Jeu du foulard - Conséquences - Mesures
jeux
jeune
enfant
protection de l'enfance
7/12/2009 | Envoi question (Fin du délai de réponse: 8/1/2010) |
3/2/2010 | Réponse |
Réintroduction de : question écrite 4-4892
À la fin du mois d'octobre 2009, un garçon de onze ans a été conduit à l'hôpital dans un état critique qui serait la conséquence d'un « jeu du foulard », ce que la police ne désire pas encore confirmer.
Le jeu du foulard consiste à utiliser une ceinture, une écharpe ou une corde pour s'étrangler ou étrangler un autre durant un court laps de temps de sorte que le sang ne parvienne plus au cerveau. Au moment où le sang revient lentement dans le cerveau, on ressent une ivresse hallucinatoire. Le jeu se déroule souvent en groupe mais il devient vraiment dangereux lorsqu'on s'affranchit de ce contrôle. Lorsque l'étranglement est trop long et que l'on sombre dans l'inconscience, on ne peut plus relâcher l'écharpe ou la ceinture. La cause de la mort est le plus souvent un arrêt cardiaque dû au manque d'oxygène.
Je souhaiterais obtenir une réponse aux questions que voici :
1. Combien de personnes sont-elles décédées d'un « jeu du foulard » ou d'autres jeux d'étranglement semblables durant les dix dernières années ? Chez combien de personnes, ce jeu a-t-il laissé de graves séquelles physiques et mentales ? Je souhaite une ventilation de ces données par trimestre.
2. Le ministre estime-t-il souhaitable de prendre des mesures pour mettre fin à ces situations ?
Sur base des informations fournies par les services compétents (Procureur Général de Bruxelles, Service d’analyse statistique de la police judiciaire), je peux vous fournir les éléments de réponse suivants :
Tout d’abord, il convient de noter que des instruments (foulards, ceintures, sacs en plastique, etc.) ne sont pas toujours utilisés pour l’étranglement dans le cadre de ce « jeu ». En effet, le blocage de l’arrivée de sang et, partant, d’oxygène au cerveau se fait parfois manuellement en pressant sur les carotides ou en plaçant un poids sur le sternum ; que ce soit seul ou en compagnie.
Les symptômes physiques en sont les mêmes que pour l’étranglement : tâches rouges et/ou plaques bleues dans le cou, petits saignements ou vaisseaux sanguins éclatés dans les yeux. Il est important pour les parents d’être attentifs à ces symptômes chez leurs enfants et les amis de ces derniers.
Réponse à la première question : Le ministère public ne dispose pas de statistiques relatives aux décès ou lésions consécutives au « jeu du foulard ». Il convient d’ailleurs d’observer que les autorités judiciaires ne sont pas nécessairement concernées par ces cas.
Les médias belges parlent de quatre enfants morts suite au jeu de foulard entre 2002 et 2009. Les deux dernières victimes sont mortes en 2009 à un mois d’intervalle. En France, on parle de dix à quinze cas par an ; cela concerne surtout des enfants et des jeunes entre six et quinze ans. En Angleterre, la presse parle d’un cas par semaine. Il s’agit d’un phénomène qui n’est pas neuf mais, auquel internet a pu donner une nouvelle envergure et ce, partout dans le monde.
Le problème principal actuellement consiste en l’identification du phénomène. Souvent, la cause de la mort peut ne pas être identifiée comme le « jeu du foulard » et le décès peut être assimilé à un suicide. D’autre part, si la cause de la mort est reconnue comme étant le « jeu du foulard », ce décès va être enregistré dans une base de données en tant que « accident (à l’exclusion du trafic) » ou « mort suspecte ». Ces trois qualifications tombent sous le dénominateur « Pas d’infraction : maladie/décès/accident de personne » (AFE195). Afin d’avoir une vue de cette problématique en Belgique, il n’est dès lors pas possible de se baser sur les données telles qu’elles sont récoltées à l’heure actuelle. En effet, il est impossible dans ce cadre de distinguer entre un fait qui a été interprété fautivement comme un suicide et un suicide effectif par pendaison chez un jeune. Si l’on voulait tenter d’établir cette distinction, il faudrait reprendre chaque dossier au début. Le même problème se pose pour les décès suspects.
Dans les situations où le jeune ne meurt pas mais est blessé, il n’est pas fait de déclaration à la police et il n’y a d’ailleurs aucune obligation d’en faire une. Le plus souvent, c’est sans doute chez les médecins de famille ou dans les hôpitaux que les informations se trouvent, si une intervention médicale s’est avérée nécessaire.
Réponse à la deuxième question : D’éventuelles actions de prévention tendant à éviter les drames pouvant être entraînés par la pratique du « jeu du foulard » paraissent relever de la responsabilité des autorités compétentes en matière d’éducation, de santé et d’aide à la jeunesse. Des campagnes de prévention et de sensibilisation à destination des jeunes sont à première vue le moyen le plus efficace de lutter contre le phénomène. Ces moyens relèvent de la compétence des Communautés. Il existe en Communauté Française une asbl créée par les parents d’une victime : « Chousingha ». Cette association a, entre autres, développé un programme d’information, qui devrait être diffusé dans les écoles avec le soutien de la ministre Simonet. Cette association aurait également pris contact avec la Communauté Flamande pour développer le même programme dans cette Communauté. Pour toute information complémentaire, vous pouvez vous référer au site de cette association : www.chousingha.be.
Une autre action qui permettrait d’améliorer la gestion du phénomène serait de former les policiers de façon à identifier les éléments qui permettent de déterminer si la cause du décès est « le jeu du foulard ».