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Question écrite n° 5-7654

de Nele Lijnen (Open Vld) du 8 janvier 2013

au vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, du Commerce extérieur et des Affaires européennes

Grèce - Xénophobie - Violence envers des minorités - Parti d'extrême droite Aube dorée - Police - Politique d'asile - Signal donné par l'Europe

Grèce
xénophobie
asile politique
migration illégale
racisme
discrimination fondée sur un handicap
discrimination fondée sur l'orientation sexuelle
violence
demandeur d'asile

Chronologie

8/1/2013Envoi question
26/3/2013Rappel
5/7/2013Réponse

Question n° 5-7654 du 8 janvier 2013 : (Question posée en néerlandais)

Voici quelques mois déjà, divers articles sont parus dans les médias à propos de la violence croissante envers les immigrés en Grèce. Ce pays est quasi le lieu principal d'arrivée des immigrés en provenance du Moyen-Orient, de l'Afrique et de l'Asie. Certains journalistes associent cette évolution inquiétante à la détresse due à la crise et au succès du parti d'extrême droite Aube dorée. Sous le slogan « La Grèce aux Grecs », le groupe se livre à des violences graves envers des immigrés légaux et illégaux parce que, selon ce parti, ces personnes sont la cause de tous les problèmes. Un parlementaire, membre de ce parti, a déclaré à la BBC qu'ils menaient une guerre contre des intrus. En raison de leur équipement noir et de leur symbole, qui fait penser à la croix gammée, une comparaison avec les chemises fascistes noires ou brunes des années 30 n'est pas exagérée. Le parti a obtenu quasi 7 % des voix aux dernières élections, et, selon des sondages récents, il obtiendrait 12 % des voix.

Aube dorée peut opérer de manière relativement libre car la police ne considère pas ses délits comme une priorité. Ainsi, personne n'est intervenu en septembre lorsque différents membres du parti s'en sont violemment pris à des groupes d'immigrés sur un marché. Une raison éventuelle du laxisme de la police serait le fait que de nombreux agents ont eux-mêmes voté pour Aube dorée et peuvent donc très bien accepter cette violence spécifique. Des membres du parti portent souvent des vestes où figure l'inscription « Police », ce qui accroît encore la confusion lorsqu'ils font eux-mêmes justice. Le ministre Nikos Dendias, responsable de l'ordre public, veut aborder l'immigration avec plus de fermeté parce que les immigrés constituent une plus grande menace que la crise. Il a dès lors autorisé la police à dépister plus activement les immigrés (lire : la traque des immigrés). Ces derniers sont ensuite enfermés dans des centres de détention mal entretenus et surpeuplés.

On sait moins que Aube dorée recourt aussi à la violence envers d'autres minorités en Grèce, par exemple les lesbigays et les personnes handicapées. « Après les immigrants, c'est votre tour » pouvait-on lire dans des dépliants distribués dans un quartier fréquenté par de nombreux lesbigays.

La problématique ne trouve que peu d'écho à l'étranger parce que toute l'attention est accordée aux problèmes financiers des Grecs. Amnesty International et Human Right's Watch, par exemple, ont quand même exprimé leur inquiétude. Dans son rapport, Amnesty International indique que la politique d'immigration grecque est très mauvaise. Les bureaux d'enregistrement pour les immigrés sont rarement ouverts, et très peu de personnes peuvent déposer une demande. Elles restent illégales et risquent d'être arrêtées. Ensuite, elles sont souvent enfermées dans des centres de détention misérables où elles peuvent rester très longtemps en raison de la lenteur des procédures d'asile (pour autant que celles-ci existent encore). Là non plus, elles ne sont pas en sécurité : des groupes de têtes brûlées, éventuellement conduits par des membres d' Aube dorée, se seraient déjà introduits dans de tels centres pour agresser les immigrés. Les enfants arrêtés sans parents seraient soit simplement placés seuls dans un centre de détention soit jetés à la rue. C'est donc un cercle vicieux : la police dit qu'elle agit lorsque quelqu'un dépose une plainte mais les immigrés n'osent pas le faire par crainte d'être enfermés.

J'aimerais obtenir une réponse aux questions suivantes.

1) Comment évaluez-vous l'augmentation du racisme en Grèce ainsi que l'accroissement des violences envers les immigrés, les lesbigays et d'autres minorités en Grèce ?

2) Estimez-vous que la xénophobie ne se limite pas à des groupes d'extrême droit mais qu'elle est répandue dans le paysage socio-politique grec ?

3) Dans quelle mesure est-il exact que la police organise de véritables rafles d'immigrés et emploie la manière forte envers eux ? Est-il exact selon vous que les immigrés ne sont pas non plus en sécurité dans les centres de détention ?

4) L'Europe a-t-elle déjà signalé à la Grèce que ce développement est très inquiétant et inadmissible ? Dans la négative, avez-vous l'intention de donner suite aux rapports d'Amnesty International et de Human Rights Watch entre autres ?

5) Comment jugez-vous la politique d'immigration de la Grèce, étant donné, par exemple, les communications d'Amnesty International à ce sujet ? Estimez-vous que la Grèce doive revoir sa politique d'asile, si nécessaire avec l'aide de l'Europe ?

Réponse reçue le 5 juillet 2013 :

  1. Je partage votre inquiétude devant la montée du racisme, de la xénophobie et des actes de violence à l’égard des migrants et de minorités en Grèce. Les résultats aux dernières élections législatives du parti « Chryssi Avgi » (« Aube dorée ») sont une illustration de ce phénomène. Le problème de racisme et de xénophobie, et la violence qui en découle, sont cependant pris au sérieux par les autorités politiques grecques. Le ministre de l’Ordre public et de la Protection du citoyen, Nikos Dendias, a pris des actions concrètes pour lutter contre l’impunité des délits racistes, en ce compris ceux qui sont commis par les forces de l’ordre.

  2. Si la xénophobie et le racisme sont malheureusement en progression dans la société grecque, comme en témoigne la progression de « Chryssi Avgi » dans de récents sondages, il faut toutefois éviter d’en faire une généralité. Il est évident que la crise économique et sociale que traverse la Grèce, et son impact direct sur la population, alimentent ce phénomène.

  3. L’opération « Xenios Zeus » menée par la police grecque en août 2012 visait à identifier les migrants clandestins et à les reconduire à la frontière turque ou dans leur pays d’origine. La Grèce est en effet le point principal d’entrée des flux migratoires illégaux dans l’espace Schengen. Pendant de nombreuses années, la Grèce n’a pas été en mesure de gérer et de contrôler efficacement ces flux migratoires. Les autorités grecques se sont attelées à une refonte de leur politique d’asile, avec le soutien et en coordination avec l’Union européenne. Des travaux de rénovation et la construction de nouveaux centres ont été réalisés et d’autres sont actuellement en cours.

  4. et 5. Face aux défis immenses qui se posent à la Grèce en ces matières, l’Union européenne a entrepris d’encourager et de soutenir la réforme de la politique d’asile et de migrations, notamment via les agences spécialisées EASO (Bureau européen d’appui pour l’asile - European Asylum Support Office) et FRONTEX (gestion des frontières extérieures de l’Union européenne). Par ailleurs, la Commission européenne assure le monitoring de la politique d’asile et des centres de rétention grecs.