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Sénat de Belgique

Belgische Senaat

Annales parlementaires

Parlementaire handelingen

SÉANCES DU JEUDI 1er FÉVRIER 1996

VERGADERINGEN VAN DONDERDAG 1 FEBRUARI 1996

(Vervolg-Suite)

QUESTION ORALE DE MME LIZIN AU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES SUR « LA PROTECTION ACCORDÉE PAR LA GRÈCE À L'ASSASSIN PRÉSUMÉ DU LEADER DU KOSOVO ENVER HADRI »

MONDELINGE VRAAG VAN MEVROUW LIZIN AAN DE MINISTER VAN BUITENLANDSE ZAKEN OVER « DE BESCHERMING DIE GRIEKENLAND VERLEENT AAN DE VERMOEDELIJKE MOORDENAAR VAN KOSOVO-LEIDER ENVER HADRI »

M. le Président. ­ L'ordre du jour appelle la question orale de Mme Lizin au ministre des Affaires étrangères sur « la protection accordée par la Grèce à l'assassin présumé du leader du Kosovo Enver Hadri ».

La parole est à Mme Lizin.

Mme Lizin (PS). ­ Monsieur le Président, en février 1990, M. Enver Hadri a été assassiné à Bruxelles. Les Belges qui s'intéressent à la guerre en ex-Yougoslavie ont pu voir les émissions que la BBC a consacrées au déclenchement de l'opération. Ils ont ainsi pu constater à quel point la situation au Kosovo fut déterminante quant à la position prise par la Serbie et au détricotage de la Yougoslavie. Ils ont pu également mesurer le rôle tout à fait particulier que joue le rapport de forces entre les Serbes et les Albanais au Kosovo.

Permettez-moi, au passage, de saluer ici, parmi les observateurs du Sénat, la présence de Mme Hadri. Son époux a payé à Bruxelles le fait d'être le leader d'une communauté majoritaire, que certains veulent réduire au silence.

Nous avons très souvent eu l'occasion, monsieur le ministre, d'évoquer le problème du Kosovo en commission des Affaires étrangères...

M. le Président. ­ Madame Lizin, je vous prie de bien vouloir vous en tenir à votre texte écrit, comme le prescrit le Règlement.

Mme Lizin (PS). ­ Certainement, monsieur le Président.

L'assassin présumé, Darko Asanin, a été repéré et arrêté en Grèce, grâce à l'action de la gendarmerie belge. Malgré la démonstration de l'intérêt de la Belgique pour son extradition, la Grèce vient de le renvoyer en Serbie. Ce geste inacceptable a été posé avant l'installation de l'actuel gouvernement grec.

Quels actes accomplirez-vous, monsieur le ministre, pour obtenir l'extradition vers la Belgique ou tout au moins l'interrogatoire de M. Darko Asanin, désormais protégé par la Serbie, pour avoir commis sur le territoire belge un acte considéré, dans son pays, comme un crime contre la démocratie ?

Pour l'honneur de la Belgique et de ses propres services, il nous appartient de défendre le travail accompli par ces derniers et de ne pas laisser s'installer ces pratiques d'assassinat, qui, bien au-delà du problème des Albanais, constituent un grand risque pour l'Europe.

M. le Président. ­ La parole est à M. Derycke, ministre.

M. Derycke, ministre des Affaires étrangères. ­ Monsieur le Président, je partage entièrement le point de vue de Mme Lizin au sujet de M. Darko Asanin. C'est par une intervention d'Interpol que la police grecque a pu l'arrêter sur l'île de Rhodes le 12 septembre 1995.

Dès le 4 octobre dernier, notre ambassadeur à Athènes avait demandé aux autorités grecques, sur requête de notre ministre de la Justice, l'extradition de M. Asanin vers la Belgique. Le 10 janvier de cette année, les autorités de Belgrade ont, à leur tour, demandé son extradition pour des faits moins graves que l'assassinat présumé auquel vous faites référence, madame.

Malgré deux jugements rendus en ce sens par des tribunaux grecs, les autorités ont refusé l'extradition de cette personne vers la Belgique.

Cette situation est déplorable. C'est la raison pour laquelle nous avons décidé de faire part aux autorités grecques de notre surprise et de notre déception en la matière.

Comme vous l'avez remarqué avec raison, madame Lizin, il faut être cohérent vis-à-vis de soi-même. Si la Grèce a l'ambition d'être associée à la construction européenne, la solidarité lui impose de tenir compte de la demande de la Belgique, largement antérieure à celle des autorités de Belgrade.

En outre, une étroite collaboration de tous les partenaires est nécessaire pour permettre la réalisation des Accords de Schengen.

Diverses interventions ont été effectuées en la matière, notamment par notre ambassadeur à Athènes. Le directeur général de la politique a également demandé des explications à l'ambassadeur grec à Bruxelles. Par ailleurs, le ministre de la Justice, M. De Clerck, principalement compétent en la matière, s'est entretenu le vendredi 26 janvier 1995, avec son homologue grec, M. Venizelos. C'est maintenant à notre ministre de la Justice qu'il appartient de demander à la République fédérale yougoslave l'extradition de la personne incriminée. Cependant, un problème se pose encore actuellement au niveau diplomatique, à savoir la non-reconnaissance de ce pays par la Belgique.

M. le Président. ­ L'incident est clos.

Het incident is gesloten.