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Question écrite n° 5-6685

de Nele Lijnen (Open Vld) du 4 juillet 2012

au vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, du Commerce extérieur et des Affaires européennes

Corée du Nord - Camps disciplinaires - Droits de l'homme

régime pénitentiaire
réfugié
Chine
Corée du Nord
établissement pénitentiaire
droits de l'homme

Chronologie

4/7/2012Envoi question
31/7/2012Réponse

Question n° 5-6685 du 4 juillet 2012 : (Question posée en néerlandais)

Le « NRC Handelsblad » se demande, dans son édition du 20 juin 2012, pourquoi l'Occident ne se soucie plus du sort des centaines de milliers de prisonniers vivant dans des conditions de misère extrême dans les camps disciplinaires de Corée du Nord.

Il n'y a pas d'autre pays au monde que la Corée du Nord où l'on puisse aussi facilement se retrouver dans un camp disciplinaire. Selon des témoins, il suffit de ne pas avoir dépoussiéré à temps le portrait de l' « éternel » leader Kim Il-Sung pour disparaître pour longtemps dans un camp disciplinaire. Les conditions de vie dans les camps dépasent tout ce que l'on peut imaginer. « De nombreux prisonniers y sont battus, torturés et exécutés et personne n'y mange jamais à sa faim. Celui qui pendant des journées de travail de 12 à 15 heures n'atteint pas son quota de production, disparaît souvent pour longtemps dans une cellule si petite qu'on ne peut ni y tenir debout, ni s'y asseoir. » Afin de clouer au pilori ces « goulags cachés » de Corée du Nord, une délégation composée de représentants de diverses organisations de défense des droits de l'homme a sillonné l'Europe la semaine dernière. Selon l'un de ses membres, David Hawk, la communauté internationale doit exiger le démantèlement des camps par la Corée du Nord. « Si le monde persévère suffisamment longtemps, le régime finira, espérons-le, par faire quelque chose ».

Mes questions au ministre sont les suivantes :

1) Comment réagissez-vous au constat posé par l'expert des droits de l'homme, David Hawk, sur les camps disciplinaires de Corée du Nord ? Quel est votre jugement à cet égard ?

2) Ces informations concordent-elles avec des rapports que vous auriez déjà reçus à ce sujet ?Pouvez-vous fournir une analyse détaillée ? Quel regard portez-vous sur cette situation ?

3) Pensez-vous aussi que la communauté internationale ne soulève pas ce problème assez souvent lors des forums internationaux ? Dans la négative, où ce problème a-t-il été évoqué lors de l'année écoulée et quelles décisions ont-elles été prises ? Dans l'affirmative, quelles initiatives envisagez-vous ?

4) La communauté internationale envisage-t-elle actuellement des initiatives concrètes pour s'atteler sérieusement au problème des camps disciplinaires ? Si oui, lesquelles et dans quels délais ?

5) De quelle façon tente-t-on d'exercer une pression internationale sur la Chine afin qu'elle mette fin au renvoi dans leur pays de réfugiés nord-coréens ? Cette pression a-t-elle donné des résultats ?

6) Voyez-vous la possibilité de faire part de vos préoccupations à ce sujet à la Corée du Nord ?

Réponse reçue le 31 juillet 2012 :

L'existence d'un vaste réseau de camps de prisonniers en Corée du Nord nous est bien connue. Notre connaissance des conditions de vie est souvent basée sur les nombreuses déclarations des réfugiés nord-coréens.

Le fait que la Corée du Nord refuse aux observateurs étrangers, tels la Croix-Rouge internationale ou le rapporteur des Nations Unies pour les droits de l'homme en Corée du Nord, l'accès à ces camps, nous laisse en effet à penser que plusieurs formes de mauvais traitements et de pratiques de torture sont appliquées et doivent être cachés au monde extérieur. Sont particulièrement préoccupants les nombreux rapports sur la détention, parfois à perpétuité, de familles entières. Il peut probablement être question ici de crimes contre l'humanité.

Les moyens d'action contre la Corée du Nord dont dispose la communauté internationale sont limités. La Belgique et les autres États membres de l'Union européenne soutiennent - à la fois tant en 3e Commission de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York qu’au Conseil des Droits de l'Homme à Genève - les résolutions pays sur la Corée du Nord.

A l'occasion de réunions bilatérales occasionnelles avec des diplomates et fonctionnaires nord-coréens, le Service public fédéral (SPF) Affaires étrangères ne manque pas de mentionner sa préoccupation au sujet de la situation des droits de l'homme.

Suite à une visite du secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon, le SPF Affaires étrangères a publié un communiqué de presse le 18 avril dernier où, à côté de nos préoccupations au sujet du programme nucléaire nord-coréen et des relations intercoréennes, beaucoup d'attention a également été accordée à la situation désastreuse des droits de l’homme et au problème de la famine et de la malnutrition en Corée du Nord.

Je prends bonne note de la recommandation de l'honorable sénateur de soulever également directement la politique chinoise de refoulement des réfugiés Nord-coréens emprisonnés en Chine. Lors de chaque réunion bilatérale, la question des droits de l'homme est également abordée. Je suis en principe d'accord avec l’honorable sénateur pour affirmer qu'une plus grande attention devrait aller à la réduction de certaines pratiques, comme le refoulement des réfugiés nord-coréens. La Belgique peut en tout cas se retrouver dans les précédentes démarches que le Haut Commissaire pour les réfugiés a entreprises auprès du gouvernement chinois à ce sujet. Il semble qu’actuellement la Chine ait temporairement arrêté sa politique de refoulement, en partie par mécontentement au vu de la poursuite du programme nucléaire militaire nord coréen.