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Question écrite n° 5-4335

de Bart Tommelein (Open Vld) du 23 décembre 2011

au vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, du Commerce extérieur et des Affaires européennes

Afghanistan - Conférence sur l'Afghanistan - Engagements de la Belgique - Évolution - Élections - Scénario de retrait

conférence internationale
Afghanistan
aide au développement

Chronologie

23/12/2011Envoi question
3/2/2012Réponse

Aussi posée à : question écrite 5-4336

Question n° 5-4335 du 23 décembre 2011 : (Question posée en néerlandais)

Une conférence sur l’Afghanistan a eu lieu en décembre à Bonn. Les ministres des Affaires étrangères et hauts représentants de 85 pays ainsi que seize organisations internationales y ont participé. Si la conférence sur l'Afghanistan avait comme objectif d'assurer aux Afghans qu'ils ne seraient pas abandonnés à leur sort après le retrait des troupes étrangères en 2014, le monde extérieur reste malgré tout très partagé concernant ce pays. La population afghane craint une répétition du scénario du début des années 90; les pays occidentaux s'étaient alors retirés dès la chute de l'autorité soviétique à Kaboul, ce qui a abouti au règne des Talibans.

Selon le président Karzaï, la jeune démocratie afghane est encore extrêmement vulnérable. La pauvreté et le sous-développement constituent encore le défi majeur. Outre le comportement attentiste des touristes, une telle incertitude a des conséquences sur le bien-être de la population. En outre, il y aura un impact négatif sur la réforme et le développement de la société afghane.

Dans ce cadre, j'aimerais obtenir une réponse aux questions suivantes.

1) Que pensez-vous des promesses politiques de la Conférence sur l'Afghanistan compte tenu des réactions internationales très partagées concernant la guerre en Afghanistan ? Quels engagements notre pays a-t-il pris ? Pouvez-vous donner des explications détaillées sur les budgets et les projets concrets ?

2) Que pensez-vous des propos du président Karzaï à l'adresse de la communauté internationale au sujet de l'impact négatif sur la réforme et le développement de la société afghane ? Comment voyez-vous l'évolution de la situation après 2014 ?

3) Le danger est en effet que les Talibans reviennent après leur éviction et qu'ils anéantissent ces progrès. Quelles actions seront-elles entreprises pour éviter un tel scénario et pour garantir la légitimité des élections parlementaires afghanes de 2014 ? Quelle est la contribution concrète de la Belgique en la matière ?

4) Quelles sont selon vous les chances des femmes afghanes de participer à ces élections de 2014, et comment évaluez-vous le risque sournois que les Talibans y fassent obstacle ? Quel rôle la Belgique peut-elle et compte-t-elle jouer ?

5) Pensez-vous que le scénario de retrait de l'Afghanistan soit réalisable compte tenu des nombreux problèmes non encore résolus ? Pouvez-vous donner des explications ?

Réponse reçue le 3 février 2012 :

1. L’Union européenne (UE) s’est engagée lors de la conférence de Bonn à maintenir son soutien à l’Afghanistan. Il n’y a pas eu lors de cette conférence, ni pour l’UE ni pour notre pays, d’engagement sur des montants. La Belgique poursuivra, dans le cadre de ses engagements au sein de l’UE, de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et des Nations Unies, son soutien à la reconstruction et au développement de l’Afghanistan. Mon intention actuelle est de maintenir dans l’ensemble en 2012 le niveau des montants engagés pour ce pays durant les années précédentes.

2. Promouvoir la démocratie et la bonne gouvernance demeure l'un des piliers de l'aide belge au développement en Afghanistan. Les projets sont évalués en fonction de leur contribution à ces objectifs. Au cours de visites bilatérales, entre autres des premiers ministres Van Rompuy et Leterme en 2009, la Belgique a laissé entendre au président Hamid Karzaï que des engagements en termes de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption sont une condition de notre soutien à l'Afghanistan. Ce message est inchangé en 2012. La coopération belge avec l'Afghanistan se concentrera sur les projets qui renforcent cette bonne gouvernance.

3. Le danger auquel vous vous référez existe effectivement. L’UE et la Belgique soutiennent le processus actuellement en préparation de réconciliation avec la rébellion armée. Mon collègue de la coopération et moi-même mettons tout en œuvre pour soutenir des projets durables, qui ne sont pas nécessairement liés au gouvernement actuel et qui renforcent les structures de l'État ainsi que la société civile.

4. La Belgique soutient des projets de droits de l’homme et de la femme, ainsi que des projets en matière d’éducation, notamment d’éducation des filles. Je ne vais pas le nier : il existe un risque effectivement que les droits de la femme cessent de progresser voire régressent après le départ des troupes et des coopérants étrangers. Le maintien et le renforcement des droits de la femme font toutefois partie des priorités en Afghanistan des Nations Unies et de l’UE, avec le soutien de la Belgique.

5. Les États-membres de l’International Security Assistance Force (ISAF) ont programmé la fin de leurs interventions dans les engagements armés pour fin 2014, avec un maintien au-delà de cette limite de l’aide au développement, et également une présence militaire d’appui et de formation. Le gouvernement s’emploiera, en pleine collaboration avec ses partenaires OTAN, UE et ONU, à définir une stratégie et un calendrier de retrait de troupes belges d’Afghanistan dès 2012.