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Question écrite n° 5-7712

de Yoeri Vastersavendts (Open Vld) du 15 janvier 2013

à la ministre des Classes moyennes, des PME, des Indépendants et de l'Agriculture

Mafia des hormones - Pro-hormones - Détection -Poursuites

hormone
élevage
trafic illicite

Chronologie

15/1/2013Envoi question
8/2/2013Réponse

Aussi posée à : question écrite 5-7711

Question n° 5-7712 du 15 janvier 2013 : (Question posée en néerlandais)

J'ai récemment reçu des informations sur une nouvelle stratégie de la mafia des hormones et des engraisseurs véreux actifs dans le milieu de l'élevage. Les pro-hormones, précurseurs des hormones, sont des substances qui dans le corps, sont transformées par des enzymes en stimulateurs de croissance. Les pro-hormones sont utilisées par les bodybuilders mais aussi par les éleveurs de vaches viandeuses et de veaux.

Les pro-hormones peuvent se trouver dans les aliments pour bétail ou être administrées au moyen d'une d'une pilule ou d'une injection. Un chercheur néerlandais est récemment parvenu à détecter efficacement la présence de ces pro-hormones. Ce chercheur, Jeroen Rijk, attaché à l'Institut néerlandais pour la sécurité alimentaire, le RIKILT, un département de Wageningen UR, peut aujourd'hui également démontrer la présence dans la viande de pro-hormones interdites.

La présence de pro-hormones dans les aliments pour bétail peut tout d'abord être démontrée à l'aide d'un dosage biologique. Lors de ce test, Rijk utilise un extrait de foie qui contient les enzymes nécessaires à la transformation de la pro-hormone en hormone.

Par ailleurs, la présence de la pro-hormone peut aussi être détectée dans l'urine de l'animal. Pour ce faire, Rijk a établi un « profil urinaire » des bovins avec et sans pro-hormones. Des hormones sont naturellement présentes dans l'urine des deux groupes de bovins mais, en analysant les différences dans la composition des urines, Rijk peut démontrer un excès de pro-hormones.

Une troisième méthode permettant de détecter la présence de pro-hormones interdites consiste à mesurer l'expression des gènes hépatiques des bovins. Celle-ci est révélée dans l'ARN. Certaines anomalies observées dans l'ARN des échantillons de foie révèlent l'utilisation de pro-hormones. Contrairement aux deux autres méthodes, ce test n'est pas encore prêt à l'emploi.

Je souhaiterais poser les questions suivantes à ce sujet.

1) Comment la présence de pro-hormones dans la viande et/ou dans les aliments pour bétail est-elle détectée dans notre pays ? La ministre peut-elle faire un tour d'horizon des techniques et indiquer quels sont les laboratoires qui se livrent à ces recherches ?

2) Vos services compétents ou vous-même êtes-vous bien informés de la récente avancée réalisée par les Pays-Bas dans la détection de pro-hormones, grâce à la méthode du dosage biologique et au « profil urinaire » ? Reconnaissez-vous la nécessité de nous atteler d'urgence à la lutte contre les pro-hormones grâce à ces méthodes de recherche ? Dans la négative, pour quelles raisons précises ?

3) Pouvez-vous expliquer en détail dans quels secteurs de l'élevage les pro-hormones sont le plus souvent utilisées ? Pouvez-vous fournir des données chiffrées ?

4) Pouvez-vous indiquer combien de marchands de pro-hormones ont déjà été poursuivis ? Combien d'entre eux ont-ils déjà été condamnés ces trois dernières années ?

5) Pouvez-vous indiquer combien d'éleveurs et d'engraisseurs malhonnêtes ont déjà été poursuivis pour avoir utilisé des pro-hormones? Combien d'entre eux ont-ils déjà été condamnés?

6) Etes-vous disposée à intensifier la lutte contre l'usage de pro-hormones par des éleveurs véreux et si oui, par quelles mesures concrètes ?

Réponse reçue le 8 février 2013 :

1) Les prohormones sont des précurseurs dans la synthèse des hormones naturelles, la testostérone et l’oestradiol. La détection de prohormones dans la viande n’est pas utile, vu leur présence naturelle. Il est par contre utile de les rechercher dans des échantillons tels que des seringues, aiguilles, poudres, suppléments. Ces substances n’y sont pas naturellement présentes et leur détection constitue une preuve concluante. Depuis 2006, les prohormones sont recherchées par le laboratoire de l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA) à Gentbrugge (FLVVG) dans ces échantillons.

Depuis 2011, l’administration d’œstrogènes est soumise à un contrôle et, en 2013, la présence d’androgènes dans l’urine sera contrôlée au FLVVG par chromatographie en phase gazeuse (GC-MS/C/IRMS ). Cette technique permet la détection systématique et simultanée de certaines prohormones.

Il est important de préciser que les méthodes de détection décrites par J. Rijk dans ses publications ne peuvent pas être utilisées en tant qu’éléments de preuves conformément à la réglementation européenne (Décision 657/2002/CE).

2) Grâce à leur participation au réseau européen des laboratoires, les laboratoires belges impliqués dans la détection d’hormones et prohormones utilisées de manière frauduleuse entretiennent d’étroits contacts avec le RIKILT qui est le laboratoire communautaire de référence (EURL) pour les hormones. D’autre part, les nouveautés et informations en termes d’analyses sont échangées lors des concertations systématiques entre le laboratoire de l’AFSCA à Gentbrugge et le RIKILT. Le RIKILT a également été agréé par l’AFSCA.

La Belgique utilise notamment des méthodes multi-résidus basées sur LC-MS/MS et GC-MS/MS pour détecter l’utilisation frauduleuse de substances hormonales. La détection de prohormones par la méthode des « bio-assays » ou par le « profil d’urine » n’est pas réalisée actuellement. La plupart de ces méthodes de détection en sont encore au stade de recherche dans un nombre très limité de centres européens de recherche. On s’attend à ce que ces méthodes permettent de sélectionner, en vue de recherches plus poussées, les animaux susceptibles d’avoir été traités au moyen d’hormones ou prohormones. Par la suite, l’identification des hormones et prohormones devra être réalisée par spectrométrie de masse. En cas d’absence de détection d’hormones exogènes et de suspicion d’utilisation d’hormones ou de prohormones endogènes, la GC-MS/C/IRMS telle qu'utilisée à l'AFSCA sera la seule technique permettant de tirer une conclusion.

3) Les prohormones pourraient être utilisées dans l’engraissement de bovins et comme stimulateurs de performance chez les chevaux. Nous ne disposons pas d’éléments chiffrés à ce sujet.

4) La détention et le commerce de substances hormonales sont régis par l’arrêté royal du 14 avril 1974 dont l’article 1er, 1er §, prévoit que ces activités sont soumises à un permis, lequel permis est délivré et contrôlé par l’Agence fédérale des médicaments et produits de santé.

5) A l’heure actuelle, une action en justice contre six engraisseurs et relative à l’utilisation d’hormones naturelles s’est engagée sur base de constatations faites en 2006.

En 2011, une personne a été condamnée pour détention de prohormones retrouvées dans une seringue d’injection suite à un contrôle effectué sur un hippodrome.

6) L’AFSCA réalise des échantillonnages ciblés d’urines de bovins, c’est-à-dire ayant un poids de carcasse élevé ou détenus dans des exploitations agricoles où des hormones naturelles ont été détectées. Il s’agissait de quarante-cinq échantillons en 2011 et quatre-vingt cinq lors du premier semestre de 2012.

L’AFSCA a l’intention de continuer le développement de méthodes et la lutte contre les prohormones menée depuis de longues années.