Sécheresse dans la Corne de l'Afrique - Famine - Aide d'urgence
Corne de l'Afrique
sécheresse
faim
aide alimentaire
aide aux réfugiés
aide humanitaire
HCR
27/7/2011 | Envoi question |
1/9/2011 | Réponse |
Aussi posée à : question écrite 5-2866
Aussi posée à : question écrite 5-2867
La Corne de l'Afrique connaît actuellement la sécheresse la plus grave depuis soixante ans. La zone touchée s'étend sur le nord du Kenya, l'Éthiopie, la Somalie, l'Érythrée et le Sud Soudan. Selon les Nations unies, plus de onze millions de personnes sont affectées et chaque jour, des milliers de Somaliens cherchent refuge au Kenya. Alors que le camp de réfugiés de Dadaab avait été conçu pour accueillir nonante mille personnes, quelque quatre cent mille y ont trouvé refuge. C'est pourquoi il faut aménager de toute urgence un nouveau camp temporaire pour les réfugiés. Les autorités kenyanes ont récemment annoncé l'ouverture d'un camp à proximité, le camp Ifo-II, destiné à réduire la pression pesant sur Dadaab. Alors que l'ONU aurait besoin de 1,6 milliard de dollars pour les programmes d'aide dans cette zone, les sommes promises n'atteignent que la moitié. Le 13 juillet 2011, le ministre de la Coopération au développement a fait part de son intention de dégager quatre millions d'euros pour faire face à cette catastrophe.
Je souhaiterais poser au ministre les questions suivantes :
1) Comment réagissez-vous aux informations selon lesquelles la Corne de l'Afrique connaît la famine la plus grave des vingt dernières années et pouvez-vous indiquer quels efforts supplémentaires vous êtes prêt à fournir ?
2) Souscrivez-vous à la thèse d'Antonio Guterres, Haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, selon laquelle la famine qui sévit actuellement dans la Corne de l'Afrique est la pire catastrophe humanitaire dans le monde ? Dans l'affirmative, notre contribution est-elle proportionnelle à l'ampleur de cette catastrophe et envisagez-vous de consentir des efforts supplémentaire en sus du budget annoncé de quatre millions d'euros, vu la gravité de la situation sur le terrain ?
3) Partagez-vous l'avis que, vu l'ampleur de cette catastrophe humanitaire, tous les moyens d'aide disponibles doivent être mis en œuvre sans délai et que ce camp doit être mis en service afin d'éviter toute souffrance supplémentaire inutile ? Pouvez-vous expliciter votre réponse ?
4) Avec quels moyens de notre coopération bilatérale et multilatérale, notre pays va-t-il contribuer à l'aménagement du nouveau camp de réfugiés au Kenya ?
5) Selon mes informations, cette catastrophe était prévisible depuis plusieurs mois. Est-ce exact et dans l'affirmative, pourquoi la communauté internationale, l'UE et notre pays viennent-ils seulement d'annoncer de nouveaux efforts ?
6) Quelles leçons peut-on tirer de la réponse tardive de la communauté internationale à ce drame humanitaire ? Pouvez-vous détailler votre réponse ?
7) N'y a-t-il pas lieu d'apporter une aide logistique et a-t-on prévu des ponts aériens pour aider les populations somaliennes et d'autres régions inaccessibles et dans l'affirmative, la Défense est-elle prête à jouer un rôle en la matière ? Dans la négative, pourquoi? Dans l'affirmative, comment vous y prendrez-vous concrètement ?
8) La Défense apporte traditionnellement une aide logistique lorsque l'Afrique est confrontée à de graves famines. Le ministre est-il prêt à concrétiser cette aide logistique en acheminant sur le terrain des vivres et d'autres moyens de première nécessité et quel matériel pourrait ainsi entrer en ligne de compte à cet effet ?
En réponse à la question posée par l’honorable membre, je peux lui communiquer les éléments suivants :
a) Dans un premier temps, et sur base des évaluations des besoins existantes (SitRep ECHO, CAP OCHA, Emergency Appeal ICRC), j’ai décidé de débloquer 4 000 000 d'euros pour financer les deux agences onusiennes suivantes :
Programme Alimentaire Mondial (PAM) :
1. Kenya : 1 000 000 euros
2. Ethiopie : 1 000 000 euros
3. Somalie : 1 000 000 euros
- Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) :
Programme Régional Corne de l’Afrique : 1 000 000 d'euros
b) La Belgique a en plus financé le service aérien des Nations-Unies (UNHAS) géré par le PAM, dont 1 050 000 euros servent à couvrir les frais du service dans la Corne (350.000 EUR pour l’Ethiopie et 700.000 pour la Somalie).
c) Doivent également être pris en considération les montants versés de manière totalement flexible à nos organisations multilatérales partenaires OCHA (1 million d'euros en 2011), le HCR (7 millions d'euros en 2011) et le CICR (6 millions d'euros en 2011) et/ou à leurs fonds flexibles d’intervention d’urgence tels que le OCHA -CERF (8,5 millions d'euros en 2011), CICR - DREF (1 million d'euros en 2011), WFP - IRA (2 millions d'euros en 2011), FAO - SFERA (2,5 millions d'euros en 2011).
d) La situation humanitaire s’aggravant, le service humanitaire de la DGCD er mon Cabinet ont décidé d’organiser ce 4 août 2011 une réunion avec nos partenaires afin de faire le point sur la situation et d’examiner une possible nouvelle intervention de la Belgique. Sur base de ces discussions, j’ai décidé de débloquer un nouveau financement de 4 000 000 d'euros.
La situation d’urgence alimentaire dans la Corne de l’Afrique est, à l’heure actuelle, la plus importante au monde.
e vous renvoie au point 1 pour le détail des contributions additionnelles.
Un suivi et une évaluation de la situation sera effectué et une possible nouvelle affectation de fonds sera examinée en septembre en fonction des marges budgétaires.
Nous devons tenir compte de potentielles nouvelles catastrophes dans notre planification budgétaire et si la crise dans la Corne de l’Afrique est particulièrement importante, elle ne sera malheureusement pas la dernière de 2011. D’autres crises humanitaires sont à prévoir d’ici la fin de l’année (le Niger et le Sud Soudan par exemple). C’est pourquoi l’entièreté du budget restant n’est pas utilisée. Néanmoins, notre planficiation budgétaire peut à tout moment être revue en fonction des urgences.
Aucun financement direct n’a pour l’instant été affecté au nouveau camp de réfugiés au Kenya dans la mesure où, sur base des recommandations émises par nos partenaires humanitaires, l’accent a été mis principalement sur la Somalie pour y stopper la famine et ainsi enrayer le flux de réfugiés vers le Kenya et l’Ethiopie.
Ceci étant, la Belgique a financé en 2011 le CERF pour 8,5 millions EUR. Ce fonds flexible a de son côté permis de financer pour plus de 94 millions USD d’opérations dans la Corne dont 22,7 millions USD au Kenya. Deux millions de ces 22,7 millions ont été alloués au HCR afin qu’il puisse assister les réfugiés.
a) Dans une première phase, la Belgique a octroyé 4 000 000 d'euros fin 2010 au CICR en prévision de la crise. Ceci en plus du financement régulier des fonds flexibles permettant aux organisations d’intervenir rapidement en cas de catastrophe.
b) En ce qui concerne la question des moyens débloqués plusieurs points expliquent la situation actuelle :
Le monde a du faire face à de nombreuses crises majeures ces 2 dernières années : Haïti, le Pakistan, le Sahel en 2010 ; la Lybie/Afrique du nord, la Côte d’Ivoire, la Corne de l’Afrique en 2011 avec des risques importants de crise humanitaire au Niger et Sud Soudan d’ici la fin de l’année. Si le nombre de crises de grande ampleur explose, les fonds humanitaires sont quant à eux limités. De nombreux bailleurs de fonds sont au maximum de leur disponibilité budgétaire.
L’aide humanitaire belge ou européenne répond aux principes du Good Humanitarian Donorship. Elle doit, entre autres, être prévisible et être à disposition de nos partenaires tôt dans l’année pour leur permettre de gérer leur budget au mieux. Ceci a pour conséquence que plus de 70 % du budget humanitaire belge est engagé dans les premiers mois de l’année et ne laisse que 30 % du budget pour des crises « soudaines ».
Toujours en accord avec le Good Humanitarian Donorship, l’aide humanitaire belge est également concentrée sur un certain nombre de pays considérés comme étant des crises complexes (à savoir des crises prolongées liées à des facteurs multiples - humains et naturels - dans des États estimés comme fragiles). Nous avons décidé de financer les crises complexes dans les pays où la Belgique disposait d’une certaine expertise et pouvait avoir une certaine plus-value (Afrique de l’Ouest, RDC, Burundi-Tanzanie, Soudan, Afghanistan, Pakistan et OPT). La Corne de l’Afrique n’en fait pas partie et donc aucun financement n’est prévu dans ce cadre en début d’année.
De manière générale, il est certain que le financement de fonds flexibles est à mettre en évidence comme un outil essentiel d’intervention. Ceux-ci permettent une assistance extrêmement rapide des organisations humanitaires, sur base des besoins ciblés par les évaluations de terrain. De même, les financements flexibles des organisations elles-mêmes leur permettent de diriger les fonds là où ils sont les plus nécessaires. La Belgique est ainsi dans le top 10 des donateurs du CERF, SFERA et DREF.
Un soutien logistique est essentiel, c’est pourquoi nous avons décidé très rapidement de financer l’UNHAS, le service aérien de Nations Unies géré par le Programme Alimentaire Mondial.
Pour OCHA, le recours à l’armée ou à des escortes militaires doit rester exceptionnel et ce, afin de respecter le caractère neutre des interventions humanitaires. L’implication des militaires dans ce contexte doit donc être étudiée avec précaution et en concertation avec les acteurs de terrain.
De manière générale, les Nations-Unies ont fait un appel aux compagnies aériennes privées afin de bénéficier de vols leur permettant d’acheminer l’aide. Nous restons toutefois attentifs aux demandes éventuelles de nos partenaires.
En ce qui concerne l’aide humanitaire octroyée par la Belgique, les décisions sont prises en fonction de besoins. Dans ce cadre, la Belgique a arrêté depuis de nombreuses années l’aide en nature et favorise des financements en cash d’opérations humanitaires, laissant aux partenaires le choix des biens achetés en fonction des nécessités. Les achats locaux peuvent ainsi être privilégiés quand cela s’avère possible.