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Question écrite n° 5-5015

de Bart Tommelein (Open Vld) du 23 décembre 2011

à la vice-première ministre et ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, chargée de Beliris et des Institutions culturelles fédérales

Drogues - Ecstasy (XTC) - Très forte dose de MDMA (méthylène-dioxy-méthylamphétamine) - Santé publique

stupéfiant
toxicomanie
mortalité

Chronologie

23/12/2011Envoi question
14/3/2012Réponse

Réintroduction de : question écrite 5-2089

Question n° 5-5015 du 23 décembre 2011 : (Question posée en néerlandais)

Selon le Nederlands Trimbos-instituut, le marché néerlandais de l'Ecstasy est, depuis quelque temps, inondé de pilules très fortement dosées en méthylène-dioxy-méthylamphétamine (MDMA). En mars 2011, deux personnes ont ainsi succombé à une overdose dans le Limbourg méridional, ce qui porte à quatre le nombre de victimes de l'XTC en l'espace de six mois dans cette région. En moyenne, l'XTC tue annuellement de cinq à dix personnes aux Pays-Bas.

Au premier semestre 2009, une pilule standard contenait 65 mg de MDMA. Selon le parquet national néerlandais, ce "minimum" était dû à la fermeture de nombreuses usines russes et chinoises fournissant les principaux composants de l'XTC.

Mais en 2010, un quart des pilules analysées contenait déjà une dose de 140 mg ou supérieure. Cela montre que les producteurs illégaux ont trouvé un autre moyen de se procurer les composants nécessaires. Le parquet national néerlandais n'a pas encore donné d'explications à ce sujet. Les taux élevés de MDMA sont dangereux, car les utilisateurs ignorent ce qu'ils avalent. Voici quelques années, les doses étaient faibles ; dès lors, les jeunes ont peut-être pris l'habitude d'avaler une plus grande quantité de comprimés en une fois.

Je me réfère en outre à la réponse exhaustive donnée par la ministre à ma question écrite n° 5-1174. Elle indiquait alors que les chiffres relatifs à l'année 2010 n'étaient pas encore disponibles, mais que l'on observait également de grandes différences de dosage. Cette information particulièrement inquiétante émanant du Trimbos-instituut me contraint à réinterroger la ministre à ce sujet.

J'aimerais dès lors obtenir une réponse aux questions suivantes :

1) La ministre peut-elle indiquer quelle était la dose moyenne de MDMA dans les pilules d'XTC en 2010 ? Comment ces données se situe-t-elle par rapport, d'une part, au chiffre néerlandais de 140 mg et, d'autre part, aux chiffres qu'elle a communiqués antérieurement ?

2) Peut-elle indiquer si, depuis le début 2011, dans notre pays, la dose de MDMA a également augmenté ?

3) Peut-elle indiquer le nombre de personnes décédées, dans notre pays, à la suite d'une overdose de XTC (combinée ou non à d'autres produits) et cela pour respectivement 2008, 2009 et 2010 ? Peut-elle expliquer ces chiffres et indiquer le nombre d'hospitalisations d'urgence résultant d'une overdose d'XTC, et cela pour la même période sur une base annuelle ?

4) Depuis janvier 2011, a-t-on également trouvé, dans notre pays, de l'XTC dont le dosage soit comparable au chiffre néerlandais de 140 mg ou plus ? Cela a-t-il donné lieu à une augmentation du nombre d'hospitalisations d'urgence et de décès ? Peut-elle donner un aperçu chiffré du phénomène ?

5) Des mesures spécifiques sont-elles ou ont-elles été prises, telles qu'un contrôle renforcé ou d'autres initiatives ? La ministre peut-elle donner des explications à ce sujet ?

Réponse reçue le 14 mars 2012 :

  1. En Belgique, le suivi de la présence et de la composition de nouvelles substances psychoactives connues est assuré par le Early Warning System on Drugs (EWS) del’Observatoire belge des drogues et des toxicomanies (BMCDDA), un programme de l’Institut Scientifique de Santé Publique (WIV-ISP). Actuellement, les résultats de 2010 (du 1er janvier 2010 au 31 décembre 2010) sont toujours incomplets. Hormis le premier rapport qui fait état de l’existence sur le marché de capsules avec de hautes doses (120 mg/tablette) de 3,4-méthylenedioxyméthamphétamine (MDMA) (voir la réponse à la question parlementaire S1174), on aurait connaissance de 8 autres échantillons présentant du MDMA. Dans quatre cas, il s’agissait de comprimés. Pour deux de ceux-ci, la teneur en MDMA était respectivement de 0.14 mg et 82.88 mg. Les données complètes concernant 2010 sont attendues pour juillet 2011.

  2. Depuis janvier 2011 et jusqu’à la fin du mois d’avril 2011, le Early Warning System (EWS) a été informé une fois de la présence de MDMA hautement dosée. Il s’agissait d’un comprimé contenant 151 mg de MDMA. Les réseaux des laboratoires, travailleurs de rue et services de prévention en ont été averti, en collaboration avec les EWS régionaux d’Eurotox et de l’Association pour l’Alcool et autres problèmes de Drogues (VAD).

  3. Le EWS reçoit de certains laboratoires des données en rapport avec les drogues détectées chez des personnes décédées. Il faut cependant noter que les données de l’EWS ne permettent pas de conclure que ces drogues sont les causes des décès (des personnes décédées dans des accidents de circulation, sous influence de drogues, peuvent également être reprises dans ces chiffres). De plus, ces données sont très probablement incomplètes : tous les résultats post-mortem avec détection de drogues ne sont pas transmis au EWS. On ne peut donc se prononcer que sur la proportion de MDMA dans les cas post-mortem rapportés au EWS.

    En 2008, du MDMA a été découvert dans 2.99 % des analyses post-mortem (deux cas sur soixante-sept). En 2009 ce pourcentage était de 1.85 (un cas sur cinquante-quatre). En 2010 il était de 4.17 % (un cas sur vingt-quatre). Il faut à nouveau insister sur le fait que, pour 2010, les analyses sont toujours en cours. Eu égard au nombre de cas, il est difficile de tirer une quelconque conclusion portant sur l’augmentation ou non du nombre de personnes décédées ayant pris du MDMA (voir Tableau 1 en annexe).

    En 2010, en sus du MDMA, les substances mises à jour suite aux analyses post-mortem étaient le GHB, la cocaïne et le benzoylecgonine (un métabolite de la cocaïne). Les trois autres échantillons (2 pour 2008 et un pour 2009) étaient uniquement positifs pour le MDMA.

    Il n’y a pas au sein de l’EWS d’enregistrement des admissions en urgence suite à l’utilisation de drogues. Ces données sont rassemblées dans la base de données « Résumé Clinique Minimum » (RCM). Le traitement desdites données prend environ 18 mois. Dès lors, nous ne disposons pas encore de données récentes relatives aux services d’urgence.

  4. Comme mentionné supra, le EWS a eu vent, durant la période portant de janvier à fin avril 2011, de deux alertes concernant des comprimés hautement dosés en MDMA. Il n’est pas possible pour le EWS de donner des chiffres concernant le nombre d’admissions aux urgences suite à la consommation de MDMA. L’EWS n’a pas reçu d’information concernant des décès récents, causés par l’utilisation de MDMA.

  5. Le EWS n’a pas connaissance de mesures particulières prises en regard du screening de l’XTC.

Références.

Réponse à la Question Parlementaire S1174, posée par M. Tommelein en date du 04/02/2011.

Annexes.

Tableau 1: Cas post-mortem rapportés auprès du EWS, Belgique, 2008-2010.

Année

Nombre total de cas post-mortem rapportés au EWS

Nombre absolu de cas post-mortem avec présence de MDMA

Proportion relative des cas impliquant du MDMA au regard du nombre total de cas post-mortem (%)

2008

67

2

2.99

2009

54

1

1.85

2010*

24

1

4.17

*résultat en cours