun verboden wapens en de voorkeur geven aan het illegaal behouden van hun wapens, door algemene onwetendheid, verlies of diefstal te veinzen.

Wordt er wel politioneel onderzoek gedaan? Wordt bij diefstal het feitenrelaas wel gecheckt en nagegaan in welke omstandigheden het vuurwapen is gestolen door bijvoorbeeld te verifiëren of er aangifte is gedaan van een woninginbraak?

Wordt er bij de vaststelling van verlies of diefstal buiten de rapportage van de wapenhouder wel gecontroleerd op de naleving van artikel 10 van de wapenwet, met name de onverwijlde melding van diefstal of verlies van een vergunningsplichtig wapen aan de lokale politie? Volgt een automatisch proces-verbaal met het oog op de sanctie van artikel 23 van diezelfde wet?

Vindt de minister ook niet dat het niet melden van een verlies of diefstal van een vergund wapen, zoals bepaald in artikel 10, veeleer thuishoort in een afzonderlijke strafbepaling dan in de algemene strafbepaling van artikel 23? Beschouwt ze het bezit van een vuurwapen als het dragen van een grote verantwoordelijkheid, waarbij een verlies of diefstal door een boete kan worden bestraft? Wil ze een ontwerp of een voorstel van wetswijzing in die zin ondersteunen?

Mme Annemie Turtelboom, ministre de la Justice. –

Mevrouw Annemie Turtelboom, minister van Justitie. – Geen enkele politiedienst zal de bewering dat iemands wapen werd gestolen of verloren is zomaar aannemen. Het is genoegzaam geweten dat de meeste van de vele zogezegd gestolen of verloren wapens in werkelijkheid verborgen worden gehouden. Er wordt dan ook telkens een proces-verbaal opgesteld en er wordt nagegaan of er in het verleden aangifte van diefstal of verlies is gedaan. Is dat niet het geval, dan bepaalt het parket of het een onderzoek instelt naar twee inbreuken: het niet aangeven van de diefstal of het verlies van een wapen en de inbreuk die met die diefstal of dat verlies wordt toegedekt, zoals het illegaal bezit van een wapen.

Jammer genoeg kan vaak alleen het ontbreken van een aangifte worden bewezen en is de sanctie eerder licht. Elke inbreuk op de wapenwet is strafbaar en de hoogte van de straf moet uiteraard verband houden met het gewicht van de feiten. De rechter beschikt nu al over een ruime vork waarbinnen hij de straf kan bepalen.

Het spreekt voor zich dat het bezit van een wapen een grote verantwoordelijkheid met zich brengt. Omdat er altijd risico’s aan verbonden zijn, legt de wet ook strenge voorwaarden op voor wapenbezit en zijn alle inbreuken strafbaar gesteld. Verlies of diefstal van een wapen op zich strafbaar stellen, zou echter een brug te ver zijn. Het is voor de bezitter niet altijd mogelijk zijn onschuld te bewijzen. Bovendien verplicht een uitvoeringsbesluit bij de wet nu al tot het nemen van voldoende veiligheidsmaatregelen. Ook inbreuken daarop zijn strafbaar.

M. Patrick De Groote (N-VA). –

De heer Patrick De Groote (N-VA). – Ik dank de minister voor haar antwoord, maar ik wil toch opmerken dat tijdens de regularisatieperiode het aantal diefstallen en verliezen plots spectaculair is toegenomen.

Ik betreur dat er voor de inbreuken op de wapenwet geen rangorde op basis van soort is opgesteld, met bijvoorbeeld vaste boetes, zoals dat wel het geval is voor inbreuken op het verkeersreglement. Alle inbreuken op de wapenwet vallen onder artikel 23, zowel illegale wapenhandel als andere inbreuken. De kans op seponering bij verlies is daardoor zeer groot. Ik dring erop aan dat de wetgever de misdrijven en straffen beter bepaalt om seponering en lichte straffen te beperken.

(La séance est levée à 12 h 45.)

(De vergadering wordt gesloten om 12.45 uur.)