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Question écrite n° 5-2557

de Bart Tommelein (Open Vld) du 20 juin 2011

à la ministre des PME, des Indépendants, de l'Agriculture et de la Politique scientifique

Malvoyants et aveugles - Musées -Exemple du musée Guggenheim - Approche interactive

handicapé physique
facilités pour handicapés
musée

Chronologie

20/6/2011Envoi question
5/9/2011Réponse

Aussi posée à : question écrite 5-2558

Question n° 5-2557 du 20 juin 2011 : (Question posée en néerlandais)

Le musée américain Guggenheim fait beaucoup d'efforts en faveur des malvoyants et des aveugles. Tous les mois, dans le cadre du programme « Mind's eye », ont lieu des visites adaptées qui leur permettent d'apprécier l'art, de manière tactile et grâce au « verbal imaging ». Outre les guides spéciaux, chaque description picturale est transcrite en braille et des installations particulières sont aménagées. On crée des forums ad hoc et on investit dans des ateliers interactifs. Les guides, formés à l'imagerie verbale, sont capables de décrire avec précision une œuvre d'art. Cette excellente initiative permet à chacun de faire pleinement connaissance avec les musées. Tout au long de l'exposition, des bornes d'information sont à la disposition des visiteurs.

Je souhaiterais une réponse aux questions suivantes :

1) Comment réagissez-vous à l'initiative du musée Guggenheim ? En prend-on de similaires dans nos musées fédéraux et pouvez-vous donner des détails concrets ?

2) Dans nos musées fédéraux, toutes les œuvres d'art sont-elles assorties d'une description en braille ? Pouvez-vous préciser ?

3) Les intendants et les guides de nos musées sont-ils formés à la description orale des œuvres d'art à l'intention des aveugles et malvoyants ? Si oui, pouvez-vous préciser ? Si non, êtes-vous prête à lancer des projets pilote dans ce sens ?

4) Pouvez-vous indiquer, au total et ventilé par musée fédéral, quels budgets annuels sont affectés à l'assistance des aveugles et des malvoyants ? Vous semblent-ils suffisants ?

5) Coordonne-t-on la politique des musées pour les aveugles et les malvoyants ? Dans l'affirmative, qui en est chargé et quels projets concrets a-t-on mis sur pied ces dernières années ? Dans la négative, une coordination ne s'indique-t-elle pas ?

6) Comment les nouvelles technologies peuvent-elles mener à une approche plus interactive des œuvres d'art au bénéfice des aveugles et des malvoyants ? Pouvez-vous indiquer les initiatives qu'on prend en ce domaine et celles auxquelles vous êtes favorable ?

Réponse reçue le 5 septembre 2011 :

L'honorable membre trouvera ci-après la réponse à sa question.

1. Les grands musées fédéraux ont déjà une longue expérience dans l'accueil des visiteurs aveugles et malvoyants.

Depuis plusieurs années déjà, Educateam, et plus spécifiquement l'équipe du « Musée sur Mesure » au sein des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB) propose des visites adaptées à différents groupes cibles : déficients visuels, sourds et malentendants, handicapés physiques, handicapées mentaux et autres publics dont la qualité de visite peut être améliorée par un encadrement particulier.

En 2001 démarrait un programme de visites spécialement destinées aux personnes déficientes visuelles. Les animations se déroulèrent d'abord dans la collection Sculptures. Quatre ans plus tard, en 2005, ce programme baptisé entretemps EQUINOXE, développait, avec le soutien de la Ligue Braille, une méthodologie basée sur le « partenariat esthétique » et l'audio-description dans le but de faire connaître et apprécier la peinture aux aveugles et malvoyants. Ainsi, dès l'automne 2007, après la fusion des deux anciens services « Service culturel et éducatif » et « Culturele en de educatieve diensten » en Educateam bilingue, le programme Equinoxe offrait pour la première fois à ce public cible un accès complet à l'ensemble des collections des musées d'Art ancien et d'Art moderne, ainsi qu'aux expositions temporaires que les MRBAB organisent régulièrement.

Le Musée pour Aveugles appartenant aux Musées royaux d'Art et d'Histoire (MRAH) existe depuis 1975. Il a à son actif un important palmarès d'expositions, organisées tous les deux ans et spécialement destinées à cette catégorie de visiteurs, comme le prouve encore l'exposition tactile « Quand le corps se fait parure » qui se tient actuellement et qui présente des bijoux et ornements issus des cultures non européennes. Le but poursuivi est de faire découvrir aux aveugles et malvoyants des œuvres originales provenant des collections des MRAH, en ne négligeant aucun sujet, aucune culture, aucune époque. A côté de ces expositions spécifiques, depuis cinq ans environ, des visites commentées à imagerie tactile et verbale sont possibles dans presque tout le Musée du Cinquantenaire.

2. Le système Braille est bien évidemment employé pour les expositions du Musée pour Aveugles. Le projet existe de permettre aux aveugles et malvoyants de parcourir également les autres salles des MRAH.

Pour ceux qui souhaitent revisiter le Musée Magritte, les livrets de citations de René Magritte sont disponibles en Braille et en grands caractères, en versions anglaise, française et néerlandaise, grâce à la collaboration des MRBAB et de « L'Œuvre fédérale Les Amis des aveugles ASBL».

D'autres techniques d'approche sont également utilisées pour rendre les collections des musées accessibles aux aveugles et malvoyants, comme la description verbale (mettre des mots sur une œuvre d'art), le commentaire (expliciter le contexte dans lequel l'œuvre est apparue), le dessin en relief , les synesthésies (le sujet perçoit, en plus de la sensation normale, une sensation secondaire au niveau d'une autre partie du corps ou d'un autre domaine sensoriel), les correspondances sonores, musicales, littéraires ou tactiles voire olfactives et gustatives.

Ainsi l'atelier « Sensations d'Afrique », organisé par le Musée royal d'Afrique centrale (MRAC) permet aux participants de partir à la rencontre d’objets du quotidien et d’objets sacrés. Tout le long du parcours, des sons accompagnent la découverte des objets : cris d’animaux, musique, langues africaines. Les richesses naturelles, culturelles et même culinaires (puisqu'on peut y goûter certains aliments) de l’Afrique sont ainsi mises à la portée des participants.

3. Un petit groupe de travail a été créé aux MRBAB pour sensibiliser le personnel de surveillance et des billetteries à l'accueil des personnes aveugles et malvoyantes et au déroulement de leurs visites.

Les guides qui doivent accompagner ce type de visiteurs dans les musées sont préparés en interne aux techniques d'approche appropriées. La première fois, ils sont généralement supervisés par des guides plus expérimentés.

4. Les guides sont payés sur fonds propres. Le développement des activités visant à encourager l'intégration sociale des publics fragilisés par la culture exige du personnel des efforts importants en temps et en énergie. Des ressources supplémentaires sont également nécessaires. Les musées ne peuvent trouver celles-ci que via un financement externe (sponsoring par exemple) ou grâce à l'organisation d'événements particuliers tels la soirée de charité du 6 novembre 2008, placée sous l'égide de la princesse Amaury de Mérode, et destinée à récolter des fonds pour le maintien et le développement des programmes spécifiques relevant du « Musée sur Mesure » aux MRBAB.

5. La politique muséale en faveur des déficients visuels est assurée par les services éducatifs des musées qui leur fournissent le soutien administratif nécessaire.

Les responsables d'actions éducatives et pédagogiques dans les musées se retrouvent pour des échanges d'idées lors de colloques organisés avec le soutien de la Fondation Roi Baudouin et en collaboration avec les associations représentatives (Ligue Braille, « Licht en Liefde », "Handicap et Solidarité", ...).

Ainsi le concept « Art in the Dark » est apparu en mars 2007 lors d'un congrès axé sur l'audio-description. Les études afférentes, réunies sous le titre « La peinture dans le noir » et présentées par Raoul Dutry (Ligue Braille) et Brigitte de Patoul (MRBAB) visent à établir les bases d'un véritable partage entre voyants et non-voyants. Un CD audio « Paroles aveugles » accompagne le livre.

Toujours en 2007, suite à une journée d'information/formation tenue dans le cadre « Steden Anders Bekeken, Brussel inclusief », les deux guides/animateurs du Service éducatif néerlandais de l'Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRScNB) ont manifesté le souhait de créer d'autres ateliers pour aveugles et malvoyants à l'IRScNB, en plus des trois existants (« Dino's », « Noordzee » et « Prehistorie »).

6. Les nouvelles technologies peuvent jouer un rôle important dans l'autonomie des personnes aveugles et malvoyantes. Une première étape importante serait de rendre les sites des musées « lisibles » à tous les internautes en respectant les directives d'accessibilité (navigation, contenu, mise en page, interactivité) du label Anysurfer.