Version à imprimer bilingue Version à imprimer unilingue

Question écrite n° 5-3076

de Bart Tommelein (Open Vld) du 16 septembre 2011

au ministre de la Justice

Sûreté de l'État - Conférences de prêcheurs de haine à l'étranger - Présence de concitoyens - Chiffres et répression

sûreté de l'Etat
musulman
extrémisme
intégrisme religieux
enseignement confessionnel
radicalisation

Chronologie

16/9/2011Envoi question
21/11/2011Réponse

Aussi posée à : question écrite 5-3077

Question n° 5-3076 du 16 septembre 2011 : (Question posée en néerlandais)

Selon divers médias, des dizaines de musulmans radicaux néerlandais se rendront prochainement au Caire dans un camp musulman radical pour Européens convertis, où ils recevront un enseignement dispensé par des érudits musulmans, parmi lesquels des prêcheurs de haine des Frères musulmans. Un des professeurs musulmans qui enseignent aux convertis néerlandais est Salah Sultan, un prêcheur de haine antisémite mondialement connu, qui affirme que les attaques du 11 septembre ont été mises en scène par les autorités américaines pour justifier une croisade contre les musulmans. Aux Pays-Bas, les services secrets ont signalé qu'ils tenaient ces Néerlandais à l'œil et les suivaient à l'occasion de voyages à l'étranger vers ces « camps de la haine » qui sont dirigés par des fondamentalistes radicaux, entre autres en Égypte.

C'est pourquoi je souhaite poser au ministre les questions écrites suivantes :

1) Avez-vous connaissance du fait que des résidents belges ou des Belges ont également participé ou participeront à des camps de la haine au Caire ? Dans l'affirmative, pouvez-vous indiquer de combien de personnes il s'agit et le nécessaire est-il fait au niveau de la Sûreté de l'État ? Dans la négative, pouvez-vous indiquer si nos services examinent les listes de participants à de tels camps de la haine en Égypte et interviennent le cas échéant ?

2) Avez-vous connaissance de résidents belges ou de concitoyens ayant participé par le passé à de tels meetings où des prêcheurs de haine donnent des conférences et pouvez-vous indiquer en détail le nombre de personnes ayant participé ces cinq dernières années à de tels camp de la haine ainsi que le lieu où se tenaient ces conférences ? Pouvez-vous expliquer comment nos autorités réagissent à la présence de résidents ou de concitoyens à de tels camps ?

3) Pouvez-vous indiquer si des prêcheurs de haine sont également actifs dans notre pays et, dans l'affirmative, de combien de personnes il s'agit et ce qui est entrepris contre elles ? Je souhaiterais obtenir une réponse détaillée.

Réponse reçue le 21 novembre 2011 :

1 et 2. La Sûreté de l'État connaît le profil idéologique de Salah Sultan. Nous n'avons toutefois connaissance d'aucun cas de belge ayant suivi une formation donnée par ce prédicateur, ni en Égypte ni dans un autre pays. De même, le service ne dispose d'aucun indice permettant d'établir que des compatriotes participeraient à des camps d'incitation à la haine en Égypte, comme évoqué dans votre question.

Ceci dit, il est vrai que de nombreux belges, convertis et musulmans de naissance, se rendent chaque année en Égypte pour y suivre un enseignement religieux. Nombre d'entre eux s'adressent à des instituts officiellement reconnus, qui sont étroitement suivis par les autorités égyptiennes, tels que Al Azhar et Al Fajr. Dans ce cas, on ne peut réellement parler d'enseignement extrémiste ni de camps de la haine. Cependant, de nombreux instituts clandestins de plus petite taille et moins connus, qui échappent parfois au contrôle des autorités égyptiennes, organisent également un enseignement religieux. Des professeurs privés peuvent aussi dispenser un enseignement religieux. Dans pareils cas, il est moins évident de déterminer avec exactitude la teneur radicale de l'enseignement proposé. Nous avons néanmoins constaté qu'à leur retour d'Égypte, certains étudiants se livraient à des activités de prosélytisme ou fréquentaient les milieux salafistes. Lorsque la situation présente un risque spécifique pour la sécurité, les instances compétentes sont averties.

3. Il ressort des informations en possession de la Sûreté de l'État que de tels prédicateurs de haine sont bel et bien actifs dans notre pays. Le service et ses homologues étrangers se concertent d’ailleurs à ce propos. Pour des raisons opérationnelles, la Sûreté de l'État ne peut cependant pas donner de précisions concernant les mesures mises en œuvre à l'égard des prédicateurs de la haine actifs en Belgique.

Mentionnons enfin qu'en raison du recours généralisé à l'internet, les prédicateurs de la haine ne doivent pas nécessairement se trouver dans notre pays pour atteindre le public belge.