Questions et Réponses

Sénat de Belgique


Bulletin 1-67

SESSION DE 1997-1998

Questions posées par les Sénateurs et réponses données par les Ministres

(Fr.): Question posée en français - (N.): Question posée en néerlandais


Ministre de l'Agriculture et des Petites et Moyennes Entreprises (Agriculture)

Question nº 798 de M. Boutmans du 23 janvier 1998 (N.) :
Variété de pommes de terre « Bintje ». ­ Sensibilité à la maladie.

Dans De Standaard des 17 et 18 janvier derniers, on peut lire que la « Bintje » ­ la variété de pommes de terre la plus populaire chez les cultivateurs professionnels et amateurs ­ constitue en réalité une variété inadaptée parce qu'elle est très sensible aux maladies et doit dès lors être soumise à de fréquentes pulvérisations chimiques. Selon l'article publié dans De Standaard, le choix de la Bintje risque non seulement de se réveler très coûteux, parce qu'il entraîne la nécessité de procéder à de nombreuses pulvérisations chimiques, mais est également désastreux sur le plan de l'écologie. Toujours selon De Standaard, en plus de sa sensibilité aux maladies ­ en particulier à la phytophtora ­, cette variété présente comme défauts d'être vitreuse et de germer facilement.

C'est ainsi, poursuit l'article, que la belle Charlotte constituerait un bien meilleur choix, exigeant moins de pulvérisations. Les variétés précoces, telles que la Jaera et l'Ostara, offrent bien plus d'avantages encore. Sans doute le ramassage précoce limite-t-il les risques liés à la phytophtora. La Nicola ­ semi-précoce et ferme à la cuisson ­ est également peu sensible aux maladies.

Est-il exact que la rentabilité de la Bintje soit liée à l'utilisation massive de produits de pulvérisation ?

La culture de cette variété de pommes de terre est-elle, directement ou indirectement, encouragée par l'une ou l'autre mesure législative ou réglementaire ?

L'honorable ministre a-t-il la possibilité et la volonté de mettre en oeuvre une politique axée sur la réduction de l'utilisation de produits chimiques, et, dans ce cas, de remplacer la Bintje par des variétés moins sensibles aux maladies ?

Réponse : La variété Bintje n'est pas reprise au catalogue national belge des variétés, mais elle peut librement être commercialisée par le biais du catalogue européen. La Bintje est notamment reprise à la liste des variétés de la plupart des États membres, à savoir : Danemark, Espagne, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Autriche, Finlande, Suède et Royaume-Uni. Il n'y a donc pas une volonté des autorités belges de la promouvoir.

L'extraordinaire succès connu par la pomme de terre « Bintje » est dû avant tout à ses qualités particulières, tant pour ses usages culinaires qu'industriels. Celles-ci expliquent que plusieurs générations de producteurs, tant amateurs que professionnels, lui gardent leur confiance, malgré la concurrence des nouvelles variétés.

Il faut souligner en effet qu'actuellement, plus de 600 variétés de pommes de terre sont mises à la disposition des producteurs au sein du marché unique européen.

La sensibilité de la Bintje au phytophtora (mildiou) est bien connue.

Les variétés néerlandaises dénommées Jaerla et Ostara sont décrites dans la liste descriptive des Pays-Bas comme plus sensibles que la Bintje au phytophtora pour leur feuillage, mais plus résistantes au niveau du tubercule.

Les variétés Charlotte et Nicola ont un tout autre comportement culinaire et sont peu adaptées aux usages industriels. En outre, en France, la variété Nicola est cotée comme aussi sensible que la Bintje pour le phytophtora au niveau du feuillage.

Depuis de nombreuses années, des efforts sont accomplis par le ministère des Classes moyennes et de l'Agriculture pour promouvoir les méthodes culturales respectueuses de l'environnement. Dans ce contexte, des efforts ont particulièrement été accomplis pour encourager la pratique de traitements phytosanitaires limités à l'évolution des maladies. Les techniques de lutte basées sur un réseau de postes d'avertissement permettent ainsi de limiter le recours aux pesticides.

D'autre part, pour l'accès au catalogue national des variétés, il est tenu compte, à côté d'autres caractéristiques, de la sensibilité au phytophtora qui est testée dans des essais qui ne font l'objet d'aucune protection phytosanitaire. Les variétés naturellement les plus résistantes sont ainsi favorisées.