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Question écrite n° 4-4334

de Paul Wille (Open Vld) du 7 septembre 2009

à la vice-première ministre et ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, chargée de l'Intégration sociale

Drogues festives - Gamma Hydroxy Butyrate - Consommation en Belgique - Risques

substance psychotrope
toxicomanie
statistique officielle
Institut scientifique de la santé publique Louis Pasteur
Observatoire européen des drogues et des toxicomanies
stupéfiant

Chronologie

7/9/2009Envoi question (Fin du délai de réponse: 8/10/2009)
26/10/2009Réponse

Question n° 4-4334 du 7 septembre 2009 : (Question posée en néerlandais)

Le nombre de personnes qui arrivent dans les services des urgences des hôpitaux après avoir consommé la drogue festive GHB (Gamma Hydroxy Butyrate) a « augmenté de façon inquiétante » ces dernières années aux Pays-Bas. Selon la Nederlandse Stichting Consument en Veiligheid, le nombre d'hospitalisations a quadruplé durant la période 2003-2008. L'année dernière, environ 980 consommateurs de GHB ont atterri à l'hôpital.

À l'origine, le GHB est un anesthésiant mais, à petite dose, il peut agir comme relaxant et stimulant sexuel. Mais une dose trop forte est vite prise et peut entraîner un état comateux chez le consommateur. Le GHB est surtout utilisé comme drogue festive; 65 % des Néerlandais arrivent à l'hôpital durant le week-end. De nombreuses personnes consomment du GHB associé à de l'alcool ou à d'autres drogues.

Il y a quelques mois, le Nederlands Trimbos-instituut a annoncé que, selon les estimations, quelques centaines de personnes intoxiquées au GHB sont actuellement en traitement dans des institutions pour toxicomanes. Un nombre relativement peu élevé mais, selon l'Institut, la dépendance des consommateurs augmente rapidement. De graves états de manque, comparables aux symptômes rencontrés dans l'alcoolisme, peuvent apparaître à la suite d'une consommation longue et intensive de cette substance.

Étant donné ce qui précède, je souhaiterais obtenir une réponse aux questions suivantes :

1. La ministre a-telle une idée de l'évolution de la consommation de GHB en Belgique? A-t-elle déjà vérifié s'il y a des personnes intoxiquées au GHB dans notre pays ? Si oui, combien ?

2. Quel est le degré de dangerosité du GHB ? Quelles sont les doses vendues dans les endroits de sorties ?

3. Pense-t-elle que les jeunes belges qui sortent dans ces endroits ont totalement conscience des risques qu'ils courent en consommant du GHB?

4. L'Institut scientifique de santé publique belge a-t-il déjà analysé des échantillons de GHB ? Si oui, quels étaient les résultats ?

5. Est-elle d'accord pour dire que ce type de drogues festives, relativement nouvelles, ne peuvent être bien dépistées et contrôlées que par le biais d'un réseau de contrôle?

Réponse reçue le 26 octobre 2009 :

1. En 2003 et 2005, respectivement 1,9% et 1,7% des personnes interrogées en milieu festif en Flandre mentionnaient qu’elles avaient utilisé du GHB (Gamma-hydroxybutirate) durant l’année précédente (source : VAD). En 2007, une augmentation significative jusqu’à 5,3% a été constatée chez les répondants. Une tendance ascendante a également été constatée chez les postulants de l’armée. En 2005 et 2006, respectivement 0,44% et 0,32% des postulants avaient déjà utilisé du GHB au cours de leur vie; cette proportion s’était élevée à 1,08% en 2007.

On retrouve à nouveau une tendance ascendante dans les données concernant les questions aux lignes téléphoniques d’aide en Flandre (Druglijn), bien que cette tendance ne soit pas tout à fait synchrone. Depuis 2005, les questions concernant le GHB constituent une grande partie du nombre total de questions posées (Table 1). Cela indique un plus grand besoin d’information de la population concernant le GHB. L’intérêt pour le GHB reste néanmoins limité. Des données quantitatives concernant la Communauté française ne sont pas disponibles car les questions à ce sujet sur le réseau d’aide téléphonique sont extrêmement rares (source : Infor-Drogues). Il serait également difficile de se prononcer sur ces tendances, mais il n’y a pas de doute ici au sujet d’une augmentation évidente.

En ce qui concerne le nombre d’échantillons cliniques (urine et sang) qui sont livrés aux laboratoires en Belgique, il n’y a pas non plus d’évolution évidente observée au cours des six dernières années (source : Institut scientifique de Santé publique belge (ISP) (Table 2).

L’Observatoire Européen des Drogues et des Toxicomanies n’a pas repris le GHB en tant que substance qui doit être enregistrée au vu de sa basse prévalence d’usage. La prévalence de GHB addiction est de ce fait inconnue.

2. Le GBH a une courbe dose-réponse abrupte, ce qui signifie qu’il existe un danger d’overdose. Une petite augmentation dans la dose entraîne immédiatement une augmentation importante sur le plan des effets sur le corps humain. En combinaison avec l’alcool ou d’autres substances psychoactives, les effets toxiques du GHB peuvent encore être renforcés.

En 2007, 402 appels ont été reçus par le entre anti-poison concernant les intoxications dues aux drogues. Deux cent septante-et-un appels concernaient seulement une substance. Parmi ces 271 appels, 23 (8.5%) concernaient le GHB. En Europe, très peu d’overdoses accidentelles avec décès ont été mentionnées. Les overdoses non-létales sont plus fréquemment mentionnées en Europe.

Parmi les saisies de GHB, ce sont essentiellement de petits flacons qui ont été trouvés. Ceux-ci ont une contenance de vingt millilitres Des bouteilles d’un demi-litre à un litre sont parfois trouvées lors de perquisitions à domicile. Celles-ci sont sans doute utilisées pour remplir les petits flacons.

Ces petits flacons sont également souvent divisés en tubes de cinq millilitres par l’utilisateur (source : VAD et forums). Il est également possible qu’il soit proposé d’acheter directement ces tubes de cinq millilitres.

3. Il n’y a pour l’instant aucune information disponible concernant la conscience des risques de l’usage de GHB chez les jeunes qui sortent en Belgique.

4. Depuis 2002, l’ISP suit systématiquement les résultats des analyses en laboratoire de drogues en Belgique, en dehors du fait qu’elles soient réalisées par l’ISP ou par d’autres laboratoires.

Pour les échantillons toxicologiques, il n’y a pas de tendance évidente observable dans la part relative d’échantillons contenant du GHB durant la période 2002-2008 (Table 3) (source : ISP). Pendant ces sept années, le GHB a été trouvé 345 fois au total, la plupart du temps sous forme de liquide.

Sur base des analyses toxicologiques la concentration en GHB semble fluctuer, mais il n’y a aucune tendance ascendante évidente à noter (Table 4).

En ce qui concerne les combinaisons de GHB incluant d’autres substances : de 2002 à 2008, le GHB a été trouvé seul (230 fois) ou en combinaison avec son précurseur GBL (Gamma-butyrolactone) (170 fois). Quelques autres combinaisons découvertes sont : avec amphétamines (une fois), caféine (une fois), éthanol (trois fois), MDMA (une fois), MDEA (une fois), Zolpidem+hemitartrate (une fois).

L’Europe a manifesté récemment sa préoccupation par rapport à l’usage de GBL. Dans les échantillons toxicologiques de l’ISP, le GBL sans GHB a été trouvé seulement sept fois.

5. Vu que les matières premières pour synthétiser le GHB sont présentes dans de nombreux produits ménagers et que la synthèse du GHB pour consommation est réalisable avec un équipement simple (« labocuisine »), le contrôle de son utilisation est difficile voire même impossible à réaliser.

Concernant la pratique du pilltesting, comme je vous l’ai déjà indiqué à plusieurs reprises, j’attends l’avis définitif de la Cellule Politique de santé Drogues avant de me prononcer. Par ailleurs à l’heure actuelle, nous ne disposons pas d’un équipement pouvant être utilisé in situ afin de procéder à la détection immédiate de GHB.

Néanmoins, la Belgique reste attentive aux développements technologiques d’un tel système.

Annexe

Table 1: Questions sur le GHB en pourcentage du nombre total de questions (source : VAD).


2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

GHB

-

1,0%

1,4%

1,1%

1,3%

1,9%

1,7%

1,7%

2,2%

Table 2: Nombre d’échantillons cliniques (urine, sang) qui contiennent du GHB/GBL, Belgique, 2003-2008.


2003

2004

2005

2006

2007

2008

Nombre d’échantillons rapportés dans les rapports EWS à l’OEDT

>6

>31

62

61

16

44

Table 3: Échantillons toxicologiques avec GHB, Belgique, 2002-2008


2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

Liquide

59

49

51

62

47

36

26

Poudre

/

1

1

/

/

2

2

Plantes/épices

/

/

/

/

/

7

/

Autre/inconnu

/

/

/

/

1

1

/

Nombre total d’échantillons avec GHB

59

50

52

62

48

46

28

Portion relative par rapport au nombre total d’échantillons/analyses

59/1007

5,9%

50/2252

2,2%

52/2518

2,1%

62/1917

3,2%

48/1268

3,8%

46/1739

2,6%

28/1312

2,1%

Table 4: Concentrations moyennes de GHB par année, Belgique, 2002-2008.


2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

N avec concentration

18

14

33

24

30

40

17

Concentration moyenne GHB

43%

48%

37%

40%

43%

48%

41%