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Elargissement de l'OTAN

L

e 9 juillet, le Sénat a approuvé l'élargissement de l'OTAN à la Hongrie, la Pologne et la République tchèque, en présence de représentants des pays concernés.

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Paul Hatry (PRL-FDF).

Paul Hatry (PRL-FDF) , rapporteur du projet, est heureux que les parlementairesont pu démontrer, en permettant la ratification de ce Traité en huit jours, leurcapacité de travailler vite et bien.

Depuis la création de l'OTAN en 1949, les élargissements ont été rares. Aux douzenations fondatrices, sont venues s'ajouter la Grèce et la Turquie (1952), la Républiquefédérale d'Allemagne (1955) et l'Espagne (1982).

L'élargissement de l'OTAN à des pays de l'Est a-t-il une valeur hautementsymbolique ?

Paul Hatry : Pas seulement symbolique car, en vertu de l'article 5 du Traité,l'Alliance s'engage à garantir les frontières de chacun de ses membres. Or, la Hongrieet la Pologne ont des frontières communes avec des pays qui ne sont pas démocratiquementstabilisés, comme la Russie, l'Ukraine, le Belarus ou l'ex-République de Yougoslavie.L'intégration de ces pays représente donc un certain risque.

D'autre part, l'OTAN pourra pleinement jouer son nouveau rôle préventif. En effet,l'Organisation a évolué depuis 1949. Aujourd'hui, elle axe de plus en plus son actionsur la prévention des conflits et le maintien de la paix dans le cadre de crises locales.On a vu le rôle de l'OTAN dans la crise du Kosovo.

Un pacte d'une telle ampleur se justifie-t-il encore aujourd'hui ?

Paul Hatry : Oui, pour des raisons de prudence. Si 1991 a vu la disparition duComecon et la dissolution du Pacte de Varsovie, il existe toujours à nos frontières despays qui s'orientent vers un avenir incertain. Ainsi, malgré les efforts faits pour luidonner une structure démocratique et relever son niveau de vie, la Russie n'est passortie du risque de dictature ou d'implosion économique, ce qui serait désastreux pourun pays qui n'a pas encore ratifié la convention sur la destruction des armes nucléairesexcédentaires.

37Est-il important que laHongrie, la Pologne et la République tchèque soient aussi candidates à l'Unioneuropéenne ?

Paul Hatry : Certainement. J'en suis d'autant plus heureux qu'il y a, àl'intérieur de l'U.E., un certain nombre de pays neutres qui acceptent mal que l'Unionmène une politique étrangère propre, assortie d'un bras de défense armée : l'Union del'Europe Occidentale (UEO). Dès lors, l'entrée dans l'U.E. de ces trois pays membres del'OTAN permettra de contrebalancer l'influence des pays neutres.

Les trois nouveaux membres remplissent-ils toutes les conditions pouradhérer à l'OTAN ?

Paul Hatry : L'OTAN n'impose pas de conditions économiques, mais des ressourcessuffisantes pour supporter les coûts que l'adhésion entraîne. C'est le cas de ces troiscandidats qui ont également satisfait à d'autres critères imposés par l'OTAN : respectde la démocratie, des droits de l'homme et des minorités, ainsi que l'organisation d'unearmée soumise au pouvoir civil. Depuis 1989, plusieurs élections au suffrage universelont amené, dans ces pays, une alternance de gouvernements démocratiques.

Vous estimez donc que ces trois pays sont de bons partenaires ?

Paul Hatry : C'est exact et c'est vrai aussi sur le plan économique. Ces payssont attachés à l'économie de marché. Les investissements étrangers y représententun vote massif de confiance. Les taux de chômage sont raisonnables et le déficitextérieur est relativement contrôlé. Les projections du PIB pour 1999 indiquaient aumois de juillet encore une croissance de 6% pour la Pologne, de 3,5% pour la Républiquetchèque et de 5% pour la Hongrie. Malheureusement, ces taux de croissance ont dû êtrerevus à la baisse à cause de la crise économique internationale et de l'Europe de l'Estplus particulièrement. D'une façon générale, il faut aujourd'hui aussi en EuropeOccidentale les réduire de la moitié, voire davantage.

Un regret toutefois: la Slovénie affiche des résultats encore meilleurs.

Paul Hatry : C'eût été un excellent partenaire et nous eussions dûl'envisager, ne fût-ce que pour des raisons géopolitiques.

Toutefois, le Sommet de Madrid a souligné que l'OTAN ne pouvait être source denouvelles divisions en Europe. Ses structures resteront à l'avenir ouvertes à denouveaux membres.

 

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