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Question écrite n° 4-188

de Alain Destexhe (MR) du 16 janvier 2008

au ministre du Climat et de l'Energie

Changements climatiques – Rapport du 20 décembre 2007 de la commission de l’Environnement du Sénat américain – Position de la Belgique

réchauffement climatique
rapport
méthode de recherche
États-Unis

Chronologie

16/1/2008Envoi question (Fin du délai de réponse: 14/2/2008)
12/2/2008Réponse

Question n° 4-188 du 16 janvier 2008 : (Question posée en français)

La presse a rapporté la diffusion d’un rapport émis le 20 décembre 2007 par la commission de l’Environnement du Sénat américain, relatif aux changements climatiques. Ce document ferait état de nuances apportées par quatre cents scientifiques internationaux, notamment aux conclusions émises dans le cadre de la Conférence de Bali.

Pourriez-vous m’indiquer ce que vous pensez de ce texte ? Le cas échéant, quelle est votre position ainsi que celle de votre administration quant à son contenu ?

Réponse reçue le 12 février 2008 :

J'ai l'honneur de donner la réponse suivante à la question de l'honorable membre.

Le rapport du Sénat américain auquel l'honorable membre fait référence est constitué d'une compilation hétéroclite de déclarations issues pour la plupart d'extraits de presse ou d'interventions dans divers médias.

Cette approche n'est en aucun cas comparable au processus rigoureux d'évaluation réalisé par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). La préparation des rapports du GIEC est en effet basée sur une évaluation exhaustive de la littérature issue de publications scientifiques et techniques dont la valeur scientifique est largement reconnue. Cette évaluation se fait selon le principe de l'examen par les pairs (« peer review »). La transparence et la rigueur des procédures internes du GIEC offrent les meilleures garanties que l'ensemble des travaux scientifiques pertinents, dans toute leur diversité, soient pris en compte, évalués sans parti pris, de façon méthodique, claire et objective.

Le même crédit ne peut pas être accordé au rapport du Sénat américain, dont le procédé (compilation d'extraits de presse) est pour le moins périlleux en terme d'objectivité. Le risque est grand de biaiser le message dès lors que l'on sort des extraits choisis de leur contexte, souvent plus nuancé.

Le processus d'évaluation de la science qui est mis en œuvre au sein du GIEC est unique en son genre, en terme d'objectivité, de rigueur, et d'exhaustivité. Le résultat de ce processus, à savoir les rapports d'évaluations, les rapports spéciaux et autres travaux techniques du GIEC, reconnus par les gouvernements du monde entier, constitue une resource incomparable en terme d'aide à la décision, en particulier pour ce qui concerne les négociations internationales tenues dans le contexte de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et du Protocole de Kyoto. Dans ce cadre, il est unanimement reconnu par les négociateurs que le Plan d'action adopté à Bali, posant les jalons d'un accord post-Kyoto, n'aurait jamais pu faire l'objet d'un accord sans le signal fort lancé par le 4e rapport d'évaluation du GIEC. Il en va de même pour les objectifs ambitieux récemment adoptés par l'Union européenne en matière de politique climatique et énergétique. Le GIEC doit pouvoir continuer à jouer ce rôle central et unique d'interface entre les communautés scientifique et politique.