Staphylocoque doré multirésistant - Présence sur les plages
région côtière
littoral
antibiotique
maladie infectieuse
résistance aux antimicrobiens
7/12/2009 | Envoi question (Fin du délai de réponse: 8/1/2010) |
17/2/2010 | Réponse |
Réintroduction de : question écrite 4-4924
Le SARM, le staphylocoque doré résistant à la méthicilline ou staphylocoque doré multirésistant, était jusqu'à récemment typiquement une « bactérie nosocomiale». L'infection par le staphylocoque doré peut presque toujours se soigner avec des antibiotiques, mais le SARM résiste à quasiment tous les antibiotiques. Vingt pour cent des patients qui ont une infection par le SARM dans le système circulatoire en meurent. Ce taux atteint quarante pour cent chez les patients qui ont une infection pulmonaire à SARM. Le SARM est surtout mortel chez les personnes déjà affaiblies par la grippe. Il est dès lors inquiétant qu'aux États-Unis on ait constaté pour la première fois sur une grande échelle la présence de ce SARM en dehors des institutions hospitalières. Dans l'État de Washington, dans le Puget Sound, on a en effet trouvé le SARM dans le sable de sept plages publiques.
Lors d'un contrôle effectué en Floride du Sud, on a trouvé des staphylocoques dorés dans 37 pour cent des échantillons d'eau de mer en bordure d'une plage publique. En soi ce n'est pas alarmant mais dans trois pour cent de ces échantillons il s'agissait de SARM.
La ministre a-t-elle demandé que l'on suive les résultats de ces tests aux États-Unis ? Des examens de même type sont-ils faits sur nos plages? Si oui, combien de fois des échantillons de sable et d'eau de mer ont-ils été prélevés et quels furent les résultats ? Cette recherche est-elle étendue aux plages récréatives en bordure d'eaux douces ? Quels en furent les résultats ?
1. Deux études américaines très récentes relatives à la détection du SARM (Staphyloccocus Aureus Multi Resistants) dans les eaux côtières et sur les plages ont été réalisées. La première étude souligne que cette constatation n’avait pas encore été démontrée auparavant (J Antimicrob Chemother. 2009 Dec;64 (6):1148-1155). En effet, au cours d’une période s’étendant de février à septembre 2008, des staphylocoques ont été isolés sur neuf des dix plages soumises à l’étude et la présence de SARM a été décelée sur cinq d’entre elles. Lors d’une deuxième étude (Water Res. 2009 Nov;43(19):4802-11.), ont été formulées des constatations similaires présentant entre 2 et 9 % d’échantillons positifs pour l’eau de mer et jusqu’à 12 % pour les plages de sable.
À cet effet, il est frappant de constater que la majorité de ces échantillons étaient des souches spécifiques aux hôpitaux (Hospital –Associated MRSA), qui diffèrent d’un point de vue génétique des souches SARM que l’on trouve en société. Afin de prévenir l’infection, les précautions suivantes sont conseillées : (1) les plaies ouvertes doivent être couvertes avant de se rendre à la plage, (2) il convient d’éliminer les restes de sable après avoir été à la plage (3) les coupures ou les éraflures qui semblent infectées suite à une visite à la plage doivent être examinées par un dispensateur de soins médicaux.
Il convient également de souligner qu’étant donné qu’il s’agit de deux études utilisant des techniques avancées (filtres à membrane, milieux sélectifs de culture, identification moléculaire), il n’existe aucun cadre de référence disponible permettant d’évaluer la situation. En d’autres termes, un manque de clarté subsiste quant à savoir s’il s’agit d’une augmentation récente ou s’il ne s’agit que de la constatation d’un phénomène fréquent.
La lutte contre le SARM constitue une priorité depuis les années 90 en Belgique. Actuellement, la politique de prévention de l’infection comporte d’une part des surveillances obligatoires dans les hôpitaux (SARM, utilisation d’antibiotiques, soins intensifs, septicémies, infections traumatiques postopératoires) et d’autre part des campagnes bénévoles (hygiène des mains). La récente évolution en matière de SARM des hôpitaux s’avère extrêmement positive, affichant une diminution constante au cours des trois dernières années. Le système européen de surveillance de la résistance aux antimicrobiens (EARSS) a récemment confirmé cet aspect de l’évolution pour la Belgique.
Finalement, des études en cours ont pour objectif de mieux répertorier les groupes à risque afin d’élaborer une politique de contrôle efficace. À cet effet, l’on peut citer des études dans les maisons de repos et de soins et dans le secteur agraire (élevage).
2. En Belgique, il n’y a pas eu de mesures analogues. Cependant, dans le cadre de la directive sur la qualité des eaux de baignade, des échantillons ont été prelévés de manière régulière afin d’en analyser la contamination bactérienne. Cette opération ressort toutefois de la compétence de la région flamande. Aucune autre étude spécifique relative à la présence de SARM n’a encore été réalisée.
3. Il convient de signaler que le Staphyloccus aureus et par conséquent le SARM, est une bactérie halophile (jusqu’à 15 % NaCI). L’isolation sélective de cette bactérie est réalisée grâce à des milieux de culture riches en sel (par exemple 3,5 ou 7,5 % NaCI).
Il n’est donc pas suprenant que ce germe prolifère sur les plages et dans l’eau de mer. Étant donné que l’eau douce ne possède pas une telle salinité, on peut supposer que la survie, et donc le risque de contamination, sont nettement plus réduits dans cet environnement. En Australie, les bains d’eau douce chlorée ont d’ailleurs déjà été utilisés avec succès à titre préventif pour les contaminations au SARM.